L'an dernier à Motegi *
* : Tiré du "WebBook de la saison 2005", téléchargeable ici: http://webbook.forum-motogp.com
Le Japon, terre emblématique du MotoGP. Honda, Yamaha, Suzuki, Kawasaki : les 4 constructeurs japonais sont présents dans la catégorie, et de quelle manière. Appartenant à Honda d’ailleurs, le circuit du Twin Ring Motegi, long de 4,8 Km, a fait la fierté des Japonais l’an dernier avec la victoire dans la catégorie reine du tiercé le plus Nippon qui pouvait exister : Tamada sur la RCV équipée de pneus Bridgestone. Rossi sur sa Yamaha finissait second devant Shinya Nakano qui offrait le premier podium Kawasaki en MotoGP.
En 250, 3 Honda aux 3 premières places avec le jeune Aoyama, pur pilote Honda, sur la dernière marche du podium.
Et en 125, Fabrizio Lai avait réussi à accrocher la seconde place avec sa Gilera mais la victoire et la 3ème place étaient revenues à des pilotes Honda.
Mis à part en 250 où les trois premières places sur la grille sont occupées par des pilotes Honda – Aoyama l’aîné devant Pedrosa et Aoyama le cadet – les autres catégories ne prédisent pas des courses faciles pour les pilotes qui courent sur des machines nippones.
En 125 la pole revient au Finlandais Mika Kallio sur sa KTM tandis qu’en MotoGP c’est l’Italien Capirossi sur sa Ducati Desmosedici qui est le plus rapide. Petite satisfaction néanmoins pour les Japonais, la Ducati est chaussée en Bridgestone.
Course MotoGP : Un Italien au Japon
Après des débuts en 2003 plus que prometteurs, consacrés notamment par une victoire à Barcelone, Ducati a raté sa deuxième saison en catégorie reine l’an passé en n’inscrivant au tableau que 2 maigres podiums en toute fin de saison – une 3ème place pour Capirossi en Australie et une 3ème place également pour Troy Bayliss à Valence.
Depuis, Bayliss a été remplacé par Checa, mais surtout, l’équipe italienne a quitté Michelin et signé un contrat de deux ans avec le manufacturier de pneumatiques japonais Bridgestone. Peu fructueuse en début de championnat, la paire italo-japonaise semble avoir trouvé ses marques lors de la trêve estivale et aimerait vraiment concrétiser ce dimanche, sur les terres de leurs concurrents.
Marco Melandri est le plus rapide au départ et devance Biaggi et Capirossi au 1er virage. Rapidement, Capirossi double Biaggi et ces 3 là se lancent dans une splendide bagarre peu avare en dépassements.
Derrière, Hopkins perd peu à peu du terrain alors qu’il s’était élancé de la seconde place sur la grille. Encore une fois, la Suzuki prouve qu’elle est loin des meilleures machines du plateau. Passé dans le second tour par Tamada, il doit céder quelques virages plus loin à Rossi, puis à Carlos Checa et enfin à Sete Gibernau au 6ème tour.
Entre-temps, plusieurs chutes se sont produites, éliminant Matsudo sur la Moriwaki, Rolfo et Hofmann respectivement sur Ducati et Kawasaki (pied en miettes pour le pilote allemand) et Ukawa qui avait une wild card Honda.
Parti seulement 11ème après avoir connu des problèmes de mise au point et surtout un axe de roue arrière récalcitrant qui l’a empêché d’effectuer un tout dernier tour chrono en fin de séance qualificative, Rossi a enchaîné les premiers tours avec une facilité déconcertante et pointait déjà quatrième dans la 4ème boucle. Personne actuellement ne serait capable d’un tel exploit et Yamaha se prépare à sabrer le champagne pour le 7ème titre du pilote italien, mais surtout le second de suite au guidon de la Yamaha M1.
Mais Rossi n’est pas prêt à se contenter d’une quatrième place pour fêter un titre, hors de question. Surtout que le trio de tête ne pointe qu’à une seconde et qu’il reste 20 tours à effectuer. Mais alors qu’on pensait le voir se rapprocher de Biaggi alors 3ème, l’écart reste stable les tours suivants et pire, il se met même à réaugmenter. Tamada en profite pour se coller à la roue du champion en titre et il faut attendre le 10ème tour pour voir Rossi pointer de nouveau à une seconde de ses trois compatriotes.
Comme bien souvent dans de telles bagarres, les 3 pilotes de tête se gênent lors de dépassements osés et c’est ce qui fait les affaires de Rossi. Au 12ème tour, alors que Gibernau chute et ne peut repartir, Biaggi mène devant Capirossi et Melandri. A ce moment de la course, Rossi n’est virtuellement plus champion mais a tout de même réussi à se rapprocher de Melandri qui vient de faire quelques erreurs lors des tours précédents. Mais voilà, à être trop pressé, Rossi évalue mal la distance qui le sépare de la Honda numéro 33 et vient la percuter de plein fouet. Les deux hommes finissent dans le bac à gravier et si Rossi s’en sort sans une égratignure, ce n’est pas le cas de Melandri qui a le pied droit en sang et sera déclaré incertain pour la course en Malaisie la semaine prochaine.
Dans l’affaire, Tamada a récupéré la troisième place mais est trop loin de Biaggi et Capirossi et doit se contenter de la dernière marche du podium.
Devant, Biaggi mène quelques tours mais se fait passer dans le 19ème tour par le pilote Ducati et ne trouve plus les ressources nécessaires pour lui disputer la victoire. Capirossi s’envole donc en tête et gagne avec une seconde et demie d’avance sur le Romain. Tamada complète donc le podium et « sauve » ainsi sa saison peu glorieuse.
Suivent Checa, Hopkins, Edwards, Hayden, Roberts, Elias, Xaus et Battaini au classement, derniers rescapés d’une course aussi piégeuse que si elle avait été disputée sous la pluie.
Course 250 : Aoyama + Honda = Motegi
A l’instar de Nicky Hayden en MotoGP lors du Grand Prix des Etats-Unis, Hiroshi Aoyama a été impérial sur ses terres lors de ce Grand Prix du Japon à Motegi pour y remporter sa toute première victoire en GP.
Agé de 24 ans, il a fait ses débuts l’an dernier dans le team Honda Telefonica Movistar aux côtés de Dani Pedrosa mais avait participé en tant que Wild Card depuis l’an 2000 aux GP disputés sur le sol Japonais. Il s’était d’ailleurs fait remarquer de cette manière en terminant second à Suzuka en 2003. Titre de Champion du Japon 250 en poche la même année, le HRC l’a donc fait rentrer tout naturellement d’office dans un team d’usine.
Mais la tâche s’est avérée plus compliquée qu’elle n’y paraissait et Aoyama n’avait jusqu’alors pas brillé au sommet du Championnat du Monde et avait du être quelque peu déboussolé entre les circuits mondiaux à apprendre ou encore les coutumes et rythmes de vie très différents des occidentaux. Pas facile de passer après le défunt Daijiro Kato qui avait survolé la catégorie peu après son arrivée en Mondial.
Quelques 3èmes places à son actif, voici un bien maigre butin aux yeux des dirigeants du HRC qui commencent à lorgner de plus en plus vers la jeunesse nippone et ont prévenu leur pilote que sa place est menacée. Car la relève pointe le bout du nez et confirme durant les essais. Emmenée par le frère de Aoyama, le jeune Shuhei, qui s’est qualifié 3ème alors qu’il dispose d’une Wild Card et l’officiel Honda Scot Yuki Takahashi, 6ème.
Afin d’assurer sa place en Mondial et se faire remarquer par d’éventuels autres team managers ou constructeurs, Hiroshi se devait donc de réaliser un weekend parfait.
S’élançant de la pole, il mène les premiers virages mais se fait doubler par Jorge Lorenzo qui a réussi à passer coup sur coup Dovizioso et De Angelis. Mais grosse chaleur pour le bouillant Espagnol car il a bien failli percuter l’Aprilia de De Angelis. S. Aoyama a quant à lui mal négocié son 1er tour et pointe en 8ème position au 1er passage sur la ligne d’arrivée. Le peloton est étiré mais il n’y a pas de cassure aux avant-postes, chacun suit son prédécesseur aisément et les pilotes se livrent une bataille superbe. Pour preuve, 10 pilotes se tiennent en moins de 2 secondes !
Dans le 2ème tour, H. Aoyama se fait passer par De Angelis et se voit talonné par son coéquipier et Casey Stoner. Derrière, son frère semble impatient de remonter vers la tête de course et manque de chuter. Erreur de débutant ? Certainement car le tour suivant, il réaccèlère trop tôt à l’entame du second tunnel et se fait éjecter de sa machine qui heureusement ne percute aucune autre moto.
En tête de course personne ne semble en mesure de s’échapper et les dépassements sont nombreux. A ce jeu, c’est H. Aoyama qui s’en sort le mieux vu qu’il prend le commandement dans le 5ème tour et ne le lâchera plus jusqu’à l’arrivée. Mais sa tâche n’a pas été des plus simples car il aura longtemps compté quelques mètres d’avance sur De Angelis second, mais il aura du attendre la toute fin de course pour voir son avance passer une seconde pleine.
4ème en début de course puis rétrogradant progressivement, Dani Pedrosa (3 chutes aux essais) a forcé en fin de course pour remonter et heureusement pour lui, sa moto n’a pas été endommagée lorsque Lorenzo l’a percuté dans le dernier tour.
« Chaud bouillant », Lorenzo a tenté une nouvelle manœuvre osée dans les tout derniers mètres de course en plongeant à l’intérieur et s’il a réussi à passer Pedrosa, il n’a pu éviter l’Aprilia de De Angelis et les deux ont fini au tas. A jeu dangereux, sanction immédiate par les Officiels : Lorenzo ne courra pas le GP du Qatar.
Dans l’affaire, c’est Stoner qui a récupéré la 3ème position et conforte ainsi sa place de second au classement du Championnat.
Course 125 : Le pire aurait pu arriver pour Tom Lüthi
Le circuit « Stop & Go » du Twin Ring Motegi a bien failli coûter la vie au jeune Suisse Thomas Lüthi. Chutant à la réaccélération dans la ligne droite au 16ème tour alors qu’il était second, sa moto a fait des cabrioles avant de s’immobiliser en plein milieu du tracé nippon quelques mètres seulement après le virage. Le pilote suisse, sonné mais toujours sur la piste, a essayé de rejoindre le bac à gravier mais s’est fait rouler sur les pieds par Sergio Gadea qui faisait partie du peloton de poursuivants. Pire, Gadea n’a non seulement pas pu éviter de percuter le pilote au sol mais il est en plus rentré de plein fouet quelques mètres plus loin dans la Honda Bluewin.
Heureusement plus impressionnante que tragique, cette double chute a entraîné l’interruption de course et conformément au règlement, le classement de la course a été arrêté au passage des pilotes sur la ligne au tour précédent (le 15ème).
Mais c’est précisément à partir de ce moment que la polémique éclata dans le paddock. Car au 15ème tour, Thomas Lüthi était second derrière Mika Kallio et les 20 points qu’il engrange alors qu’il n’est pas sur le podium car transféré de suite à la Clinique Mobile du Dr Costa restent en travers des dirigeants de KTM. Ces derniers portent réclamation afin de faire déclasser le pilote Honda et ainsi permettre à leur pilote finlandais de prendre la tête au classement du Championnat.
Heureusement pour la petite structure suisse, leur pilote ne sera pas déclassé et tout le paddock les soutient et regarde la structure orange d’un mauvais œil.
Aussi absurde qu’il puisse paraître aux yeux de KTM, ce règlement existe depuis 25 ans et n’a jamais fait l’objet de réclamations. De plus, tout le paddock a de la compassion envers Lüthi qui est blessé à une épaule et aux pieds et ne pourra vraisemblablement pas défendre ses
chances lors des deux prochains GP qui s’enchaîneront les deux week-ends suivants.
Parti de la 3ème place sur la grille, Pasini prend le meilleur départ et mène la « meute » composée de Kallio, Talmacsi, Lüthi, Koyama, Poggiali, Faubel, Simoncelli et Nieto. Dans le 2ème tour, les deux « KTM boys » prennent le commandement et sont les deux seuls à tourner en moins de 2 minutes. Mais il est encore trop tôt pour espérer s’échapper et le paquet reste compact.
Au 5ème tour Lüthi prend la tête mais doit la céder à Pasini 2 tours suivants. Les gros freinages du circuit japonais permettent de nombreux dépassements et le spectacle est superbe.
Mais comme souvent dans un tel paquet, les erreurs ne tardent pas à voir le jour et c’est Simoncelli qui en commet une le premier, imité quelques tours plus tard par l’auteur de la pole et le leader un court instant de la course, Gabor Talmacsi.
Son coéquipier Kallio profite alors des chutes pour remettre un coup de gaz et fait éclater le paquet. Ne voulant surtout pas voir son rival au championnat prendre le large, Lüthi fait tout pour rester dans la roue du Finlandais mais met trop de gaz à la sortie de la chicane dans le 16ème tour…
– Patrick M. –
(Photos: MotoGP: Michelin, Honda Repsol et Honda Gresini – 250: Honda Repsol – 125: SFDRS, O. Bergamaschi – KTMPress)