Hervé Poncharal, Team manager de Monster Yamaha Tech3 et de Tech3 Racing, nous parle des enjeux des transferts, au cœur de l’actualité MotoGP.
Comment se déroule la période des transferts ?
La période annuelle des transferts s’articule autour de nombreux facteurs et de la valeur sportive de chaque pilote.
Les meilleurs pilotes tels que Valentino Rossi, Casey Stoner, Dani Predosa ou Jorge Lorenzo suscitent tant d’intérêts que les discussions en leur faveur peuvent commencer avant le début même de la saison, durant les essais hivernaux, ou souvent lors des toutes premières courses.
Ces transferts là impliquent de longues discussions entre différents partis et demandent du temps pour clarifier tous les paramètres.
En revanche, les pilotes « moins côtés » doivent patienter car la règle veut qu’on attende que les Tops en tête du championnat prennent leur décision pour ensuite connaître et discuter les places restantes disponibles (17 seulement en catégorie Reine en 2010).
Chez Tech3, en MotoGP, on commence à discuter généralement fin juin/début juillet soit à mi-saison. Généralement, les discussions sont lancées à partir du GP d’Assen (NL) avec les premiers contacts, on a déjà une ébauche de nos projets …mais les véritables négociations commencent à partir du GP de Brno (Rep CZ).
Existe-t-il une date butoir pour les transferts ?
Plusieurs facteurs sont déterminants et nous forcent à planifier nos décisions.
D’une part, avant toute discussion avec un pilote, le Team doit s’assurer de la fourniture des machines. Tech3 doit par exemple confirmer son contrat avec Yamaha qui, par chance, porte sur plusieurs années (2 ou 3 ans en général).
D’autre part, une fois le contrat signé pour les motos requises, on peut discuter avec les pilotes qui eux, ont dès lors la garantie de bénéficier d’une moto officielle de qualité.
De plus, il est important d’avoir confirmé au plus tôt ses pilotes pour présenter un programme complet aux sponsors confirmés et potentiels.
En effet, les sponsors s’engagent évidemment selon la valeur des machines et la performance des pilotes, mais aussi selon la nationalité de ces derniers qui aura un impact commercial sur leurs marchés ciblés.
En considérant tout cela, les transferts devraient être clos fin septembre, sachant que les premiers essais de développement se déroulent dans la foulée du dernier GP de Valencia début novembre…
Qui décide des transferts ?
Evidemment c’est le team-manager. Or nous avons toujours à l’esprit, en particulier en MotoGP, que pour avoir des pilotes, nous devons avoir des sponsors qui permettent de financer l’ensemble de la structure : pilotes, motos, et équipe… A ce titre, il est judicieux de choisir un pilote influent pour les marchés économiques de nos partenaires. Donc les choix se font aussi, hormis la compétence sportive, en accord avec Yamaha et nos plus importants sponsors.
C’est donc sur ce point que la nationalité du pilote a son importance lors des transferts car elle doit avoir une relation commerciale avec celles des investisseurs qui misent leur image à travers celle du team.
Pourquoi une équipe française telle que Tech3 n’a-t-elle pas forcément un pilote français dans ses rangs ?
Certes, Tech3 est basée en France et fut créée par des français, et elle est une équipe française. On aimerait pouvoir reproduire le schéma idéal de la saison 2000 où notre équipe nationale fut sacrée Championne Du Monde avec Olivier Jacque, mais nous sommes avant tout une équipe Internationale qui doit tenir compte des besoins de ses sponsors, car sinon, ils nous quitteront.
Nous regrettons toujours que les sports mécaniques ne suscitent pas davantage d’intérêts de sponsors français, ce qui nous donnerait alors de vraies opportunités et de vrais moyens pour que des pilotes français roulent chez Tech3 !
Comment se négocie le salaire d’un pilote ?
On sait qu’il existe des pilotes indétrônables capables de jouer le titre en MotoGP et à un autre niveau en 125cc ou en Moto2.Pour les usines engagées, il est essentiel d’avoir un de ses mousquetaires chez soi !
Les salaires se négocient avec des différentiels très importants et la valeur d’un pilote est toujours liée à ses performances.
Néanmoins, la crise économique a aussi eu ses effets sur les salaires des pilotes car depuis 2 ans, ceux capables de terminer entre 5 et 9 en course ont vu leur salaire se diviser par deux ou trois.
Il est donc évident qu’un salaire se négocie en fonction de l’offre et de la demande mais quand le prix du marché baisse parce qu’on manque de moyens, la valeur financière des pilotes en souffre. Néanmoins, cela ne concerne pas vraiment les top-pilotes.
Les transferts chez Tech3 (MotoGP et Moto2) sont-ils déjà finalisés ?
Oui, nos deux pilotes MotoGP sont déjà connus puisque nous gardons Colin Edwards pour sa dernière saison tandis que Ben Spies va remplacer Valentino Rossi dans le team Yamaha officiel. Alors Cal Crutchlow, qui avait notamment remplacé Ben en 2010 dans le team SBK Yamaha, va à nouveau le remplacer chez Tech3 en 2011.
En catégorie Moto2, malheureusement, nous manquons de sponsor-titre et il s’agit d’une catégorie délicate qui termine sa toute première saison avec son lot de surprises parmi les pilotes. Certains sensés « casser la baraque » ont déçu, tandis que d’autres, sur qui personne ne misait, ont fait des résultats extraordinaires.
Chez Tech3 Racing, nous souhaitons bien entendu optimiser nos performances la saison prochaine et nous venons tout juste de confirmer nos négociations avec Mike di Meglio et Bradley Smith qui testeront la Mistral610 dès le 8 novembre à Valencia.
C’est une très bonne nouvelle pour tous nos supporters nationaux : nous aurons notre pilote français sur notre moto française l’année prochaine !
source: TeamTech3.fr