Dis, Monsieur, dessine-moi une combinaison
Publié le lundi 04 avril 2011 à 10H46
VIC-SUR-AISNE (Aisne). Le pilote et l'artiste : ce qui pourrait être le titre d'une fable des temps modernes est devenu, au hasard d'une rencontre, une véritable histoire d'amitié et une fructueuse collaboration. Quand le motocyclisme et l'art entrent en collision, ça fait forcément des étincelles…
LE motocycliste axonais Louis Rossi risque de faire grand bruit sur les circuits cette année.
Sportivement, après une saison au cours de laquelle il avait inscrit ses deux premiers points en championnat du monde 125 cm3, il a débuté la nouvelle, il y a deux semaines, avec un premier point dès l'entame du championnat du monde. Plutôt de bon augure pour la suite. Louis commence également à faire parler de lui, grâce à sa nouvelle tenue.
Fait unique dans le monde de la moto, la nouvelle combinaison de Louis dessinée par l'artiste laonnois Sébastien Bayet ne passe pas inaperçue dans les paddocks des circuits du championnat du monde. Si l'Axonais du team Matteoni profite d'un équipement « original et personnalisé », l'artiste, quant à lui, voit son « œuvre » médiatisée comme jamais. « Mon travail va voyager toute une saison à travers le monde. C'est une opportunité extraordinaire pour une œuvre contemporaine », explique-t-il.
Rencontre avec l'artiste qui fait ses premiers pas dans le monde de la moto.
Sébastien, qu'est ce qui vous a séduit lorsque Louis vous a demandé de lui dessiner une combinaison ?
« Avant la concrétisation, ce qui m'a plus c'est la rencontre de deux univers totalement différents. Rien ne fonctionne de la même manière entre le monde de l'art contemporain et le monde de la moto. Le fait de pouvoir trouver des connexions entre ces deux mondes m'a vraiment interpellé.
Ensuite, lorsque Louis m'a proposé une collaboration j'ai trouvé l'idée intéressante. Le fait, également, d'avoir une œuvre contemporaine qui voyage à travers le monde sur une moto n'est pas quelque chose de très courant ! »
Comment l'inspiration vous est-elle venue ?
« Au départ, Louis m'avait demandé de lui dessiner un casque, mais je trouvais le support trop petit. Il m'a alors suggéré une combinaison. Le projet m'a plu.
Dès lors j'ai commencé à observer les combinaisons qui étaient traditionnellement conçues avec les lignes et des bandes de couleurs. Tout est droit, alors que justement, en course, ce sont les courbes qui sont passionnantes. Il se passe toujours quelque chose dans les virages : des chutes, des dépassements. Par ailleurs, Louis ayant comme chiffre porte-bonheur le 69 et que ce nombre me suit également - j'habite au n° 69 de ma rue, je suis né en 1969, par exemple -, j'ai cherché un moyen pour tout concilier. »
Mais cette année Louis porte le n° 96 ?
« C'est exact, mais il y a toujours un 9 et un 6 ! C'est aussi à cause de cela que j'ai essayé de trouver une forme qui pouvait coller au 96 comme au 69. »
C'est comme ça que vous avez conceptualisé cette forme qui ressemble à une virgule ?
« En fait, cette goutte symbolise aussi bien les courbes des circuits, qu'un 9 ou un 6 selon qu'on la positionne dans un sens ou dans un autre. Il se trouve également que cette forme est présente sur les draps mortuaires que j'utilise dans mes œuvres contemporaines. Elles symbolisent les larmes. La combinaison est donc un parfait mélange de mes inspirations artistiques et de la représentation que je me fais d'une compétition de motocyclisme. »
Propos recueillis par Jean-Baptiste BAYON
l'union presse