Le coaching selon Alberto Puig -
02/01/2007, 16h53
La saison qui vient de s'achever laisse une sensation étrange à ceux qui ont observé le binôme Pedrosa-Puig, disputant pour la première fois le championnat du monde dans la catégorie reine.
Ancien pilote, Alberto Puig cumule aujourd'hui les casquettes. Découvreur de talents grâce à son rôle à la direction de la Red Bull MotoGP Academy, il est également directeur sportif chez Repsol, dirige le team Repsol Honda 250cc, manage Dani Pedrosa. Enfin, il est « chef de team » pour Pedrosa chez Repsol Honda MotoGP, une fonction unique au sein de l'équipe officielle du HRC puisqu'on ne la retrouve pas dans le clan Hayden.
Fort de ce soutien de taille, Pedrosa donne de plus en plus l'impression de dépendre corps et âme de son mentor. Dans une interview accordée à Moto Journal, Puig explique d'ailleurs la teneur très particulière de ses relations avec le jeune champion : « Dani est le premier avec lequel je travaille vraiment. Nous avons créé notre propre système, spécial, secret. Dans nos têtes, nos connexions sont très fortes. »
Voilà qui en laisse plus d'un perplexe… Ce duo « spécial » n'a pourtant jamais fait autant parler de lui que cette année, le Grand Prix du Portugal ayant déclenché une vague de contestations. Rappelons-nous : Hayden est en tête du championnat depuis avril et Honda a enfin la possibilité de battre Rossi ; au Portugal Hayden pourrait empocher le titre mais Pedrosa (5ème au championnat) l'attaque et le fait chuter ; Rossi passe alors en tête du classement.
A ce moment-là, beaucoup d'observateurs resteront sans voix après les déclarations de Puig qui estime que Pedrosa a attaqué son coéquipier à juste titre, puisqu'il était encore mathématiquement en lice pour remporter le championnat. Peu importe, apparemment, que Honda risque de tout perdre à cause de cette erreur.
Avec Moto Journal, Puig est revenu sur les semaines qui ont précédé le GP du Portugal. Trois Grands Prix plus tôt, en effet, Pedrosa avait chuté, se blessant au genou. La blessure était plutôt légère mais mal placée et très douloureuse. « Je voulais qu'il dispute la course malgré sa blessure, pas lui. Je l'ai poussé. C'est mon travail de le pousser en dehors de la piste, » affirme aujourd'hui Puig, sans remords.
L'ancien pilote campe donc sur ses positions : un athlète ne doit céder face à rien, pas même face à la douleur. Et Pedrosa n'a pas l'air d'avoir son mot à dire. « Sa fin de saison n'a pas été facile. Sans sa blessure, le titre était encore possible, » insiste Puig.
Ces affirmations répétitives et froides sont le propre de Alberto Puig. Pilote malchanceux, souvent blessé, il encadre ses pilotes à la dure. « Une fois qu'ils atteignent un certain niveau, ça devient un travail sérieux, une guerre totale, » explique-t-il. « La vie c'est la guerre. Je ne crois pas à ces organisations pacifistes, des conneries tout ça. La vie est un combat. »
« C'est encore plus vrai dans un sport aussi compétitif que la course. Si on ne passe pas chaque instant à penser à progresser, un autre le fera à votre place et vous battra. Améliorer sa moto, sa vitesse, on doit y penser en permanence. Un GP c'est 4 jours durant lesquels on ne doit penser qu'à ça. Après on peut se reposer. »
Puig justifie son encadrement quasi-militaire par le potentiel exceptionnel de Dani Pedrosa, déjà trois fois champion du monde en 125cc et 250cc. « C'est un pilote à part. Dani n'est pas un pilote “normal”. Il est très fort, aussi bien par le talent que le mental, plus fort encore qu'on l'imagine. »
Espérons que le mental de Dani Pedrosa soit effectivement assez fort pour supporter une telle pression sur le long terme et que ce jeune champion ne se brûle pas les ailes à force de se renfermer dans une relation duelle qui laisse bien peu de place au plaisir.
Léna HÉMERY
© CAPSIS International
source: moto live.com
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