L'Egyptien du FC Bâle ne veut pas jouer en Israël
Football
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La présence de Mohamed Salah à Tel-Aviv n’est pas sûre du tout. Et ça fait couler beaucoup d’encre.
Par Simon Meier. Mis à jour à 09h38 21 Commentaires
Avant même le tirage au sort, Mohamed Salah avait annoncé qu’il ne jouerait pas contre le Maccabi Tel-Aviv. Mardi dernier, il a changé de chaussures pour ne pas avoir à serrer la main des joueurs israéliens.
Image: Andy Mueller/freshfocus
L'avis d'un journaliste israélien
Adi Rubinstein, en fervent supporter de l’Hapoel Tel-Aviv, grand rival du Maccabi, appellera de tous ses vœux une qualification du FC Bâle mardi soir. En tant que journaliste au Israël Hayom, il est fort bien placé pour dessiner le contour de ce qui attend les Rhénans, avec ou sans leurs Egyptiens. «C’est un sujet brûlant ici. Pour l’instant, les journaux n’en parlent que dans les rubriques sportives, dit-il, mais, dès dimanche, ça viendra dans les talk-shows politiques.»
Une semaine avant le match, chose rare, le stade affiche complet. Il n’y aura pas tant d’âmes (15 000), mais elles y mettront du cœur. «Ça va être très chaud, prédit Adi Rubinstein. Maccabi, sur la carte politique, se situe sur l’aile droite, et cette affaire a réveillé le sentiment patriotique des supporters. Même des gens qui habituellement détestent le Maccabi seront derrière l’équipe. Il y aura plus de drapeaux d’Israël que d’habitude, ils vont chanter l’hymne national…» Mais encore? «Il y aura aussi des supporters du Betar Jérusalem, des fascistes qui voient là une belle occasion d’exprimer leurs idées. Ils vont chanter «tuons les Arabes» en hébreu.»
Adi Rubinstein précise, et c’est tant mieux, qu’il ne faut pas s’attendre à des violences physiques. Comme pour dire au revoir, il résume le sentiment publié par son quotidien hier: «C’est tellement typique d’être neutre quand on est Suisse… Le FC Bâle doit convaincre ses joueurs, qui sont professionnels, de venir jouer ici. Parce qu’on parle de football, là. M. Yakin doit rappeler à Salah et Elneny qu’ils ont signé un contrat avec leur club et qu’ils doivent jouer.»
La politique a-t-elle sa place sur un terrain de football?
Le football, ce langage universel qui prône amour et tolérance, réunit les peuples, main dans la main, au-delà des frontières… Mais pas toujours. A vrai dire, le climat est pesant avant le match retour du 3e tour qualificatif de Ligue des champions, mardi prochain à Tel-Aviv, entre le Maccabi et le
FC Bâle.
Bien davantage que l’étroitesse du score à l’aller (1-0 pour les Rhénans), c’est l’affaire Salah-Elneny – surtout Salah – qui fait grincer des cordes sensibles. On ne fait pourtant qu’assister au millième épisode, au moins, du fameux feuilleton «Quand la politique prend le sport en otage».
Avant même le tirage au sort, l’international égyptien Mohamed Salah, une immense star dans son pays, avait déclaré sur les réseaux sociaux qu’il n’irait «sûrement pas jouer contre des sionistes». Puis il s’était vaguement rétracté, se rappelant peut-être que les deux pays sont officiellement en paix depuis 1979.
Son attitude mardi dernier, lorsqu’il avait changé de chaussures pour ne pas avoir à serrer la main des joueurs du Maccabi (voir photo), a ravivé la polémique. La presse israélienne, répondant aux provocations de son homologue égyptienne, a colporté quelques messages de bienvenue au joueur: «Nous espérons que tu seras là, le public de Tel-Aviv ne te laissera pas en paix, pas un instant de silence.»
Yakin les attend
Mohamed Salah, en porte-à-faux tranchant par rapport à une partie de l’opinion publique égyptienne, pourrait donc renoncer à ce déplacement capital sur le plan sportif alors qu’il est, tout comme Elneny, une pièce maîtresse du FCB. «Personne ne m’a jamais dit qu’ils ne viendraient pas, a déclaré l’entraîneur Murat Yakin hier en conférence de presse, tâchant de désamorcer le contexte. Je pense qu’ils vont voyager avec nous, je les attends lundi matin à 8 h à l’aéroport.»
En frappant un étage plus haut, on sent pourtant bien que le club le plus puissant de Suisse se trouve soudain démuni, penaud face à la situation, dépassé par les événements. «C’est une affaire délicate, qui va bien au-delà du FC Bâle et du sport, admet au bout du fil, marchant sur des œufs, le président Bernhard Heusler. Au club, nous nous sommes accordés à dire que ce n’était pas à nous de livrer nos sentiments au public. Ils pourraient être mal interprétés. Nous ne sommes qu’un club de football et nous souhaitons faire preuve de respect envers tout le monde.»
Les dirigeants bâlois ont évidemment beaucoup parlementé avec leurs deux Egyptiens ces derniers jours. Et ce n’est pas fini. «Je ne pense pas que Salah va faire le voyage, nous glisse un «insider», désireux de garder l’anonymat. «Pour Elneny en revanche, qui est à peu près inconnu en Egypte et donc beaucoup moins sous pression, je suis plus optimiste.»
Joint par téléphone, Ohad Kadusi, joueur israélien fraîchement débarqué au Lausanne-Sport, n’a pas trop envie de s’étendre sur la question. Mais il livre son idée: «J’espère que les deux joueurs seront sur le terrain. C’est de la politique, le football n’a rien à voir avec ça.» Le football, ce langage universel qui prône amour et tolérance… des fois. (Le Matin)
Pour moi Bâle se plante vilain...........