MOTOCYCLISME
Lüthi veut mettre fin à son jeûne
Image © Keystone
Thomas Lüthi et le Mans, c'est toute une histoire. "Je vous rappelle que j'ai toujours préféré les tracés avec de longues courbes à prendre à grande vitesse, plutôt qu'un circuit du type «stop and go», comme celui du Mans. "
Il y a cinq ans que le meilleur pilote suisse n'est plus monté sur la plus haute marche d'un podium. «Et c'est long, très long. Il ne faut pas croire que je suis heureux après une deuxième ou une troisième place.»
Jean-Claude Schertenleib - le 12 mai 2011, 22h23
Le Matin
Le jeûne dure depuis maintenant cinq ans, plus de 80 courses sans victoire. C'est beaucoup. «C'est trop.» Thomas Lüthi sait que c'est ici, sur ce circuit du Mans, que tout a vraiment commencé. Première pole position, première victoire (2005), premier doublé (il l'emporte une seconde fois en 2006). Il sait donc, quand il prend la route de la Sarthe, qu'il traverse les campagnes trop sèches, que des images vont lui apparaître, comme des flashes. Le warm-up mouillé de 2005, le brouillard qui tarde à se lever, les conditions incertaines quelques minutes encore avant le départ. Puis la panne sèche dans le tour d'honneur, le retour vers le pied du podium sous les vivats, les gens qui se bousculent, qui le bousculent. Car quand on est le meilleur, on a tout de suite beaucoup plus d'amis. Enfin, le podium, là-haut, le drapeau à croix blanche qui monte au mat, l'hymne national, les questions, les réponses. Les larmes et les rires. Puis le retour vers Linden, au coeur de la nuit. A 3h du matin, quand enfin il rejoint son Emmental natal, le village est en liesse. Il sait, Thomas Lüthi, que c'est bien au Mans que tout a véritablement commencé.
Remonté à bloc
Le Mans, 12 mai 2011. Cinq ans ont passé. Thomas Lüthi a commis sa première erreur de la saison il y a tout juste deux semaines: «Ou comment gâcher en quelques poussières de seconde, le travail de tout un week-end.» Oui, il a fauté au Portugal. Mais oui aussi, il ne va pas pour autant changer sa manière de voir les choses: «Je vais continuer d'attaquer comme je le fais depuis le début de la saison. Premièrement parce que je veux gagner une course, ensuite parce que si vous n'attaquez pas dans notre catégorie, vous vous retrouvez au mieux quinzième. Je compte 25 points de retard sur le leader du championnat (ndlr: l'Allemand Stefan Bradl)? C'est vrai. Et alors! Avec 25 points de retard, on est toujours dans le coup pour le titre.»
Thomas Lüthi est remonté à bloc: «Je suis tombé au Portugal, mais je sais que si nous continuons à travailler comme nous l'avons fait ces derniers mois, on va gagner. Je ne dis pas quand, mais on va gagner.» D'ailleurs, au surlendemain du GP d'Estoril, lors de tests privés sur le même circuit, Lüthi a affolé les chronomètres: «A un point tel que plusieurs adversaires sont venus dans notre stand pour qu'on leur confirme que les chronos qu'ils avaient saisis étaient les bons.»
«Je ne suis pas un homme de statistiques»
Lüthi va gagner un jour. Dimanche, sur le seul circuit où il s'est imposé à deux reprises en championnat du monde? «Je ne suis pas un homme de statistiques. Et, tout à fait entre nous, je vous rappelle que j'ai toujours préféré les tracés avec de longues courbes à prendre à grande vitesse, plutôt qu'un circuit du type «stop and go», comme celui du Mans. Mais bien sûr, comme j'y ai gagné deux fois, je suis obligé de dire que je l'apprécie.»
A un point tel que son jeûne pourrait se terminer dimanche: «On vient de me demander si, depuis cinq ans, j'étais prisonnier d'un piège, sous un couvercle étanche, et que c'est cela qui m'empêchait d'aller sur la plus haute marche du podium. Que chacun se rassure, il y a longtemps que le couvercle n'est plus là.»
Les dessous du GP
LA PHRASE
«J’aurais honte d’être battu par des bébés tous les week-ends»
Jorge Lorenzo Le champion du monde MotoGP, leader du championnat 2011, a ainsi répondu à Valentino Rossi, qui rappelait qu’à l’époque des grosses 1000 cm3 – cylindrée que l’on retrouvera l’année prochaine –, il n’y avait pas de place pour les bébés.
LE FAUX BRUIT
Il a fallu que, dimanche dernier, on reconnaisse Marco Simoncelli parmi les spectateurs de la manche de Monza du Mondial superbike, pour que les médis transalpins s’enflamment, annonçant la participation de l’ancien champion du monde 250 à une manche de ce championnat. Pour calmer la situation, l’équipe de Simoncelli a été obligée, hier soir, d’apporter un démenti officiel à ces rumeurs: «Nous avons certes préparé une Honda CBR 1000-RR, mais juste pour que Marco puisse s’entraîner pendant la saison.»
LE CHIFFRE
4. Comme c’est le cas depuis le début de la saison, il y a bien quatre pilotes suisses alignés au GP de France: Giulian Pedone (125 cm3), Thomas Lüthi, Dominique Aegerter et Randy Krummenacher (Moto2). Le Thurgovien Patrick Meile, qui fait ses classes en Allemagne, a été un moment pressenti, mais le jeune homme souffre actuellement
de problèmes récurrents dans le dos.
RAEMY ET LE FUTUR
Le Fribourgeois Damien Raemy, qu’on avait vu en 2010 au GP d’Allemagne, fait un pari étonnant cette année: toujours engagé dans le cadre du championnat d’Allemagne, il s’y est aligné le week-end dernier pour la première fois avec une moto (Moriwaki) qui répond aux normes de la future classe Moto3 (250 cm3 quatre temps), qui remplacera la catégorie 125 l’an prochain en Mondial. Il a terminé douzième de la course, avec une machine qui accuse encore un déficit de vitesse de près de 20 km/h par rapport aux 125 deux temps encore actuelles.