Bon, avant que Cinquante ne passe l’arme à gauche et sur son insistance, je poste un p’tit CR… Ok, ça sent le réchauffé, mais comme je dis souvent, vieux motard que jamais !
Faut d’abord faire un come back sur l’édition 2012 de nos aventures au Mugello et se souvenir des méchants tracas que nous avait causé la bécane de madame, la Gladius farceuse… Les tarmos locaux avaient raillé la « japanese di merda !!! »
C’était donc décidé, ma Sissi chevaucherai cette année une moto qui serait « à domicile » en terre toscane. Notre grand pote concess distribuant Aprilia depuis un an, et vu le succès foudroyant qui en découlait pour la Shiver sur la région bastiaise, notre choix se portait donc sur cette bécane (je dis « notre » car j’ai lourdement insisté, un essai de 3 heures m’ayant convaincu du caractère plus que rigolo de cette ritale).
Un dernier écueil, mais de taille, conditionnait notre venue cette année : ne pas avoir de mission au taf pendant ce we de GP, interdiction nous étant faite de poser des jours en cette période d’effectifs restreints… Ouf, un embarquement est prévu le lundi matin, il nous faudra juste rentrer le dimanche soir en Corse cette fois-ci. Nos amis décident de faire de même et donc nous ferons tout le voyage ensemble : départ pour l’Italie le vendredi matin de Bastia et retour le dimanche à 19h de Livourne. On est légèrement inquiet concernant cet horaire de retour pour la Corse ; avec les bouchons monstrueux d’après GP, même en bécane faudra pas trainasser pour choper le ferry à l’heure !
VENDREDI
Le jour J, notre groupe hétéroclite de 5 motos (Shiver, GSR, TDM, Adventure et Superduke) trouve place sur un jaune (surnom donné aux navires de la Corsica Ferries, peints d’une couleur citronnée…) pour une traversée tranquille… Enfin c’est ce qu’on croyait !... Une heure que nous voguons, et pour une fois j’ai oublié d’éteindre mon téléphone (j’ai pas l’international, et dès que nous allons passer sur le réseau italien, ça va douiller…). Cet oubli nous a sauvé la vie : ça sonne !!! Bizarre, au milieu du canal de Corse, aucun des deux réseaux ne passe normalement… D’ailleurs la com est très mauvaise ! « bonjour, c’est la Corsica Ferries… Vous avez pris 7 billets pour un Livourne-Bastia dimanche soir… Pour cause de soucis techniques sur le ferry, cette traversée est annulée !... Je vous propose un retour lundi matin avec arrivée à Bastia à midi »
- « Ca va pas être possible ma p’tite dame ! Si je suis pas au taf le matin même, une vendetta professionnelle sera prononcée contre moi et comme je cours à une allure beaucoup moins véloce que la vitesse d’une balle de 9mm, va falloir me trouver une solution pour le dimanche… »
- « Alors le dimanche, j’ai un dernier ferry à 13h… »
- « Heuuuuu… Comment dire… Si nous nous rendons en terre italienne, c’est pour nous trouver aux alentours de 13h justement en train de meugler en compagnie de 70 000 personnes environ, sur un « prato verde » du Mugello ! Capito ? »
- « Dans ce cas, je ne vois qu’une solution : un départ le dimanche à 21h, mais de Savone… »
- « ah… Savone… Ca va juste nous faire 3 heures de route en plus ça… Vous proposez quoi en dédommagement ? »
- « on vous offre les cabines et le repas du soir sur le restaurant du bord. Décidez-vous vite car ce sont les dernières cabines dispos !»
- « Bon ok… » (d’un autre côté, on a pas vraiment le choix !!!)
La dame me confirme la nouvelle résa, juste avant que la communication ne coupe !!! Un coup de bol, dans notre malheur…
Débarquement à Livourne sans autre histoire (encore heureux, ça faisait déjà un bon début !). Je préviens la troupe que cette année, quitte à passer près de Pise, j’ai envie de m’arrêter voir la tour 2 minutes, histoire de ne pas mourir idiot. Arrivés sur place, c’est noir de monde, on va stationner dans la rue en face.
Surprise, 3 types arrivent et nous demande « une piécette » pour le gardiennage de nos montures ! Welcome in Italy !!!... Ben j’suis pas sûr que la réponse de notre Jean leur ai beaucoup plus, même si c’était dans un italien impeccable : « débarassez le plancher si vous voulez pas que je fasse un stoppie dans la raie de vos postérieur ! »
Les gars détalent, nous on se bidonne ! Corsica attitude !!!
Enfin bon, j’suis quand même inquiet que les loustics s’en prennent aux motos en représailles… Léo et ma Sissi, qui ont déjà vu la tour, décident de rester auprès d’elles pour assurer le coup.
De toute façon nous faisons une visite au pas de charge, ce batiment penché tellement médiatisé n’apportant guère de surprise en fin de compte. Par contre, je suis subjugué par les autres édifices religieux du site qui sont majestueux et magnifiques !...
Allez, en route pour le Nord de Florence et notre hôtel ! Une bonne surprise cet hôtel (Ibis prato Est), loin d’être complet un mois avant la course et vraiment pas excessif au niveau des tarifs ! Belles chambres, p’tit dèj copieux, personnel sympa… Le cadre est nul (zone commerciale) mais on est pas là pour ça…
Fin d’aprem, après la douche on passe aux choses sérieuses, la recherche d’un resto sympa, histoire de bien finir la journée !
SAMEDI
En route pour le circuit ! Une grosse vingtaine de bornes, avec le passage d’un joli p’tit col d’ailleurs…
Mais à quelques encablures du Mugello ça se gâte : l’année dernière, nous arrivions par l’Est et nous pouvions entrer sans souci en bécane dans l’enceinte. Cette année nous arrivons par l’Ouest et un barrage nous ferme l’accès à moins de 2 kms…
On parlemente avec les p’tits gars « qui s’la pête parce qu’ils ont un badge d’officiels »… Ils veulent rien savoir, la route finale doit rester clean pour que les VIP puissent circuler tranquilles dans leur ferrari… On a beau leur expliquer que nous n’allons pas à l’entrée principale, mais sur les pelouses Est et qu’on embêtera personne, rien n’y fait !!! Bon… Vont voir qui c’est Raoul…
Aux 4 coins du circuit que j’vais les disperser, façon puzzle !... Le pote Leo continue de se plaindre bruyamment, moi je fais mine de faire demi-tour, je prends un peu d’élan et gaaaaz ! Je force le barrage par le bas-côté gauche et je m’arrête 100 mètres plus loin. Ma Sissi et deux autres utilisent la même technique, des deux côtés de la route.
Il n’y a que ce pauvre Léo et sa femme qui seront obligés de nous rejoindre à pattes, à une moto contre 4 stadiers il n’a pas pu feinter…
On se trouve une place dans le coin que nous avions repéré l’année dernière, avec une vue presque aussi bonne que dans la tribune. Par contre, il a plu la nuit précédente et il nous faut protéger nos ch’tites fesses avec ce qu’on peut… Il n’y a pas tant de monde que cela, mais bon c’est que le samedi…
Une journée d’essais tranquille… A la fin de laquelle il est prévu de se faire un p’tit coucou avec Valentinette, Joubs et sa bande. On récupère la miss à l’entrée principale, avec un casque qu’on lui a prêté pour pouvoir monter derrière moi. Comme la plupart des pilotes de moto, elle déclare avoir une frousse monstre de jouer les sds et me réclame une conduite pacifique ! N’ayant nullement l’intention d’effrayer la charmente Valentinette, j’adopte une allure plus pratiquée depuis le permis et le passage du plateau lent ! Tout se passe bien, à part deux piétons qui m’agacent un peu en nous déboitant par la droite mais bon…
A l’autre bout du circuit, et sur une entrée sans buvette( !), le Joub’s band se pointe enfin ! On s’tape une discute (à défaut d’une binouze), on s’fait des guili-guilis, on tire deux-trois tofs…
au premier rang: Noémie (Valentinette), ma Sissi, Bibi et Anthony (Joubs)
Bien sympa de mettre un visage sur des membres du fofo, ça nous était plus arrivé depuis 2010 ! Bon, ma bande corse s’impatiente un peu : elle a soif et surtout nous avons un rdv le soir au resto avec la femme du Jean. On se souhaite de bonnes courses pour le lendemain, je ramène Valentinette et nous voilà en route pour Florence, back to the hôtel…
Une bonne douche, un p’tit apéro au bar de l’ibis où nous sympathisons avec une bande d’allumés savoyards, les pronostics vont bon train : « demain, on va revoir le grand Rossi en course, il a caché son jeu aux essais – Ben voyons… Ton Rossi va se faire enrhumer par Marquez, sa gamelle ne l’a pas calmé – Vous rêvez, c’est Hayden qui va tous les pourrir ! » (bon, çui là, il avait commencé l’apéro bien avant nous…
).
Allez, il est temps de se diriger vers la fameuse pizzeria qui nous a été conseillée par l’hôtel. Sissi propose de ne prendre qu’une moto pour s’y rendre, la sienne. Je prends le guidon (nous n’avions pas encore mis le kit de rabaissement et c’était pas jouable pour elle de prendre un sds) et nous voilà partis. A 500 mètres du resto, en entrant sur un rond-point, la Shiver cale ! Et vu qu’elle ne redémarre pas, je sors de la circulation à la poussette sous les klaxons des caisseux. Bon… Qu’est ce qui s’passe encore !!! Un voyant d’alerte est allumé sur le tableau de bord, et l’ordi me demande le code constructeur ! Allons bon… C’est quoi encore cette histoire ! Léo, présent l’année dernière avec nous, évoque « la malédiction italienne des bécanes à Sissi-la-poissarde ». On rie jaune… Je vois pas d’autre solution que d’appeler notre mécano Suzuki-Aprilia :
- « Allo Cédric, tu vas rire, on est encore en rade au Mugello, la Shiver a calé et reste muette ! C’est quoi le code constructeur ? »
- « Le code constructeur te permettra juste d’accéder à un écran qui t’indiquera que la moto est passé en mode sauvegarde. Le calage, pendant le rodage, a été détecté comme une anomalie. »
- « Ok, et on fait quoi maintenant ? »
- « Ben rien… C’est arrivé une fois à un client et la moto a accepté de redémarrer après 30 minutes environ… Je crois pas qu’il y ait eu une intervention entre temps, mais j’appelle le chef d’atelier pour avoir confirmation… ( )… Bon ça répond pas, il doit être dans son chalet de we (perdu dans un maquis inextricable où même les sangliers n’osent s’aventurer, alors les ondes téléphoniques…). Z’avez plus qu’à tenter le coup des 30 minutes… »
- « Merci monsieur le mécanicien pour votre aide précieuse ! La prochaine fois je ferais appel à un marabout sénégalais, il sera p’t’être plus efficace… »
Quitte à attendre 30 minutes, autant laisser la bécane sur place, aller dîner et voir au retour. Je ne vous cache pas que le repas n’a pas été des plus sereins, une boule au ventre nous empêchant de profiter pleinement des délices toscans qu’offrait cette divine adresse. C’est sans trainer que nous revenons au chevet de la Shiver. Sous la chape de plomb d’un silence de mort, je m’approche de la malade… J’introduis la clé, je mets le contact… Ca commence mal, le voyant d’alerte s’allume encore !... Allumage… Le moteur ronronne enfin !!! Wouaaaaaaaa !!!
Un pied de nez à la malédiction, ouf… Et ça se confirmera, la bécane restera discrète pour le reste du we !...
DIMANCHE
Aux aurores la troupe prend la route, back to Mugello. Ca bouchonne sévère !
On remonte prudemment les files, jusqu’à qu’un duo de carabinieri à bécane nous dépasse à vive allure ! Ni une ni deux, on leur prend la roue (comme une dizaine d’autres motards), et là les remontées se font à allure beaucoup plus soutenue !!! Bien décidés à forcer le barrage comme la veille, nous avions prévu une tactique de perforation pour enrhumer les stadiers. Sauf que nous n’avions pas imaginé que cette fois-ci ils seraient escortés de 4 policiers à la mine patibulaire (mais presque…). Raisonnablement, nous obéissons à l’injonction de nous stationner et de terminer à pied… Sauf que, comme nous sommes des rebelles corses, on se gare sous leur nez, sur un rond-point ! Ils braillent mais nous faisons la sourde oreille… Non mais !!!...
La matinée se passe tranquilou, rythmée par les warm up et une course moto3 sympatoche. S’en suit une montée d’adrénaline pour nous français avec le premier podium moto2 pour Zarco.
Un casse-croute vite avalé puis on passe aux choses sérieuses ! Le pré se rempli peu à peu… J’ai toujours beaucoup de mal à comprendre qu’un « amateur » de course ne se pointe que pour voir le motoGP, délaissant les cylindrées inférieures qui pourtant présentent bien plus de baston ces dernières années !... Pis, tant qu’à râler, il faut que je vous parle de ces grands esprits qui nous bercent mélodieusement à coup de rupteur de moteur de… tronçonneuse !!! Et comme une partie de la foule les encourage, ils se sentent pousser des ailes, ces virtuoses du 2 temps domestique…
Bon bref…
Le départ du motoGP… Au bout de 3 virages, c’est le drame ! La clameur vient de notre droite, la tribune des « 46 ». L’écran géant nous dévoile la raison de ces cris, Bautista vient d’emporter Vale ! Autour de nous, la scène est indescriptible (mais je vais quand même essayer ) !!! On hurle, on se lamente, on s’arrache les cheveux, on trépigne, on pleure, on menace de se suicider et surtout on insulte copieusement Bautista…. Notre voisin de devant, un prix nobel d’intelligence, vocifère des menaces que nous comprenons à peine : Il descend au bas du pré, contre le grillage, avec l’intention de cracher au visage du pilote espagnol qui passera immanquablement par là. La course n’a plus aucun intérêt pour lui… L’ibère est brave, mais prudemment il ne se montrera pas (je pense qu’il s’est caché dans la dépanneuse qui a évacué les deux motos). Rossi sera lui acclamé sur le scooter qui le ramène. Notre « voisin » revient donc à sa place encore plus énervé… Nous profitons tant bien que mal du reste de la course, avec « l’honneur » de voir Marquez se bourrer à notre gauche.
Drapeau à damiers ! Cette année, pas de contemplation de l’envahissement de la piste, on file entamer la course contre la montre pour attraper notre ferry ! Si au moins nous avions pu avoir les bécanes avec nous !... Dès la sortie de l’enceinte, la foule se fait un peu moins dense et nous pouvons presser le pas pour rejoindre nos motos, en moins de 30 minutes. Le bouchon est bien entendu pire que celui du matin et nous n’avons pas cette fois des motards de la bleusaille locale pour nous ouvrir la route…
Arrêt express à l’hotel pour récupérer les bagages laissés en consigne (gratuite) et nous voilà sur l’autoroute ! Ca roule correct, le rodage de la Shiver nous autorise un 135 compteur… Mon GPS Tom Tom de voiture n’ayant que 2h30 d’autonomie, je l’éteinds avant qu’il ne tombe en rade, je le rallumerai avant la sortie d’autoroute, après Gênes. L’arrivée sur Gênes justement se complique, ça bouchonne sévère en ce dimanche soir, au point qu’on finit par tomber sur des files à l’arrêt en pleine autoroute ! Notre remontée des files ne peux pas se faire raisonnablement à plus de 70 km/h, le timming devient plus que serré et je commence à me faire peur ! Surtout qu’au rallumage du GPS, celui-ci refuse catégoriquement de se caler, rapport aux innombrables tunnels autoroutiers de la région gênoise ! Tant pis, il faudra faire sans…
Arrivée à l’entrée de Savone, zone industrielle, aucune indication sur le terminal des ferrys bien sûr… Je m’excite sur le GPS, il nous reste 10 minutes ! Sylvie met en route le plan B : elle béquille la moto, enlève son casque, se pare d’un sourire charmeur de fille et s’approche d’une guérite où sommeille le gardien d’une société. Il s’éveille d’un coup, sort de son poste et entame une ronde autour de ma moitié, façon Aldo Maccione !
Discrètement restés à l’écart, on n’entend pas ce qu’ils se disent mais on se bidonne en voyant le manège du bellâtre…. Sylvie revient hilare et nous raconte le monologue du type qui se demmerdait pas mal en français : « maaaa, vous zêtes perdouuu ! C’est oune desastrééé, pour ouné bella ragazza commé vous !!! Né vous zinquietez pas, zé vé vous aidez !!! C’est très facile pour lé embarquement dé la corsica ! Maaa c’est terriblééé qué vous né restez pas oune peu plous en Italiiiiiiie… »
Allez, avec les indications du casanova, on se pointe rik rak à l’embarquement de notre ferry. On souffle, tout va bien ! Sauf pour mon GPS qui s’obstine à se croire encore dans les environs du circuit... P’tite traversée de nuit sans encombre, arrivée sous le soleil levant sur le port de Bastia, voilà un superbe WE qui arrive à son terme…
Pleins de projet pour 2014 : de nouveau Mugello (si par hasard un groupe du fofo s’y pointe) ? San Marino pour changer ? Ou alors retour à Catalunya ? Voir un trip de ouf dans les pyrénées qui se termine par le GP d’Aragon ?... Suite au prochain n° !...