GP DU JAPON
Un méchant, lui, vraiment?
Image © Keystone
Depuis le GP d'Aragon, Randy Krummenacher est observé avec des yeux différents. Tout cela parce qu'il a commis un crime de lèse-majesté. Au propre, pas au figuré
le 30 septembre 2010, 22h50
Le Matin
En championnat d'Espagne 125 cm3, pardon, en championnat du monde 125 - trois Ibériques se jouent le titre suprême cette année - les étrangers sont un peu considérés comme les Roms en France. On supporte l'Allemand Sandro Cortese, qui est bien gentil; donc, qui ne risque pas de faire de l'ombre. On aime bien le Britannique Bradley Smith, parce que, lui, s'est intégré (il défend les couleurs d'un team espagnol). On apprécie le Japonais Tomoyoshi Koyama parce que, quand même, ce ne sont pas un ou deux coups d'éclat par saison qui vont lui permettre, un jour, de venir nous empêcher de régner en rond sur «terra nostra», notre terre.
Tout cela, c'était avant le GP d'Aragon d'il y a quinze jours. Avant, surtout, ce premier virage, qui a vu un «méchant» étranger venir bousculer un très brave enfant de l'Ibérie, alors que celui-ci avait rendez-vous avec son roi sur le podium. Un «méchant», Randy Krummenacher? Son crime, c'est d'être tombé au milieu du peloton; et son Aprilia, dans sa folle glissade incontrôlée, parce qu'incontrôlable à ce moment-là des événements, a choisi de toucher la moto de Marc Marquez, prince d'un jour et peut-être pour de longues années du motocyclisme espagnol.
Comment attirer l'attention
Dans le paddock humide de Motegi, le Zurichois a pris le parti d'en rire: «J'ai vu plus de caméras braquées sur moi en quelques secondes que de toute ma carrière. J'ai répondu à plus de questions qu'après mon exploit du GP de Catalogne 2007 (troisième); à peine de retour dans mon stand, le grand cirque s'est déclenché. On a juste eu le temps de me calmer pour que je ne dise pas de bêtises, et c'était parti.»
Randy Krummenacher a 20 ans (depuis février dernier); et s'il attend depuis 2007 un nouvel exploit, s'il est désormais persuadé que cette confirmation aura pour cadre la classe Moto2, qu'il rejoindra l'an prochain, eh bien Randy n'a jamais passé pour un pilote méchant. Sauf, désormais, pour une partie de l'importante colonie espagnole: «On reprend tout depuis le commencement. Mon départ n'est pas mauvais, je m'infiltre à l'intérieur, je me fais tasser par un adversaire, ma roue avant touche la bordure, cela suffit pour déséquilibrer ma moto. Me voilà à terre, sur le dos, une meute vrombissante passant autour de moi. Je vois que ma moto glisse sur la piste, je vois aussi qu'elle touche des obstacles mobiles, mais ce n'est qu'après, quand je la récupère, que je la relève et que je reprends la course, que je découvre que Marquez est resté sur place.»
Marc Marquez, le nouveau joyau de la couronne d'Espagne. Jeune, surdoué, sans complexe, idéalement placé pour gagner le titre cette année. Et Sa Majesté, Juan Carlos Ier, est dans la tribune d'honneur. C'est lui qui va remettre le trophée au vainqueur, logiquement l'un de ses sujets. Ce ne sera pas Marquez. Randy Krummenacher, lui, par une décision d'un genre nouveau de la Direction de course, sera arrêté au drapeau noir, pour «conduite dangereuse». Méchant, va.