Blazevic: «L’attaque croate va punir l’Italie»
Euro 2012
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Le choc Italie - Croatie d’aujourd’hui (18h) sera chaud. Alberto Bigon, l'Italien, et Miroslav Blazevic, le Croate, analysent les forces en présence.
Par Renaud Tschoumy. Mis à jour le 14.06.2012
Alberto Bigon et Miroslav Blazevic? L’un est Italien, l’autre Croate. Tous deux ont entraîné Sion à un (ou plusieurs) moment(s) de leur carrière. Blazevic, qui a aussi transité par Vevey, Lausanne, Grasshopper et Xamax, a également été le sélectionneur de la Croatie de 1994 à 2000, allant décrocher une fantastique troisième place lors de la Coupe du monde 1998 en France.
Actuellement, Bigon est sans club, alors que Blazevic, éternel baroudeur, va remettre le cap sur l’Iran après une expérience en Chine. Tous deux suivent attentivement l’Euro, et plus particulièrement leur équipe nationale. Ils ont accepté de jouer le jeu des questions-réponses croisées à la veille du choc entre leurs deux pays.
«Si l’Italie a la maîtrise, elle gagnera»
Alberto Bigon, pourquoi l’Italie va-t-elle battre la Croatie?
Pour le faire, il faudra que Di Natale soit aligné d’entrée. C’est un joueur extraordinaire, et son sens du but est nettement plus prononcé que celui de Balotelli. Avec Di Natale en pointe, l’Italie aura plus de chances de marquer.
L’Italie est-elle plus forte qu’il y a deux ans lors du Mondial?
Oui, tout simplement parce que Pirlo est là. Il avait dû déclarer forfait pour l’Afrique du Sud, et l’Italie n’est pas la même sans lui. Tenez, dimanche: si l’on excepte l’occasion que Balotelli s’est offerte et qu’il a galvaudée, les opportunités italiennes les plus dangereuses sont toutes parties des pieds de Pirlo.
De quoi l’Italie doit-elle se méfier chez les Croates?
La Croatie dispose de véritables talents et de joueurs très dangereux, mais je suis persuadé que si l’Italie parvient à avoir la maîtrise du jeu, comme elle a su le faire par moments contre l’Espagne, elle gagnera et se qualifiera, parce que pour moi, l’Eire restera à zéro point.
Votre avis sur le sélectionneur Cesare Prandelli?
C’est un homme qui sait bien gérer son groupe. Il parvient à garder son calme et à transmettre des ondes positives à ses joueurs. Il a été critiqué après les matches amicaux de son équipe, mais ici, en Italie, il ne faut jamais se baser là-dessus. (Il rit.) Seules les rencontres importantes comptent, et celle de ce soir en est une. En fait, c’est le match charnière de l’Euro pour l’Italie.
L’affaire du «calcioscommesse» peut-elle avoir de l’influence sur les joueurs italiens?
Criscito n’est pas parti à l’Euro, Buffon et Bonucci ont forcément été bouleversés par cette tempête: quelque part, l’Italie a déjà payé les pots cassés. Mais les joueurs de la Squadra ont maintenant tiré un trait. C’est en cela que Prandelli a été exemplaire dans sa gestion. Il a su faire en sorte que ses joueurs restent dans une dynamique positive.
«L’attaque croate va punir l’Italie»
Miroslav Blazevic, pourquoi la Croatie va-t-elle battre l’Italie?
Parce que cette équipe possède un talent énorme et bien concentré. C’est une formation équilibrée, et les joueurs qui la composent développent un football très moderne. Le pressing s’effectue dès la première ligne, et la défense adverse est immédiatement soumise à une grosse pression. Et puis le groupe est très homogène. Au sein de l’équipe, c’est «un pour tous, tous pour un». Il règne un véritable esprit de famille.
La Croatie est-elle plus forte qu’il y a quatre ans lors de l’Euro?
Oui, aussi parce que son entraîneur a mûri. C’est un vrai sélectionneur, un grand stratège. On ne s’était pas qualifiés pour le Mondial il y a deux ans, mais on peut aller très loin cette fois.
De quoi la Croatie doit-elle se méfier chez les Italiens?
L’Italie m’a surpris en bien contre l’Espagne. Et elle possède un gardien de grande classe. Mais j’ai aussi vu du déficit dans son jeu défensif. A mon avis, l’attaque croate va punir la défense italienne et réussira à profiter de ces brèches qui s’ouvrent parfois.
Votre avis sur le sélectionneur Slaven Bilic?
C’est un homme merveilleux et un grand entraîneur. Je suis vraiment content pour lui qu’il ait réussi à signer un contrat de trois ans et de 12 millions d’euros au Spartak Moscou. Son bonnet sur la tête? Je ne pense pas que ce soit pour avoir un fétiche, comme moi et mon képi lors du Mondial 1998 en France. Mais il perd gentiment ses cheveux.
L’affaire du «calcioscommesse» peut-elle avoir de l’influence sur le jeu des Italiens?
Si elle en a, ce sera uniquement des retombées positives. Les joueurs italiens voudront montrer à tout le monde qu’ils ne sont pas affectés par cette affaire. L’Italie pourrait n’en être que plus dangereuse.