MOTOCYCLISME - GP DE FRANCE
Tom Lüthi: Dieu n'est pas son copain
Image © Keystone/Salvatore Di Nolfi
Thomas Lüthi ne veut pas mettre en cause le choix de pneus qu'il a fait, mais les résultats semblent pourtant lui donner tort.
Tom n'a pas gagné à la loterie météo du Mans. Maigre récompense: onzième, il a fait mieux que Barberá et Bautista, deux autres prétendants aux honneurs. Victoire de Debon
Jean-Claude Schertenleib - le 18 mai 2008, 23h03
Le Matin
«Quand on termine un GP 250 devant Barberá et Bautista, on doit être sur le podium»: c'est vrai, Monsieur Lüthi. Et pourtant, l'ancien champion du monde 125 n'a terminé que onzième de ce GP de France, à près de 50 secondes du vainqueur, Alex Debón. La faute, cette fois, au... Tout-puissant! C'est lui qui le dit... Mais oui, pourquoi la pluie est-elle venue juste au moment où nous entrions en piste?
Et pourquoi avoir choisi un pneu intermédiaire, alors que Debón a été parfait avec un «slick» (une gomme lisse, pour pistes sèches)?
Mais parce que c'était le bon choix! Sur la ligne de départ, cela commençait à sécher, mais dans les premières difficultés du circuit, c'était encore très glissant.
On ne comprend pas: si c'était si glissant, Debón n'aurait dû faire que quelques centaines de mètres sur ses deux roues?
C'est pour cela que je veux absolument savoir ce qu'ont choisi les autres. Une fois encore, qu'on se retrouve aussi largués avec Barberá et Bautista, cela veut bien dire que la course n'a pas été régulière.
Et encore?
Immédiatement, le pneu arrière s'est mis à patiner. La roue tournait dans le vide à chaque accélération, à chaque changement de rapport. Les pires conditions que j'ai connues depuis longtemps. Et justement ici, ce week-end.
Parce que?
Mais parce que nous étions très forts. Et que ce n'est pas de la forfanterie que de le dire. Si les conditions avaient été normales, je jouais devant, j'en suis sûr.
«Immédiatement, le pneu arrière s'est mis à patiner. La roue tournait dans le vide à chaque accélération, à chaque changement de rapport. Les pires conditions que j'ai connues depuis longtemps»
Thomas Lüthi
Mais avec des «si», Tom, on fait beaucoup de choses. Alors pourquoi n'avoir pas pris le risque de partir en pneus pour le sec? Justement comme Debón?
Mais parce que le risque était trop grand, j'en suis encore persuadé. De toute façon, le pneu que j'ai choisi est très proche d'un «slick» normal dans son comportement.
Alors, c'est un problème de réglage raté du châssis. Donc une nouvelle erreur?
Je ne répondrai pas à cette question aussi longtemps qu'Aprilia n'aura pas tout analysé. Chez moi, mais aussi chez mes collègues de marque.
Pluie, mode d'emploi
Ce GP de France a permis de vivre les trois cas de figure possibles lorsque la pluie intervient.
125 cm3. La course commence sur le sec. A l'arrivée de la pluie, violente dans ce cas, elle est arrêtée. Le classement à cet instant permet d'établir une nouvelle grille de départ. La deuxième course - qui a duré cinq tours, hier - compte comme un GP normal. Le Français Mike Di Meglio est ainsi devenu le vainqueur du GP le plus court de l'histoire, puisqu'il s'est joué sur 20,925 km.
250 cm3. Comme la piste est mouillée quand les pilotes entrent dans l'arène, la course est déclarée «wet» (mouillée), et ne peut être arrêtée avant terme. C'est dire que chacun joue au poker le choix de ses pneumatiques.
MotoGP. La piste a séché, la course ne peut plus être arrêtée dans cette catégorie. En revanche, à l'apparition des premières gouttes, les commissaires agitent des drapeaux blancs. C'est le signal qui permet aux pilotes, s'ils le désirent, de rentrer à leur stand et d'en repartir avec leur machine de réserve, chaussée en pneus pluie et réglée pour ces conditions.
Photo © Keystone/Salvatore Di Nolfi
CLASSEMENTS
Le Mans. Grand Prix de France.
125 cm3 (5 tours de 4,185 km = 20,925 km): 1. Di Meglio (Fr), Derbi, 10'08''574 (123,781 km/h). 2. Smith (GB), Aprilia, à 0''800à. 3. Terol (Esp), Aprilia, à 3''077. 4. Espargaro (Esp), Derbi, à 10''407. 5. Iannone (It), Aprilia, à 11''697. 6. Bradl (All), Aprilia, à 11''881.
Puis: 10. Krummenacher (S), KTM, à 22''391. 23. Aegerter (S), Derbi, à 47''840. Meilleur tour: Espargaro (5e) en 1'43''918 (144,979 km/h). 28 pilotes au départ, 23 classés. Note: 2e course raccourcie en raison des conditions météorologiques qui ont entraîné l'interruption du Grand Prix.
Championnat du monde (5/17): 1. Di Meglio 74. 2. Terol 66. 3. Corsi (It), Aprilia, 62. 4. Olive (Esp), Derbi, 58. 5. Bradl 58. 6. Iannone 43.
Puis: 18. Aegerter 12. 22. Krummenacher 6.
250 cm3 (26 tours/108,81 km): 1. Debon (Esp), Aprilia, 47'27''406 (137,569 km/h). 2. Simoncelli (It), Gilera, à 4''816. 3. Pasini (It), Aprilia, à 4''998. 4. Takahaschi (Jap), Honda, à 5''770. 5. Kallio (Fin), KTM, à 6''197. 6. Poggiali (St-Marin), Gilera, à 6''474.
Puis: 11. Lüthi (S), Aprilia, à 48''968. 14. Bautista (Esp), Aprilia, à 1'05''407. 24 pilotes au départ, 19 classés. Eliminé (entre autres): Pesek (Tch), Aprilia (22e/abandon).
Championnat du monde (5/17): 1. Kallio 93. 2. Pasini 77. 3. Debon 59. 4. Takahaschi 59. 5. Simoncelli 53. 6. Hiroshi Aoyama (Jap), KTM, 53.
Puis: 13. Lüthi 19.