Afficher un message
Re : Rétrospective : saisons 1973, 1983, 1993 et 2003
Vieux
  (#2)
Jaya
Super Modérateur / Newser
World Champion!!
 
Avatar de Jaya
 
Déconnecté
Messages: 11 641
Date d'inscription: April 2010
Localisation: Montpellier
Par défaut Re : Rétrospective : saisons 1973, 1983, 1993 et 2003 - 20/04/2014, 11h10

Flashback 1973

La saison d'avant :

Pour la 7ème saison consécutive, Giacomo Agostini écrasait le championnat du monde, avec 11 victoires et deux résultats blancs en 13 courses. Vu que le classement prenait en compte seulement les 7 meilleurs résultats de chaque pilote, c'est donc avec le score maximal de 105 points que l'Italien décrochait sa 12ème couronne, devant son coéquipier Alberto Pagani et les Yamaha de Bruno Kneubuhler et Rodney Gould, la firme japonais remportant à Montjuic sa première victoire en catégorie reine.

Les forces en présence :

Au moment de briguer leur 16ème titre consécutif en 500cc (!), MV Agusta mise sur le duo de pilotes le plus titré de l'Histoire, Giacomo Agostini et Phil Read, 5 fois champion du monde en 125cc (une fois) et 250cc (à 4 reprises) de 1964 à 1971, qui remplace Pagani parti à la retraite.

Agostini et Read vont lutter face à l'usine dont l'Anglais a défendu les couleurs pendant de très nombreuses années, Yamaha. Les Japonais, qui viennent de développer une nouvelle machine 4-cylindres 2-temps, font monter en grade Jarno Saarinen, champion du monde 250cc en titre et qui a longtemps résisté face à Agostini en 350cc. Il fait équipe avec le Japonais Hideo Kanaya et sont alignés aussi bien en 250cc qu'en 500cc, alors que les MV optent pour la catégorie 350cc. La majorité du plateau roule en Yamaha privée ou avec des machines plus exotiques, comme le néozélandais Kim Newcombe qui roule avec un moteur 4-cylindres 2-temps refroidi par eau et équipé de distributeurs rotatifs utilisé initialement par des hors-bord !

La saison en 5 moments-clés :


France : Saarinen met en difficulté les MV

La saison 1973 débute dans le Sud de la France sur le circuit du Castellet où, au milieu d'un grand ciel bleu, un coup de tonnerre va retentir. Le duo transalpin Agostini/MV Agusta, si dominateur pendant de longues années est bousculé par Saarinen, qui semble avoir franchi un cap supplémentaire cette saison. Avant que le championnat du monde ne débute, il remporte les 200 miles de Daytona et d'Imola au guidon d'une 350, là où ses principaux adversaires roulent en... 750cc !

Dans le Var, après avoir remporté la course 250cc, il imprime en 500cc un rythme qu'Agostini a toutes les peines du monde à suivre. Le Roi part même à la faute, laissant la deuxième place à son coéquipier Read qui devance Kanaya. L'Italien vient peut-être, à 31 ans, de trouver plus fort que lui avec ce Finlandais au profil atypique. Âgé de 28 ans, Saarinen n'a débuté en championnat du monde que 3 ans plus tôt, après avoir commencé par de la course sur glace tout en étant auréolé d'un diplôme d'ingénieur en mécanique (très utile à une époque où les pilotes n'avaient pas une armée de mécaniciens à leur disposition et devaient mettre la main à la pâte).



Italie : Le drame de Monza


Saarinen effectue un nouveau doublé 250cc/500cc en Autriche et seule une casse de la chaîne de sa 500cc l'empêche de faire la passe de 3 à Hockenheim. Read en profite pour signer la première victoire d'une MV cette saison (avec... un tour d'avance sur le second !). Agostini joue de malchance avec une casse moteur en Autriche et une rupture de vilebrequin en Allemagne.

A Monza, la course 250cc succède à la course 3500cc marquée par un duel entre deux italiens, Agostini et Renzo Pasolini, pilote d'usine Harley-Davidson contraint à l'abandon après être revenu de la 15ème place. Pasolini prend de nouveau les devants de la course 250cc mais perd le contrôle de sa Harley dans la Curva Grande, virage abordé à plus de 200km/h (pas de chicane à l'époque à Monza).

La machine du Transalpin heurte le rail de sécurité pour ensuite rebondir sur la piste, où sa première victime sera Jarno Saarinen. Une quinzaine de pilotes seront impliqués dans l'accident, le premier virage ne devenant plus que flammes, horreur et désolation. Saarinen est tué sur le coup, Pasolini subit le même sort après que le Dr Costa essaye en vain de le ranimer pendant de longues minutes. Nombreux sont ceux à se demander comment il n'a pu y avoir plus de victimes.

Les conditions de sécurité sont remises en cause, d'autant plus que certains accusent les commissaires de négligence suite à une hypothétique fuite d'huile de Walter Villa en fin de 350cc, même si la cause officielle de l'accident est un serrage de la Harley-Davidson de Pasolini.

En signe de deuil, Yamaha se retire de la compétition pour le reste de la saison, tout comme Harley-Davidson. Quelques semaines plus tard, un autre accident mortel dans le cadre du championnat d'Italie encourage le Continental Circus à ne plus revenir sur le tracé italien avant 1981.



Ile de Man : Le boycott des officiels


Les évènements de Monza ont abouti à une prise de conscience générale des problématiques de sécurité sur les différents circuits du championat du monde. Certains tracés routiers, autrement plus dangereux que celui de Monza sont au calendrier du championnat du monde. Le plus dangereux de tous est l'incontournable Tourist Trophy sur l'Ile de Man. Pour la première fois, certaines équipes comme MV demandent à ses pilotes de ne pas rouler pour des raisons de sécurité (ce sera aussi le cas en Yougoslavie). Agostini avait déjà annoncé qu'il ne roulerait plus sur le tracé mannois suite au décès de son ami Gilberto Parlotti l'année précédente.

Dans ces conditions, la victoire revient au privé Jack Findlay (connu en France pour être le sujet du film Continental Circus) devant une armée de pilotes britanniques. De plus en plus boycotté par les pilotes permanents, le Tourist Trophy perdra son statut d'épreuve du championnat du monde après l'édition 1976.

Belgique : Les premiers points d'Agostini, Read prend la tête du championnat

Peu après la mi-saison, le leader du championnat est Kim Newcombe à la surprise générale. Le néozélandais, débarqué en début de saison 1972 avec femme et enfant convaincu du potentiel d'une machine basée sur le moteur au meilleur rendement de l'époque, un moteur de hors-bord. Vainqueur en Yougoslavie, il termine 2ème du Dutch TT d'Assen derrière Read après une nouvelle casse d'Agostini.

L'Italien a fait les frais de la nécessité de pousser à bout le moteur 4-temps MV Agusta pour contrecarrer la concurrence de plus en plus rude. A Spa, il peut enfin terminer sa première course de la saison en remportant la victoire devant Read et Findlay. Newcombe, 4ème, concède la tête du championnat à Read.

Le pilote König ne pourra défendre jusqu'au bout ses chances de titre puisqu'il est la victime d'un grave accident à Silverstone début août dans une course hors-championnat. Après avoir demandé l'installation de bottes de paille dans le virage n°4, jugées "peu nécessaires" par les commissaires, Newcombe chute dans ce virage et heurte la barrière en béton. Il décèdera 3 jours plus tard.

Espagne : Read célèbre son titre par une victoire


Saarinen et Newcombe décédés, Agostini trop loin derrière après son début de saison cauchemardesque, Read se retrouve sans rival dans la quête de son premier titre mondial en 500cc. Il devient le premier pilote à être champion du monde en 125cc, 250cc et 500cc, gagnant le surnom de "Mr 875cc". Le premier pilote à l'imiter sera... Valentino Rossi, 28 ans plus tard.

L'Anglais met pour autant un point d'honneur à remporter la dernière course de la saison sur le tracé de Jarama. Agostini absent suite à une blessure lors d'un entraînement, Read est les seul à défendre les couleurs de MV face aux Yamaha de Kneubuhler, Giger et Mortimer et gagne ce qui restera comme la course la plus serrée de la saison.

Les saisons d'après

1973 marque la fin d'une époque. Celle où les MV Agusta dominaient outrageusement la catégorie. Celle où il suffisait à Agostini de terminer pour remporter la course. Celle où des pilotes mourraient en course tous les week-ends sans que cela n'engendre de changement derrière.

Conscient de cela, Agostini sent le vent tourner et signe dans la plus grande discrétion chez Yamaha pour les deux saisons suivantes, persuadé du fait que le 2-temps représente l'avenir de la catégorie.

S'il est encore un peu tendre en 1974 pour jouer le titre 500cc (qui reviendra à Read), il parvient à remporter une 15ème et dernière couronne en 500cc et un dernier succès en 1976 avant de mettre un terme à la carrière la plus prolifique de l'Histoire des Grands Prix.




Les biographies des pilotes du Continental Circus, c'est par là :
plateau MotoGP
plateau SBK
les vieilles gloires

Work in progress

Dernière modification par Jaya ; 20/04/2014 à 22h26.
   
Réponse avec citation