Dernière manche de la saison sur le circuit de Valencia. Comme habituellement, l’épreuve espagnole termine la saison du Championnat du Monde MotoGP. Les titres sont joués dans les trois catégories, mais le spectacle sera encore assuré pour un GP qui ne manque pas de piment.
Quand c’est la dernière course de la saison, c’est souvent l’heure des adieux. Et cette année ne fera pas exception puisque c’est la fin de carrière de Dani Pedrosa. Oui c’est triste de voir partir le meilleur pilote de l’Histoire non champion du Monde en catégorie reine. 12 saisons au meilleur niveau en MotoGP (on oublie cette année) où sa plus mauvaise position finale était 6ème au général. Souvent blessé, malchanceux, Pedrosa compte tout de même 31 victoires en MotoGP et un total de 112 podiums en catégorie reine. Il sera intronisé MotoGP Legend ce jeudi. On peut toujours se demander si c’est mérité, mais quand on voit les derniers arrivés, c’est logique.
Niveau départ, ce sera aussi un au revoir pour Alvaro Bautista. Pilote de Championnat du Monde depuis 2002, il a remporté un titre en 125cc en 2006 après avoir dominé toute la saison. Il était rare de voir un pilote gagner dans cette catégorie avec plus de cinq secondes d’avance sur son deuxième. Et pourtant Bautista l’avait fait à plusieurs reprises. Son passage en MotoGP restera contrasté. Pilote officiel chez Suzuki, avec une moto quasi officielle chez Gresini sur Honda, il aura réussi quelques fois à monter sur des podiums (trois seulement) mais aura aussi pas mal déçu. L’an prochain, il devrait jouer plus souvent devant en Superbike sur l’officielle Ducati. Mais on peut noter que son année sur la Ducati Aspar 2017 a été une réussite puisqu’il a été quelques fois dans le top 6. Et au vu du niveau relevé de cette année, c’est bien plus impressionnant que lorsqu’il terminait 5ème en 2012 alors qu’il n’y avait que 15 pilotes au départ des courses, dont des motos privées à la rue.
Départ aussi pour Scott Redding qui quitte le MotoGP pour retourner dans son pays en BSB. En bon rebelle qu’il est, il va dire que ça ne le dérange pas, mais c’est un gros coup de frein à sa carrière. Mais vu ce qu’il montre depuis trois ans dans la catégorie, ce n’est pas une surprise.
Chez les anglais, Bradley Smith rend aussi les clés de la moto. Comme pour Redding, vu ses résultats depuis trois ans (sa dernière année chez Tech 3 et les deux années chez KTM) c’est logique. Mais comme pour Redding, c’est un pilote qui a quand même marqué ces dix dernières années pour ceux qui suivent les GP.
Ce n’est pas un départ, mais un gros changement pour l’équipe Tech3. Vingt ans de travail avec Yamaha qui se terminera dimanche soir. Puis KTM arrivera dès mardi pour l’équipe d’Hervé Poncharal. Des débuts assez difficiles avec Olivier Jacque en catégorie reine, des pilotes comme Marco Melandri ou Carlos Checa qui sont passés dans l’équipe, les années de vache maigre avec les Dunlop, puis la montée en puissance avec Colin Edwards, Andrea Dovizioso, Cal Crutchlow pour connaitre l’apothéose avec Johann Zarco (même si l’année avec Dovizioso restera comme la plus accomplie). Vu que la pluie est annoncée ce dimanche, rien de plus beau qu’une victoire de Zarco pour terminer cette aventure. C’est le rêve de Poncharal et de tous les fans de l’équipe française.
C’est aussi la fin pour l’équipe Angel Nieto/Aspar en MotoGP après quasiment 10 ans. Souvenez-vous de leur première année sur Ducati avec Hector Barbera sur sa moto jaune ! On se concentrera uniquement pour Aspar aux catégories inférieures qui ont fait l’histoire de cette équipe.
Pour Marc VDS, là aussi on se concentrera sur le Moto2 après la fin en eau de boudin entre Michael Bartholemy et le comte Van Der Straten.
Au niveau de la course, Marc Marquez voudra bien terminer une année qui n’aura pas été la plus difficile pour lui. Mais bien entendu, les autres pilotes rêvent de le battre. Même Karel Abraham. Car oui pour ceux qui ne le savent pas, Abraham revient sur les terres de son exploit. Là où il a gagné sa seule course en carrière (et son seul podium). C’était en Moto2, à l’époque où les motos étaient proches les unes des autres et où nous avions souvent des surprises.
Dani Pedrosa voudra terminer par une victoire, ou tout du moins un podium. Car depuis 2002, l’espagnol a toujours remporté une course chaque saison. C’est un record dans l’histoire des GP avec 16 années consécutives avec une victoire. Il devance Valentino Rossi qui s’était arrêté à 15. Jorge Lorenzo s’était arrêté l’an passé à 11 années. Le seul qui semble pouvoir battre Pedrosa dans le futur proche est Marc Marquez qui en est déjà à neuf (alors qu’il n’a que 25 ans).
Verra-t-on Valentino Rossi terminer une année sans victoire en catégorie reine Cela ne lui est arrivé qu’à deux reprises lors de la période Ducati, mais excepté cette courte période, l’italien s’est toujours imposé au moins une fois dans les saisons auxquelles il a participé. Et pourtant, on risque de voir le célèbre numéro ne pas réussir à gagner une course. Sa dernière victoire sur le circuit valencian date de 2004 et son dernier podium date de 2014.
Si les Yamaha semblent être revenus à un bon niveau depuis quelques semaines, cela arrive un peu tard pour sauver leur saison. Ok, Vinales a gagné une course. Mais pour une équipe qui visait le titre en début de saison, on peut dire que ce n’est pas beaucoup. Mais bon, c’est la faute de Michelin !
Chez Honda, excepté Marquez, on ne peut pas non plus compter sur Cal Crutchlow qui vient tout juste de rentrer d’Australie suite à sa blessure à la jambe. Stefan Bradl le remplacera à nouveau (finalement pilote d’essais Honda était un bon plan puisqu’il a couru à 5 reprises cette année).
Pour Ducati, fin de l’aventure pour Jorge Lorenzo. Une année qui avait mal commencé et qui se termine mal aussi. Mais il ne faut pas oublier le milieu de la saison où il a tout de même remporté trois victoires (soit autant qu’Andrea Dovizioso). Vu l’ambiance dans l’équipe sur cette fin de saison et notamment depuis la blessure de Lorenzo, on peut s’attendre à ce que le champagne ne soit pas débouché entre les deux pilotes.
En Moto3, le titre est logiquement revenu à Jorge Martin. Avec 10 pole position cette année, le pilote Gresini a une nouvelle fois montré sa vitesse sur un tour cette année. En deux saisons, il a tout simplement explosé les records de la catégorie dans le domaine. Dans une catégorie aussi serrée, où les qualifications sont souvent une loterie pour la majorité des pilotes, Martin s’en est toujours bien sorti avec 19 pole sur les 32 dernières courses. Sur les 16 premières courses de la saison, il a été 13 fois dans les deux premières places. Tout simplement incroyable.
Lors des courses, malgré plusieurs accrochages et manque de chance, il s’est imposé à sept reprises. Cette année, quand il termine une course c’est dans le top 5 (excepté une fois en Argentine où il termine 11ème). Mais neuf podiums dans une saison de Moto3, c’est du très bon niveau. Il voudra bien terminer son aventure avec l’équipe Gresini puisqu’il rejoindra l’équipe Red Bull KTM en Moto2 pour la saison prochaine.
Marco Bezzecchi restera la grosse surprise de la saison. L’italien, membre de la VR46 Academy était tout juste un outsider pour quelques courses cette année. Mais il aura été la révélation de l’année. L’an passé, Bezzecchi avait terminé une fois sur le podium au Japon, mais excepté cette course, il n’avait marqué que quatre autres points.
Et cette année, dès la deuxième course en Argentine, il s’imposait. On pouvait penser que c’était une surprise, et pourtant avec neuf podiums, dont trois victoires, Bezzecchi s’est imposé comme un des leaders de la catégorie. Comme Martin, il aura été assez malchanceux avec plusieurs accrochages. L’an prochain, lui aussi quittera la catégorie pour découvrir une KTM de l’équipe Tech3.
Le troisième larron de la catégorie est Fabio Di Giannantonio. Avec une bonne fin de saison, il aurait pu remporter le Graal mais il partait de trop loin. Pourtant, il peut toujours viser la deuxième place du championnat, puisque Bezzecchi n’est qu’à 9 points devant lui. Toujours régulier dans le top 10, il aura manqué quelques victoires (dont une injustement enlevé au GP de France) pour jouer le titre.
En Moto2, là aussi le titre est joué depuis Sepang avec Pecco Bagnaia qui a remporté sa première couronne. Le pilote de l’équipe Sky VR46 a dominé toute la saison et ce n’est pas une surprise de le voir vainqueur. Avec huit victoires et quatre autres podiums, l’année a été plus que dominée par l’italien. Déjà assuré de son passage en MotoGP dans l’équipe Pramac dès le début de saison (signature lors du premier GP au Qatar), il savait déjà de quoi son avenir allait être fait. Et on peut dire que Pramac a eu le nez creux, surement mieux que l’équipe officielle Ducati.
Bagnaia avait déjà remporté le titre de Rookie of the Year en 2017, il n’a fait que confirmer tout le potentiel qu’on avait aperçu ces dernières années, notamment lorsqu’il était en Moto3 sur une Mahindra souvent dépassée par les KTM ou les Honda.
Son dauphin, Miguel Oliveira quittera lui aussi la catégorie après ce GP pour se retrouver en MotoGP dans l’équipe Tech3. Mais il ne quittera pas sa marque préférée puisque les français auront des motos autrichiennes dès Mardi prochain. A noter, et c’est important pour KTM, que Oliveira sera avec Zarco les deux premiers pilotes à atteindre le MotoGP après être passé par la Red Bull Rookies Cup il y a quelques années. KTM aura réussi ce qu’ils souhaitaient lorsqu’ils sont arrivés en Red Bull Rookies Cup. Trouver des jeunes pilotes pour les accompagner jusqu’en haut des GP. On peut penser qu’ils vont essayer maintenant de garder les pilotes du Moto3 au MotoGP (comme par exemple avec Binder).
Oliveira de son côté, après une très bonne fin d’année 2017 (trois victoires consécutives) a un peu déçu puisqu’il n’a remporté que deux courses, malgré neuf autres podiums. Il est donc à sa place au général.
Brad Binder de son côté a remporté plus de course que son coéquipier, puisqu’il s’est imposé à trois reprises, ces premières victoires dans la catégorie. Mais il n’a pas réussi à monter sur d’autres podiums. Il sera l’an prochain un des favoris à la couronne, entre son expérience et son équipe.
Une des bonnes surprises de l’année restera Luca Marini qui s’est imposé pour la première fois à Sepang. Une victoire largement mérité pour le jeune italien qui est monté en puissance tout au long de l’année. Alors qu’il avait eu un début de saison très difficile, son premier podium en Allemagne l’a libéré puisqu’il a enchainé quatre autres podiums sur la deuxième partie de saison. Malheureusement, il est encore assez irrégulier avec cinq courses en dehors des points.
La grosse déception de l’année restera Alex Marquez qui n’a pas réussi à remporter une seule course. Il aura été content par procuration, en étant souvent dans le parc fermé pour féliciter son frère. Mais pour un pilote qui visait le titre en début de saison, une sixième place au championnat n’est pas brillant. Surtout Marquez n’est pas remonté sur le podium depuis Assen en Juin dernier !
Côté français, la saison de Fabio Quartararo restera mitigée. Le français a progressé par rapport à son année de rookie, avec notamment sa première victoire à Barcelone, suivi d’un podium à Assen, mais il a aussi été souvent trop en retrait sur les qualifications et les débuts de courses. Il aura eu du mal lors de certains duels. Il ne faut pas oublier non plus sa très belle victoire au Japon, malheureusement perdue sur tapis vert pour une histoire de pression de pneu trop faible. Sans cette disqualification, Quartararo serait 7ème du championnat (et non pas 10ème) à seulement quatre points de Marquez qui est 5ème du championnat alors que ses trois premières courses étaient assez catastrophiques (jamais mieux que 15ème). On peut se demander si une année de plus n’aurait pas été bénéfique pour lui, mais son passage en MotoGP n’est pas scandaleux.
On peut dire la même chose pour Joan Mir. Rookie of the Year (pas difficile en même temps) a rapidement été dans le coup pour jouer les podiums, même s’il n’y a pas non plus une course où il a été brillant. Sur la deuxième partie de saison, cela aura été plus difficile pour Mir avec seulement un podium et deux autres tops 5.
Et pour terminer, comment ne pas rendre hommage à Eurosport. Cette chaine, très souvent décriée à cause de son commentateur vivra son dernier GP. L’an prochain, les courses seront diffusées sur Canal+.
Et puisque nous avons souvent critiqué (à raison), il faut aussi reconnaitre le très bon boulot effectué depuis plusieurs années. Là où on avait perdu le duo de commentateur sur place, pour un duo en cabine avec le seul Michel Turco sur les GP, ces dernières années auront été bien mieux diffusées. Toutes les séances d’essais en direct, les courses, les warm up, une émission en plateau avant et après course, bref du bon travail. Même si les intervenants n’ont pas toujours été au niveau.