MOTOCYCLISME
Lorenzo a des trous de mémoire
Image © Keystone
Quand il est irrité, Jorge Lorenzo a la mémoire qui flanche
L’Espagnol, qui sera champion du monde dimanche s’il termine parmi les dix premiers, ne veut plus parler de ce qui s’est passé au Japon. Rossi, en revanche, continue d’apprécier
Jean-Claude Schertenleib - le 07 octobre 2010, 22h09
Le Matin
GP de Malaisie
«Que s’est-il passé au Japon? Ah oui, j’ai signé pour deux nouvelles années avec Yamaha, c’est super.» Jorge Lorenzo est un peu comme Abraracourcix, le chef du village gaulois d’Astérix, lorsqu’on lui parle de la défaite d’Alésia. Il a choisi d’oublier. Circuit de Sepang, Malaisie, 17 heures, heure locale. Pour la première fois depuis une semaine, Jorge Lorenzo et Valentino Rossi sont à la même table, séparés certes par Casey Stoner, mais ils sont ensemble, à quelques mètres l’un de l’autre, obligation protocolaire oblige.
Alors, bien sûr, on les observe, on les attend. Lorenzo est le premier à prendre la parole, il parle de ce dimanche qui pourrait être «spécial. Spécial pour moi, pour mon team, pour ma famille.» Ce dimanche où il deviendra champion du monde s’il termine parmi les dix premiers, alors qu’ils seront au mieux seize au départ. Facile? «Je veux rester concentré, ne pas penser à la situation au championnat.» A ce stade de la saison, si proche de la décision, tous les pilotes tiennent le même discours. Et pendant ce temps, Valentino Rossi se chatouille la lippe.
Rossi reste Rossi
Le temps que Stoner balance quelques vérités toutes faites, lui qui vient de gagner les deux derniers GP, voilà que les regards se tournent sur la gauche, vers Valentino Rossi: «J’adore ce circuit, je suis impatient d’être à demain, de pouvoir rouler.» Rossi sait pourtant qu’on l’attend sur autre chose, sur les événements de dimanche dernier, sur ce corps-à-corps qu’il a livré à son adversaire dans deux derniers tours d’anthologie. Que s’est-il passé depuis? «Rien de spécial, nous ne nous sommes pas parlé.» L’employeur des deux, Yamaha, a-t-il exigé la paix? «Mais non, pourquoi? C’était une bagarre formidable et, croyez-moi, elle était aussi sympa à vivre depuis la moto que pour vous, qui l’avez regardé à la télévision. Mais c’est toujours resté correct. Et puis Dani Pedrosa était déjà à l’hôpital; donc, quoi qu’il ait pu arriver, cela ne remettait pas en cause le championnat.» Valentino Rossi n’en démord pas: la bataille a été virile, certes, mais pas plus: «Je crois que tout le monde aime cela, quand cela se joue dans le dernier tour. C’est idéal, non?» On demande une réaction à Lorenzo, il a un nouveau trou de mémoire: «Je ne sais plus ce qui s’est passé en course à Motegi. Je m’intéresse à l’avenir.» Alors, on tente une dernière approche: Valentino Rossi, vous avez déjà gagné à neuf reprises le titre mondial, sept fois dans la catégorie reine, quel conseil donneriez-vous à Lorenzo pour la course de dimanche? «Je pense qu’il n’a pas besoin de mes conseils.»
La paix des braves, entre les deux équipiers chez Yamaha, ce n’est décidément pas pour demain.