A 61 ans, l’homme d’affaires Espagnol est une figure incontournable de l’univers des Grand Prix de vitesse : tour à tour directeur de circuits (Jarama près de Madrid, puis Catalunya), il fonde au début des années 90, un département moto au sein de la Dorna, une agence de marketing sportif.
Car, l’homme est visionnaire et a su acquérir, au fil des années, la confiance d’un autre grand nom de la compétition : Bernie Ecclestone, le magna du championnat du monde Formule 1, qui gère en plus la promotion des Grand Prix, mais qui a du mal à mener de front ces deux activités totalement opposées …
C’est ainsi qu’en 1992, la Dorna, a repris les droits télévisés et commerciaux du championnat moto, à Bernie Ecclestone, le tout sous la gestion de Carmelo Ezpelta qui avait déjà la responsabilité des circuits et de la promotion.
Mais, à l’opposé des méthodes « dictatoriales » de son mentor, le Barcelonais va s’employer à développer son « bébé » en travaillant étroitement avec tous les acteurs du « MotoGP », nom remplaçant la fastidieuse appellation « Championnat du monde Grand Prix de courses sur routes » et qui trouvera tout son sens avec l’apparition des 990 Cc 4-temps en 2002.
Aujourd’hui, grâce à l’implication de tous, le championnat est en pleine ascension et a acquis un respect mondial, grâce à sa gestion innovante, mais néanmoins « humaine » : aucune décision importante n’est prise sans l’aval de l’association des teams (IRTA), des constructeurs (MSMA), de la Fédération Internationale de Moto (FIM), de la Dorna, mais aussi des pilotes (notamment avec la commission chargée de la sécurité, composée de Loris Capirossi, Kenny Roberts Jr et Valentino Rossi).
Toutefois, « gouverner, c’est prévoir » et Carmelo Ezpeleta, étant un excellent gérant, il est logique de prêter beaucoup d’intérêt à ses prévisions quant au futur du MotoGP : l’Espagnol s’est ainsi récemment confié à un quotidien sportif national et lui à présenté ses perspectives d’avenir.
Ainsi, on apprend que le projet de différencier le paddock « MotoGP » et ceux des catégories 125/250 est toujours d’actualité, afin de mettre le plus possible en valeur la catégorie Reine, produit « phare » du championnat. Toutefois, les « hospitalities » resteront communes ainsi que l’endroit où les pilotent sont hébergés.
Conscient de la polémique attisée par cette proposition, le « gourou » Espagnol enchaîne avec l’annonce d’une deuxième course aux Etats-Unis, sur le circuit d’Indianapolis et ce en 2009 (pour les 100 ans du circuit), mais pourquoi pas avec un essai dès 2008 !
Une nouvelle épreuve qui s’ajouterait à la liste déjà longue (selon les pilotes) et pourrait signifier la suppression d’une manche, notamment celle de Turquie qui accumule les soucis administratifs et financiers …
Pourtant, concernant la Turquie, Carmelo est très clair « L’arrivée du nouveau circuit Américain n’a pas précipité la décision d’enlever la Turquie du calendrier, puisqu’en 2008 sont prévus18 courses et sans celle d’Istanbul Park, il y en auraient 17 et on recourait à un des circuits de réserve. »
Enfin, ce passionné de compétition, qui admet que les moments les plus forts de sa carrière ont été le retour de blessure, en 1992, de Mike Doohan où (alors qu’il ne pouvait à peine marcher) l’Australien s’était incliné de peu face à Wayne Rainey, mais aussi le titre en 500 Cc de son compatriote Alex Crivillé et le « défi » réussi de Valentino Rossi avec son passage chez Yamaha, fait la lumière sur l’avenir des moteurs deux temps en Grand Prix.
Car, depuis longtemps déjà, il est annoncé que la catégorie des quarts de litre devra adopter des motorisations à quatre temps, afin de s’adapter au marché ( où le deux temps n’est plus représenté), mais aussi aux normes anti-pollution qui bannissent, sans pitié, l’utilisation des fameux « cylindres à trous » ! C’est pourquoi, C. Ezpeleta a déclaré que « Le championnat devra étudier cette situation. » et ce avant 2009, date jusqu’à laquelle le format restera inchangé.
En effet, même si les constructeurs Européens, tels que KTM et surtout Aprilia ne souhaitent pas de « révolution » dans des catégories où ils excellent, le président de la Dorna précise l’origine de ce changement : « Il faut tenir compte de la décision de Honda d’arrêter de construire des moteurs deux-temps à partir de 2010 et qu’à partir de là nous verrons apparaître des « mini-MotoGP » quatre-temps : ce sera alors le début d’une nouvelle ère dans l’histoire de la course moto ! » concluait cet homme de tous les défis …
A.B