Laurent Blanc veut recadrer les enfants gâtés du football français
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Laurent Blanc, son adjoint Alain Boghossian et Fabien Barthez, le 30 août 2010 à Clairefontaine.
Après la désastreuse grève de l'entraînement à Knysna, Laurent Blanc et son staff ont remis au goût du jour leur rôle d'éducateur pour en finir avec l'image de joueurs rois. Premier visé, Franck Ribéry.
le 31 août 2010,
LeMatin.ch & les agences
Lors du Mondial sud-africain, Franck Ribéry avait fini par représenter l'archétype de l'enfant gâté, laissé libre de faire ce qu'il voulait. Alors que Raymond Domenech répétait que l'équipe de France n'appartenait à personne, le joueur du Bayern Munich avait multiplié les déclarations dans la presse pour jouer à gauche. Un poste qu'il avait finalement retrouvé, alors qu'il aurait dû faire profil bas quand s'accumulaient les ennuis avec la justice dans une affaire de moeurs.
Les choses n'avaient fait qu'empirer ensuite, jusqu'à un dimanche inoubliable, le 20 juin, où, à la surprise générale, il s'invitait en direct, et en claquettes, sur le plateau de Téléfoot - sous les yeux d'un Domenech hébété, seul invité prévu - pour présenter ses excuses à la France dans une sorte d'incroyable tranche de télé-réalité.
Mais quelques heures plus tard, le vice-capitaine Ribéry militait pour faire grève sur le terrain de Knysna. Ce double langage fut peu apprécié de la commission de discipline fédérale qui a infligé au joueur du Bayern trois matches de suspension en équipe de France.
Laurent Blanc, devant son poste de télé cet été, n'a pas non plus goûté la chose. "Il faudra qu'il change d'attitude, qu'il change de comportement et qu'il soit performant en équipe de France", a-t-il martelé dans la nuit de dimanche à lundi sur le plateau de 100% Foot, sur M6.
Et quand il fut demandé à Laurent Blanc lundi en conférence de presse à Clairefontaine si la France avait encore de "grands joueurs", il a d'abord répondu qu'il y avait "de bons joueurs", faisant ensuite référence à la génération dorée de 98 --dont Blanc faisait partie-- qui avait de "bons joueurs", un "grand joueur" (Zidane) mais surtout "un état d'esprit irréprochable".
Raymond Domenech avait promis avant le Mondial de chasser les "ego à coups de fusil". Mais il n'a pas vu un vestiaire en train d'imploser devant ses yeux. Laurent Blanc, lui, ne parle plus en général, mais, comme à 100% Foot, parle des cas individuels. Ribéry est prévenu.
Les changements de ton se voient aussi dans la vie au château de Clairefontaine, dans des petits détails qui, mis bout à bout, donnent un nouvel aperçu d'une reprise en main du staff de l'équipe de France.
Blanc a d'abord insisté sur la ponctualité. "J'ai accueilli les joueurs, aucun n'est arrivé en retard, je suis satisfait. J'avais donné un créneau large, d'une heure, une heure et demie, j'aurais mal accepté des retards", disait-il ainsi pour son premier jour à Clairefontaine le 9 août. Ce lundi, il s'est félicité de l'arrivée matinale (9h30) -"un exemple pour de jeunes joueurs"- de Florent Malouda, premier Bleu arrivé et, par ailleurs, auteur d'un excellent début de saison à Chelsea.
En arrivant sur la pelouse à Oslo, le 11 août, avant le match de rentrée en amical contre la Norvège, aucun joueur français n'arborait de casque audio, ces symboles de joueurs refermés sur eux-mêmes. Une image sans doute à mettre en rapport avec les propos de Blanc le 22 août sur Stade 2: "On a pris une direction qui est la mauvaise, on s'est mis dans une certaine bulle, on ne s'ouvre pas aux autres".
Lundi, à la fin de la séance d'entraînement, Alain Boghossian, un des adjoints de Blanc, a demandé à Philippe Mexès --capitaine en Norvège-- d'aller avec d'autres ranger les buts. Et "Bogho" de lancer aux joueurs: "Eh, on ramasse les bouteilles d'eau, y a pas de boy pour le faire!". Et les joueurs de s'exécuter.
Je lui souhaite un bel avenir avec les bleus....