Bilan mi-saison : Cal Crutchlow (3/17)

Il est assez difficile d’effectuer un bilan juste de la demi-saison de Cal Crutchlow. Si l’on s’en tient à l’aspect comptable, celui-ci est plutôt inquiétant. Il est en effet 14ème du championnat avec 34 points, et ce avec une Yamaha enviée par une bonne partie du plateau MotoGP.De plus, Cal est devancé par les pilotes pouvant servir de point de repère, le seul autre rookie de cette saison, Karel Abraham (qui n’était pourtant pas plébiscité avant le début de la saison, étant accusé d’être un pilote « payant ») ainsi que par son coéquipier, le vétéran Américain Colin Edwards.Bref, celui que l’on nous a vendu comme « le futur Spies » (il l’avait déjà remplacé chez Yamaha en WSBK l’an dernier, et cette année encore il récupère le guidon laissé vacant par Spies) est-il une immense déception ? Oui… et non.

Il faut tenir compte de nombreux aspects qui ne se voient pas dans les statistiques. Premièrement, en tant que transfuge du SBK, Crutchlow doit apprendre une grande partie des tracés du championnat du monde MotoGP. Spies faisait preuve d’une capacité d’apprentissage absolument exceptionnelle, Cal n’est peut-être pas aussi polyvalent.En effet, sur des circuits qu’il connaissait déjà, Crutchlow a réalisé des performances très intéressantes. A Assen, il est 5ème dans le dosseret de Valentino Rossi lorsqu’il rencontre des problèmes de pneu l’obligeant à passer aux stands.
A Silverstone, il figure parmi les pilotes les plus performants lorsqu’il chute et se fracture la clavicule, accompagnée d’un début de commotion cérébrale, à cause de pneus froids (un classique cette année).De plus, sa pointe de vitesse a pu être observée lors de la plupart des séances de qualification. A 3 reprises en deuxième ligne et à 4 reprises en troisième ligne, sa vitesse sur un tour n’est pas à démontrer.Autre fait important, Cal n’a pas cette année la pression du résultat. Disposant d’un contrat de deux ans avec l’équipe d’Hervé Poncharal, Crutchlow n’est pas dans l’obligation d’engranger des points tous les dimanche pour conserver son guidon au sein de l’élite du sport moto. Cela explique ses chutes en course au Mans (alors qu’il était 9ème dans les basques de Ben Spies) ou à Laguna Seca (alors qu’il était devant Edwards futur 8ème de la course) ou à Jerez (où il termine malgré tout 8ème), il n’a pas à assurer des points pour le championnat, juste à apprendre, quitte à commettre des erreurs.
Cal a en plus réalisé une très belle performance à Barcelone en finissant 7ème, devant Hayden.

Cependant, même si Crutchlow semble posséder les capacités pour perdurer en MotoGP, il ne semble pas disposer du talent de Ben Spies, et d’un pilotage peut-être encore trop typé SBK. Ses dernières courses se sont avérées bien plus laborieuses (4 points empochés sur les 5 derniers Grands Prix), et même s’il avait démontré jusque-là un « fighting spirit » impeccable en ne loupant qu’une seule course suite à sa fracture de Silverstone, Cal a montré des signes de résignation en retournant aux boxes au Mugello, alors que le problème de pneus qu’il rencontrait ne l’empêchait pas de rallier l’arrivée.

La deuxième partie de saison sera pour lui l’occasion de continuer à progresser, sur des circuits qu’il connaît (Brno, Misano, Phillip Island, Sepang, Valence). Mais il faudrait faire attention à ce que sa trajectoire ne suive pas celle de Toseland (auteur lui aussi de débuts prometteurs en 2008 mais qui a sombré par la suite)…