Photo © Dominic Favre
Mat: salut l'artiste!
RENCONTRE Entre Payerne et Corona, Californie, Mathieu Rebeaud vit son rêve au rythme d'acrobaties spectaculaires. Le freestyle? Plus qu'une discipline sportive, un véritable style de vie
JEAN-CLAUDE SCHERTENLEIB - PAYERNE
07 avril 2007
«Oui, je pratique un vrai métier... et je vis de ce métier»Sur le web
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Motocross»
MX2KC'était, il y a peu encore, une «drôle de dégaine», selon les propos choisis des bien-pensants de notre monde propre en ordre. C'est, aujourd'hui, un véritable style de vie: casquette vissée en permanence sur la tête, jeans larges portés très bas, caleçon apparent sur les reins et démarche chaloupée, généralement rythmée au son de la musique distillée par un MP3 accroché à une ceinture clinquante. Les clés de contact de la «caisse» ont disparu depuis longtemps du fond de la poche, accrochées qu'elles sont, avec celles de la «house», à un cordon de couleur qui pend le long de la jambe. Et puis il y a le parler, où tout est «cool» quand ce n'est pas «bat». Où la vie est belle parce qu'elle est libre.
Mathieu Rebeaud, 24 ans et demi, premier champion du monde freestyle de l'histoire du motocross, est aujourd'hui une icône de ce «life style». Parce que sa spécialité, peu connue et encore moins considérée chez nous, fait la une des médias aux Etats-Unis. Pardon, aux «States». Là où l'on se passionne actuellement pour les faits et gestes de Travis Pastrana, «la» star dont le coeur balance de plus en plus entre le freestyle... et le rallye automobile. Sans parler de l'intérêt permanent que portent les médias people autour de la personnalité de Carey Hart, l'époux de la chanteuse Pink; vous savez, celle qui confiait, au lendemain de son mariage, il y a douze mois: «Je connais une sorcière blanche et, avant la nuit de noces, j'ai jeté un sort d'amour à Carey et à tous les invités; ils m'ont tous envoyé une pluie de pétales de roses, c'était merveilleux...» Cool, non?
Mat, lui, n'est pas marié. Mais il vit une belle histoire avec sa compagne, une histoire rythmée par les horaires d'avion, d'Europe aux Etats-Unis, de Suisse au Mexique, de Los Angeles à Moscou. Car le freestyle, véritable culture aux States, s'internationalise depuis plusieurs années. Et que, lorsqu'on est une des valeurs sûres de la discipline, on est quelqu'un de très demandé. «Nous sommes désormais une vingtaine à évoluer au plus haut niveau, et nous formons une sorte de famille. Il faut dire que notre discipline a ceci de particulier, qu'il n'y a pas un affrontement direct sur la piste, pas de risques de contacts en compétition: lorsqu'on se lance dans son «run» (son programme, pourrait-on traduire), on est seul et on est toujours très content pour nos adversaires quand ils réussissent quelque chose de bien.»
Sportifs, artistes? Les freestylers sont tout cela à la fois. La plus récente des disciplines reconnues par la fédération internationale est aussi celle où le facteur humain est le plus important. «Il n'y a pas de différences nettes dans les performances d'une moto par rapport à une autre, comme c'est le cas en vitesse ou en cross, reprend Mat. Et ce qu'il y a de formidable, c'est que nous sommes non seulement les acteurs mais aussi les auteurs et les réalisateurs, puisque c'est à nous d'imaginer nos programmes.» Voire de créer de nouvelles figures, qui prennent logiquement le nom de leur géniteur. Ainsi, la fierté de Rebeaud, le «Mat flip»: «C'est un saut périlleux arrière avec une vrille sur le côté, je l'ai créé... mais mes amis yankees ont préféré le baptiser «under flip», le saut par en dessous.»
Des amis yankees que Mat va retrouver ce printemps. Car, en 2007, c'est le championnat US qui aura sa priorité. Et quelques très grands événements, comme les X-Games, où Mat, promis juré, dévoilera pour la première fois une toute nouvelle figure. Le «Mat air flip?», Mathieu?
