Tour de France: Cadel Evans, un jaune homme très détendu
mar. juil. 15, 2008
par Clément Guillou
PAU (Reuters) - Cadel Evans, nouveau maillot jaune du Tour de France, est apparu plus détendu que jamais lors de la première journée de repos, à mi-chemin du plus relevé de ses défis de coureur cycliste.
"Le but reste le même: le jaune à Paris", a dit Evans lors d'une conférence de presse dans le jardin de l'hôtel où réside son équipe près de Pau.
Arrivé tout sourire sur fond de musique rock, le leader de l'équipe Silence-Lotto a affiché sa mine détendue durant 20 minutes, refusant de s'inquiéter de l'infime avance d'une seconde qu'il détient sur le Luxembourgeois Fränk Schleck.
"Nous essayons de prévoir des plans pour tout, même pour ce qui est imprévisible", a souri l'Australien, tombé durement dimanche mais souverain le lendemain dans les montées du Tourmalet et d'Hautacam.
"Après la chute j'étais vraiment très effrayé mais la journée d'hier m'a rassuré."
La seule chose qui semble perturber Evans est l'état de son épaule.
"Des fois, je ne peux pas (la) plier. Vous ne pouvez pas savoir le nombre de gens qui vous tapent dans le dos en ignorant ce que vous avez", a-t-il dit.
"Hier au protocole, j'avais surtout peur qu'Hinault me tape sur l'épaule", a poursuivi le maillot jaune, qui porte de moins en moins de bandages.
"PARLER DE LA COURSE ME REND MALADE"
Ses principaux adversaires? Evans refuse de les pointer. Selon lui, les Alpes peuvent encore tout changer. Il affirme même n'avoir pas encore regardé les classements dans le détail.
"Pour moi, Menchov et Schleck seront ceux à surveiller en premier lieu, mais dans quelques jours je m'attends à ce qu'il y ait de nouveaux hommes dans les cinq premiers, peut-être les Saunier Duval."
La course, il en parle le moins possible.
"J'ai (ma femme) au téléphone tous les jours, mais elle ne me parle pas trop de la course car elle sait que ça me rend malade."
S'il montre son attachement au maillot jaune, Evans cherche à débarrasser tout le monde de la pression inhérente au port de la tunique de leader, à commencer par lui.
"Il est jaune et de bonne qualité", rigole-t-il.
"(Une journée en jaune), je ne vais pas dire que c'est un jour comme les autres mais à bien y regarder, ce n'est qu'une étape avec un maillot d'une autre couleur."
"La course est ouverte comme attendu, ce qui n'est pas si mal car nous ne serons pas les seuls à devoir rouler derrière les adversaires."
SERGEANT: "C'EST UN TOUT AUTRE CADEL"
Le manager de la Silence-Lotto Marc Sergeant se prépare aussi à partager les responsabilités.
"Maintenant c'est très serré entre les cinq premiers, c'est pour tout le monde la même chose et on est dans le même bateau", a expliqué le Belge.
"On va (prendre nos responsabilités) avec une certaine détermination, mais il faudra juger un peu la situation, bien penser, être créatif."
Son équipe est-elle un peu faible? Sergeant s'échappe: "L'important c'est que le leader soit en bonne condition."
Assurément, Evans est au sommet de ses capacités et s'est libéré.
"Il a pris confiance en lui l'an dernier avec la deuxième place dans le Tour. Il a acquis un moral exceptionnel. Pendant l'hiver il a grandi, grandi en Australie et il est arrivé en Europe avec une confiance inégalée", poursuit Sergeant.
"Il a gagné dès le début de saison à la Ruta del Sol et sur Paris-Nice; avant, cela aurait été difficile. C'est un tout autre Cadel."
"Normalement, il est plus dans l'ombre qu'au soleil. Depuis quelques années, il a compris que pour gagner le Tour, il fallait se faire une place au soleil."
Et pour cela, rien de mieux qu'un maillot jaune sur le dos.
Edité par Bertrand Boucey