nico
10/02/2005, 14h39
Interview, 09/02/05
Max Biaggi retrouve cette semaine le team Repsol Honda en Malaisie, pour la deuxième séance d’essais organisée à Sepang. Le romain découvrira vendredi la Honda RC211V 2005, et à la veille de cette étape cruciale, il s’est livré à motogp.com, évoquant ses attentes et le travail entamé aux côtés de l’emblématique Erv Kanemoto.
Désigné comme le nouveau chef de file du HRC, Biaggi estime avoir le rôle dont rêve tout pilote. Toujours aussi incisif et ironique, il prévient le paddock : on ne l’entendra plus se plaindre de son matériel. Il donne aussi raison à son éternel rival, Valentino Rossi : le titre devrait se jouer entre le Champion du Monde en titre, Sete Gibernau et lui-même… sans oublier les Ducati.
Qu’as tu fait après ton retour en piste à Sepang ?
Je ne peux pas tout dire… Je dirais juste que les besoins des pilotes ne sont pas vraiment différents des autres hommes. La différence, c’est qu’une personne normale rentre chez soi tous les soirs, tandis que de notre côté, nous vivons comme des nomades durant dix mois de l’année.
Je dirais donc que j’ai fait le plein avant de partir pour un nouveau voyage…
Comment te sens-tu, physiquement ? Pour ces essais, il paraît que tu pourras te passer de tes béquilles, mais pas de tes bottes préparées spécialement par Dainese… Qu’en est-il ?
Ma blessure au pied s’améliore très rapidement. Il n’est plus enflé et je peux mettre des bottes normales. Ces derniers jours, j’ai fait du vélo – il est encore hors de question de faire du footing ! Mais au moins, j’ai rangé les béquilles. Par contre les bottes, je ne vais pas les quitter ; ma cheville est mieux soutenue, mais surtout, elles peuvent prévenir les blessures.
Dans la partie inférieure, il y a une protection en carbone, très légère mais très résistante. Si je l’avais portée quand j’ai chuté, je ne me serais probablement rien cassé. D’un autre côté, l’accident que j’ai eu devrait permettre à d’autres pilotes d’éviter ce genre de blessure, Dainese devrait produire ce type de bottes pour d’autres.
Du coup certains pilotes pourront dire : heureusement que Biaggi s’est cassé la cheville ! Ou peut-être l’ont-ils pensé avant même d’avoir entendu parler de cette histoire de bottes…
On peut supposer que tu arrives à Sepang plus optimiste qu’il y a deux semaines, alors que tu avais encore des doutes sur ta condition…
C’est clair. La dernière fois, je ne savais pas si je pourrais tenir sur un tour. C’est le genre d’inquiétude que je ne souhaite à personne.
Le HRC a récemment confirmé que tu serais son fer de lance (en italien, le cheval de pointe) cette année, et aussi chargé de développer la moto. On peut difficilement imaginer une meilleure opportunité de se lancer à la conquête du titre que tu convoites depuis tant d’années…
Pour m’habituer à ce rôle de ‘cheval de pointe’, je me suis mis au fourrage pour le petit déjeuner ! Blague à part, faire partie du HRC est fantastique, et surtout, très motivant. Tout le monde rêve d’être pilote officiel Honda, tout le monde sans exception, que ce soient les fans ou les ‘pros’. Si quelqu’un dit qu’il rêve d’une autre moto, c’est pour des raisons contractuelles… ou parce qu’il est un peu fou. Mon rôle est important car je peux intervenir sur le développement de la moto. Mon objectif est de mettre au point une moto qui me permette d’exprimer tout mon potentiel. Et cela, au jour d’aujourd’hui, n’est possible que chez Honda. Je veux me faire plaisir, pouvoir terminer une course et dire ‘ok, je n’aurais pas pu faire mieux !’.
A partir de ces essais, tu disposeras de la nouvelle RC211V 2005. Comment vas-tu travailler, en ce début de pré-saison ?
Ce sera un travail très intense, c’est évident. Nous devons mettre au point LA machine gagnante, et ce n’est pas facile. 2004 fut une année perdue tandis que ‘les autres’ ont été très braves. Mais j’aime beaucoup le team, et le fait de retrouver quelqu’un comme Erv Kanemoto est fantastique. Notre relation est spéciale, nous avons des liens particuliers. Le team est nouveau, avec des gens jeunes, capables et motivés, en commençant par le chef mécanicien, Iwano. Lors des premiers essais, alors que la piste ferme vers six heures, nous restions à travailler jusqu’à dix heures, voire plus tard.
Certains pensent que tu ne pourras pas battre Rossi, même avec le soutien du HRC. Est-ce que ces commentaires t’affectent, alors que tu n’as pas encore testé la nouvelle RC211V ?
Pendant que je voyageais, j’ai entendu que je suscitais beaucoup de curiosité, chez les journalistes comme chez les autres pilotes. Je dois les remercier, c’est toujours agréable de savoir que quelqu’un pense à toi… Si, si !
Certains doivent déjà être prêts à porter un jugement sur mes prochains essais, comme si l’on pouvait préparer une moto en deux semaines. Basta. Maintenant, je vais dire quelque chose que je n’avais jamais dit jusqu’à maintenant : on ne m’entendra plus me plaindre. Je suis fatigué de cette image que l’on m’a collée. Je sais parfaitement qu’il y en a qui n’attendent rien d’autre que je commence à pointer du doigt je ne sais quel problème technique. Je connais des journalistes qui ne me parlent pas d’autre chose que de ‘chattering’ (vibrations du train avant au freinage)… Bah, je vais me faire un plaisir de les décevoir, mais cette année, le chattering, on pourra le constater au niveau des stylos et des micros de certains. En cas de problème technique, c’est quelque chose que je verrai avec mon équipe, qui a toute ma confiance.
Rossi a dit que le Championnat 2005 pourrait se jouer entre Gibernau, Biaggi et lui-même, et peut-être les Ducati. Es-tu d’accord avec ce pronostique ? Quel regard portes-tu sur la grille MotoGP 2005 ?
Rossi a raison. Voilà, on peut faire un gros titre avec ça : Biaggi a dit que Rossi avait raison. Ça sonne bien, non ? Sinon, je pense que le plateau est équilibré, certains regrettent que l’on soit moins nombreux, mais je pense que l’on retrouve tous les meilleurs. On ne verra jamais autant de pilotes qu’en Supercross US évidemment.
Quelles furent tes premières impressions après ta première sortie avec le team, sur le travail réalisé avec Erv Kanemoto et le nouveau staff ? Que peux-tu dire de ton nouveau coéquipier, Nicky Hayden ?
Je suis très content. Au HRC, l’atmosphère est… adéquate. Il y a beaucoup de nouveaux et ils sont motivés. On travaille beaucoup car il y a fort à faire. On essaie de mieux se connaître. Après tout, on n’en est qu’au début. Erv n’a plus besoin d’être présenté, c’est une valeur sûre. Quant à Nicky, pour reprendre ses mots, il est ‘cool’. En italien, on dirait un ‘figo’, c’est un chic type, tranquille.
Max Biaggi retrouve cette semaine le team Repsol Honda en Malaisie, pour la deuxième séance d’essais organisée à Sepang. Le romain découvrira vendredi la Honda RC211V 2005, et à la veille de cette étape cruciale, il s’est livré à motogp.com, évoquant ses attentes et le travail entamé aux côtés de l’emblématique Erv Kanemoto.
Désigné comme le nouveau chef de file du HRC, Biaggi estime avoir le rôle dont rêve tout pilote. Toujours aussi incisif et ironique, il prévient le paddock : on ne l’entendra plus se plaindre de son matériel. Il donne aussi raison à son éternel rival, Valentino Rossi : le titre devrait se jouer entre le Champion du Monde en titre, Sete Gibernau et lui-même… sans oublier les Ducati.
Qu’as tu fait après ton retour en piste à Sepang ?
Je ne peux pas tout dire… Je dirais juste que les besoins des pilotes ne sont pas vraiment différents des autres hommes. La différence, c’est qu’une personne normale rentre chez soi tous les soirs, tandis que de notre côté, nous vivons comme des nomades durant dix mois de l’année.
Je dirais donc que j’ai fait le plein avant de partir pour un nouveau voyage…
Comment te sens-tu, physiquement ? Pour ces essais, il paraît que tu pourras te passer de tes béquilles, mais pas de tes bottes préparées spécialement par Dainese… Qu’en est-il ?
Ma blessure au pied s’améliore très rapidement. Il n’est plus enflé et je peux mettre des bottes normales. Ces derniers jours, j’ai fait du vélo – il est encore hors de question de faire du footing ! Mais au moins, j’ai rangé les béquilles. Par contre les bottes, je ne vais pas les quitter ; ma cheville est mieux soutenue, mais surtout, elles peuvent prévenir les blessures.
Dans la partie inférieure, il y a une protection en carbone, très légère mais très résistante. Si je l’avais portée quand j’ai chuté, je ne me serais probablement rien cassé. D’un autre côté, l’accident que j’ai eu devrait permettre à d’autres pilotes d’éviter ce genre de blessure, Dainese devrait produire ce type de bottes pour d’autres.
Du coup certains pilotes pourront dire : heureusement que Biaggi s’est cassé la cheville ! Ou peut-être l’ont-ils pensé avant même d’avoir entendu parler de cette histoire de bottes…
On peut supposer que tu arrives à Sepang plus optimiste qu’il y a deux semaines, alors que tu avais encore des doutes sur ta condition…
C’est clair. La dernière fois, je ne savais pas si je pourrais tenir sur un tour. C’est le genre d’inquiétude que je ne souhaite à personne.
Le HRC a récemment confirmé que tu serais son fer de lance (en italien, le cheval de pointe) cette année, et aussi chargé de développer la moto. On peut difficilement imaginer une meilleure opportunité de se lancer à la conquête du titre que tu convoites depuis tant d’années…
Pour m’habituer à ce rôle de ‘cheval de pointe’, je me suis mis au fourrage pour le petit déjeuner ! Blague à part, faire partie du HRC est fantastique, et surtout, très motivant. Tout le monde rêve d’être pilote officiel Honda, tout le monde sans exception, que ce soient les fans ou les ‘pros’. Si quelqu’un dit qu’il rêve d’une autre moto, c’est pour des raisons contractuelles… ou parce qu’il est un peu fou. Mon rôle est important car je peux intervenir sur le développement de la moto. Mon objectif est de mettre au point une moto qui me permette d’exprimer tout mon potentiel. Et cela, au jour d’aujourd’hui, n’est possible que chez Honda. Je veux me faire plaisir, pouvoir terminer une course et dire ‘ok, je n’aurais pas pu faire mieux !’.
A partir de ces essais, tu disposeras de la nouvelle RC211V 2005. Comment vas-tu travailler, en ce début de pré-saison ?
Ce sera un travail très intense, c’est évident. Nous devons mettre au point LA machine gagnante, et ce n’est pas facile. 2004 fut une année perdue tandis que ‘les autres’ ont été très braves. Mais j’aime beaucoup le team, et le fait de retrouver quelqu’un comme Erv Kanemoto est fantastique. Notre relation est spéciale, nous avons des liens particuliers. Le team est nouveau, avec des gens jeunes, capables et motivés, en commençant par le chef mécanicien, Iwano. Lors des premiers essais, alors que la piste ferme vers six heures, nous restions à travailler jusqu’à dix heures, voire plus tard.
Certains pensent que tu ne pourras pas battre Rossi, même avec le soutien du HRC. Est-ce que ces commentaires t’affectent, alors que tu n’as pas encore testé la nouvelle RC211V ?
Pendant que je voyageais, j’ai entendu que je suscitais beaucoup de curiosité, chez les journalistes comme chez les autres pilotes. Je dois les remercier, c’est toujours agréable de savoir que quelqu’un pense à toi… Si, si !
Certains doivent déjà être prêts à porter un jugement sur mes prochains essais, comme si l’on pouvait préparer une moto en deux semaines. Basta. Maintenant, je vais dire quelque chose que je n’avais jamais dit jusqu’à maintenant : on ne m’entendra plus me plaindre. Je suis fatigué de cette image que l’on m’a collée. Je sais parfaitement qu’il y en a qui n’attendent rien d’autre que je commence à pointer du doigt je ne sais quel problème technique. Je connais des journalistes qui ne me parlent pas d’autre chose que de ‘chattering’ (vibrations du train avant au freinage)… Bah, je vais me faire un plaisir de les décevoir, mais cette année, le chattering, on pourra le constater au niveau des stylos et des micros de certains. En cas de problème technique, c’est quelque chose que je verrai avec mon équipe, qui a toute ma confiance.
Rossi a dit que le Championnat 2005 pourrait se jouer entre Gibernau, Biaggi et lui-même, et peut-être les Ducati. Es-tu d’accord avec ce pronostique ? Quel regard portes-tu sur la grille MotoGP 2005 ?
Rossi a raison. Voilà, on peut faire un gros titre avec ça : Biaggi a dit que Rossi avait raison. Ça sonne bien, non ? Sinon, je pense que le plateau est équilibré, certains regrettent que l’on soit moins nombreux, mais je pense que l’on retrouve tous les meilleurs. On ne verra jamais autant de pilotes qu’en Supercross US évidemment.
Quelles furent tes premières impressions après ta première sortie avec le team, sur le travail réalisé avec Erv Kanemoto et le nouveau staff ? Que peux-tu dire de ton nouveau coéquipier, Nicky Hayden ?
Je suis très content. Au HRC, l’atmosphère est… adéquate. Il y a beaucoup de nouveaux et ils sont motivés. On travaille beaucoup car il y a fort à faire. On essaie de mieux se connaître. Après tout, on n’en est qu’au début. Erv n’a plus besoin d’être présenté, c’est une valeur sûre. Quant à Nicky, pour reprendre ses mots, il est ‘cool’. En italien, on dirait un ‘figo’, c’est un chic type, tranquille.