La classe reine cherche des pilotes valides
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La classe Moto GP est si exigeante que plusieurs pilotes se retrouvent en grandes difficultés, physiques ou psychologiques.
Bautistá absent pour plusieurs semaines, Rossi, Pedrosa et Crutchlow convalescents, Elias sérieusement atteint psychologiquement: la catégorie MotoGP est décimée.
Jean-Claude Schertenleib - le 30 mars 2011, 20h25
Le Matin
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L’histoire récente est riche en exemples: quand les GP s’enchaînent à un rythme effréné – ce sera le cas en juin, avec quatre courses programmées sur cinq week-ends –, le plateau des concurrents subit généralement une mue étrange, dont les symptômes sont de deux types. Soit on assiste à une diminution du nombre de pilotes au départ – déjà qu’ils ne sont que 17 en MotoGP –, soit le peloton présente des visages inhabituels, ceux de remplaçants venus d’un autre championnat, de l’équipe de test d’une marque, voire ressortis d’une retraite plus ou moins dorée.
A ce jour, un seul GP s’est joué – il y a deux semaines, au Qatar – et déjà la catégorie reine s’est transformée en lazaret. Valentino Rossi n’a pas encore retrouvé toute sa force dans son épaule droite, Daniel Pedrosa a terminé dans la souffrance la course de Doha, le Britannique Cal Crutchlow n’est pas totalement guéri et l’Espagnol Alvaro Bautistá en a pour plusieurs semaines, des complications musculaires et de circulation sanguine étant survenues après sa fracture du fémur gauche lors des essais de ce GP du Qatar.
Le travail grâce à la santé
Ajoutez à ce bilan de santé inquiétant les soucis psychologiques de Toni Elias – le champion du monde Moto2 de l’an dernier ne comprend plus rien à rien depuis son retour en MotoGP –, les petits bobos par-ci, par-là (Loris Capirossi s’est retourné deux doigts lors de l’accrochage survenu avec son équipier Randy De Puniet dans le premier tour de ce premier GP de la saison) et vous comprendrez aisément qu’il sera bientôt plus difficile de parier sur le nombre de pilotes qui rejoindront l’arrivée de la prochaine course MotoGP, que sur le nom de son vainqueur.
Elitaire à l’extrême
Comment en est-on arrivé là? En voulant faire de la catégorie reine une compétition élitaire à l’extrême, les promoteurs du championnat du monde se sont volontairement privés de quelques intéressantes solutions de rechange (il n’y a pas si longtemps, un bon pilote privé pouvait être appelé en cours de saison par une usine). Mais il y a plus grave: en précipitant toujours plus leur retour aux affaires après une blessure, les pilotes prennent des risques supplémentaires. Thomas Lüthi le sait très bien, lui qui vient de passer son premier hiver depuis très longtemps sans devoir passer par l’atelier de réparation; comprenez, par une salle d’opération. «A la fin d’une saison, quand on peut immédiatement entamer la préparation physique pour la suivante sans le moindre souci de santé, tout est plus facile. Et la qualité du travail physique est nettement meilleure.»
Et quand le feu passe au vert, ces pilotes épargnés, donc mieux préparés, font généralement d’emblée la différence.