Suite de notre bilan avec la grosse déception de ce début de saison, le pilote LCR-Honda Toni Elias.
Incompréhensible
Que dire de positif sur la première partie de saison de la part de l’espagnol, champion du monde Moto2 en titre. Même un as du barreau aurait du mal à le défendre.
Une 14ème place au classement général avec 38 points qui ne reflète pas la saison que nous fait Toni.
Alors que l’an passé Toni avait réalisé 11 premières lignes sur 17 GP, cette année sur les dix courses disputées, il n’a jamais fait mieux que 14ème. Depuis les essais de novembre dernier, Toni se retrouve en dernière position derrière les rookies que sont Abraham et Crutchlow. Et pourtant sans faire injures aux deux nouveaux, un vainqueur de GP en catégorie reine se doit d’être devant deux pilotes loin d’être des petits génies. On pensait au départ que Toni devait se réhabituer aux 800cc, que le nouveau duo LCR-Elias devait apprendre à se connaitre. Mais force est de constater que les résultats lors des essais de Sepang ne se sont pas améliorés. A la décharge de Toni, le team LCR a toujours eu du mal sur ce circuit. Mais est-ce surprenant de retrouver Toni aussi loin ?
Pas tellement. Si l’espagnol a du redescendre de catégorie en 2010 ce n’est pas un hasard. Même si chaque saison il réalisait de bonnes performances sur certains circuits, il énervait plus souvent ses patrons par son habitude à se réveiller lorsqu’il était en danger et cherchait un nouveau contrat. Mais pour la première fois on sent que l’espagnol est perdu et ne devrait pas s’améliorer d’ici la fin de saison. L’équipe voulait-elle de Toni ? Non ! La DORNA voulait absolument que Toni soit en MotoGP et comme le pilote ne souhaitait pas d’une Ducati, il ne restait plus que la place du team LCR. Malgré tout, l’équipe et le pilote continuent de travailler sans relâche, essayent chaque week end de nouvelles solutions, sans résultats probants. On sent dans les déclarations d’Elias le découragement qui arrive. Et on le comprend. Passer de numéro 1 mondial à pilote le plus critiqué, ce n’est pas facile. Et contrairement aux pilotes Ducati ou Suzuki, il est difficile de trouver des excuses à Elias du fait des résultats des pilotes Honda et de l’expérience de LCR avec de bons résultats passés. On connaissait les problèmes de Toni avec les Bridgestone et de son incapacité à chauffer correctement les pneus à cause d’un style de pilotage bien différents. Son faible poids (même si Pedrosa n’est pas gêné) et son habitude à se déhancher lui pose problème cette année. Mais son style n’a pas changé depuis de nombreuses années et les problèmes étaient moindre lors de son passage chez Gresini.
Même si les pilotes Honda Repsol ont des machines officielles, l’écart ne peut être de 3 secondes au tour entre les deux machines. Ce qui est le plus marquant pour l’espagnol est l’écart avec les leaders que ce soit aux essais libres, aux qualifications ou en course. Le summum a été atteint lors de la course de Laguna Seca quand les 4 premiers de la course ont pris un tour à Toni.
Alors oui Toni n’est pas dernier du championnat, mais il faut analyser ses résultats en profondeur et ne pas regarder seulement le classement. Il profite des conditions très précaires lors de nombreuses courses en ce début de saison et surtout du nombre d’abandons assez conséquent à chaque course. Sur les neuf courses terminées par Toni, l’écart le plus faible avec le vainqueur est de 58 secondes !! Il bénéficie du faible nombre de pilotes sur la grille pour marquer des points à chaque courses. Ses meilleurs résultats sont une 8ème et une 9ème place à Jerez et à Silverstone, deux courses disputées sous la pluie. Heureusement ses départs sont souvent excellents, gagnant en moyenne 6 places dès les premiers virages. Cela lui permet lors des premiers tours de prendre la roue d’un groupe avant d’être décroché et de se faire dépasser par le reste du plateau. Comment est-ce possible de perdre lors de la mi course du Mugello plus de quatre (!!) secondes au tour avant de reprendre un rythme plus convenable. Même un pilote blessé (Bautista au Portugal, Capirossi aux Etats Unis) roule plus rapidement que le malheureux Toni. Lors de la course de Laguna Seca, Ben Bostrom, pilote invité, a réalisé un meilleur temps en course que Toni alors que l’américain a abandonné rapidement. Et pourtant Bostrom n’est pas le pilote le plus impressionnant du championnat AMA SBK. Un coup dur supplémentaire pour Toni.
Et maintenant quel avenir pour Toni ? Difficile de se prononcer. On sait que Lucio cherche un nouveau pilote et aurait lancé un ultimatum au pilote espagnol d’ici le GP de République Tchèque. Mais la contre performance des États-Unis pourrait accélérer la fin de la collaboration entre le team italien et Toni. La seule chance de l’espagnol est le manque de pilotes de haut niveau capable de marquer des points disponibles à cette période de la saison. On sait que Lucio Cecchinello a approché John Hopkins mais Suzuki ne veut pas le libérer. Alors qui pour remplacer à court terme Elias ? Talmacsi est sans guidon mais son expérience chez Scot Honda refroidit le team LCR, Mattia Pasini, ancien de la maison, qui ne s’est pas habitué à la Moto2 et auteur de chronos acceptables lors d‘essais privés avec Ducati il y a 2 saisons pourrait faire l’affaire. Anthony West, perdu sur sa MZ en Moto2 et ancien pilote MotoGP aurait le profil mais sa dernière saison chez Kawasaki n’a marqué aucune personne dans le paddock (dans le bon sens du terme). Mika Kallio ancien pilote Ducati et qui ne réussit pas avec le team Marc VDS ? Sylvain Guintoli aurait été approché mais Ducati ne le libérerait pas. Jonathan Rea annoncé il y a quelques semaines comme une possibilité pour 2012 pourrait arriver, son championnat étant terminé après sa blessure et les résultats très moyens de la Honda en WSBK. Alex Lowes, très bon rookie en British Superbike mais avec des résultats peu probants en WSBK ? Ce serait prendre un gros risque. Tout ceci n’est que supputations mais on voit que Toni risque de rester en place faute de prétendants.
Son contrat avec LCR ne courant que sur un an, on ne prend que peu de risques en affirmant qu’il n’y aura pas de suite entre les deux parties. Toni pourrait trouver refuge en Superbike dans le team Ten Kate ou avec le team BQR qui arriverait grâce à la nouvelle règle des CRT. Mais seront-ils prêts avec leur chassis FTR ?
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