Comme nous l’avons fait lors des deux dernières saisons, alors que la trêve estivale vient de commencer et que nous venons de passer la mi saison, nous pouvons maintenant tirer un premier bilan de ce début d’année.
Michel Turco le fait bien pour Moto Revue, donc pourquoi pas nous ?! Et puis en plus, nous on est sympa, c’est gratuit, vous ne payez pas pour avoir notre (enfin mon) avis ! La qualité n’est malheureusement pas la même, le seul point commun que l’on peut avoir avec Michel Turco, c’est peut être l’accent anglais !
Marc Marquez:
Comment ne pas commencer avec Marc Marquez : Le petit génie espagnol est actuellement leader du championnat après les neuf premières épreuves. Vainqueur à trois reprises sur les circuits d’Austin, du Sachsenring et de Laguna Seca, le protégé d’Emilio Alzamora n’a connu qu’un résultat blanc au Mugello alors que le podium lui était assuré. Très rapide aux essais de pré-saisons, Marquez a idéalement débuter sa saison avec un podium au Qatar, après s’être battu avec le Roi Rossi himself lors des derniers tours et en réalisant le meilleur tour en course. Puis dès sa deuxième course en catégorie reine, il réalise le triplé pôle-victoire-meilleur tour. Bref, du bon boulot. Il devient à cette occasion le plus jeune vainqueur en MotoGP, dépassant Freddie Spencer. On se doutait que Marquez allait être rapide, mais nous pensions aussi qu’il allait souvent dépasser la limite et se retrouver au sol. Et pourtant, sur les trois premiers du général, Marquez est le seul à ne pas avoir été blessé. Même si cela s’en est fallu de peu au Mugello lorsqu’il a perdu le contrôle de sa moto à plus de 300 km/h. Huit podiums en neuf courses, le ratio est très bon. Mais maintenant le plus dur arrive. Alors qu’il a profité lors des deux dernières courses des blessures de Dani Pedrosa et de Jorge Lorenzo, Marquez est maintenant l’homme à abattre en tant que leader du championnat. Et cela risque bien de changer l’approche qu’aura l’espagnol. Car même s’il déclare que le titre n’est pas son objectif, plus la fin de saison approchera, plus la pression augmentera. Malgré tout, Marquez sera le favori lors de la reprise sur le circuit d’Indianapolis avec son coéquipier Dani Pedrosa. Vainqueur dans l’Indiana lors des deux dernières éditions Moto2, insolent de facilité en 2010 en 125cc, sur un circuit favorable aux Honda, Marquez a tout pour être devant. Mais attention, malgré ses 16 points d’avance sur Pedrosa et 26 sur Lorenzo, rien n’est joué, ses deux compatriotes seront redoutables lorsqu’ils auront retrouvé leurs moyens physiques.
Jorge Lorenzo :
Alors qu’il restait sur deux victoires consécutives en Italie et en Catalogne, la saison de Lorenzo a pris un tournant lors des essais libres d’Assen. Alors qu’il était le plus rapide malgré la pluie, Lorenzo a chuté à grande vitesse. Fracture de la clavicule. Retour à Barcelone, opération, nouveau voyage pour les Pays Bas et hop on remonte sur la moto pour la course et on termine 5ème. Il faut bien reconnaitre, même si l’on n’est pas fan du pilote, qu’il a fait quelque chose d’assez insensé. 11 points qui pourraient compter en fin de saison. Lorenzo savait qu’il ne devait pas rechuter durant au moins deux courses et pourtant dès le week end suivant en Allemagne, il regoutait au bitume. Malgré un nouvel aller-retour pour la Clinique de Barcelone, cette fois le champion du Monde devait déclarer forfait. Même si Lorenzo n’est pas aussi dominateur que l’an passé, nous pouvons tout de même noter que sur les six courses achevées à 100% de ses moyens, Lorenzo compte trois victoires (comme Marquez) ainsi que deux troisièmes places. Seule une quatrième place au Mans l’avait laissé en dehors du podium. La pause estivale lui fera le plus grand bien pour se ressourcer et se soigner. Car pour la reprise, il aura fort à faire à Indianapolis, sur un circuit où Marquez et Pedrosa sont dominateurs depuis plusieurs saisons. Mais surtout Lorenzo doit faire attention au nombre de moteurs qui lui restent. Alors que Pedrosa et Marquez en ont encore à disposition, Lorenzo n’en a plus qu’un seul neuf. Cela pourrait jouer d’ici la fin de saison.
Dani Pedrosa:
Comme Jorge Lorenzo, la saison de Dani Pedrosa a pris un tournant avec une chute au Sachsenring. Forfait pour le meeting allemand, Pedrosa a par la suite terminé en 5ème position à Laguna Seca alors qu’il n’était pas à 100%. Mais contrairement à Lorenzo, le début de saison de Dani Pedrosa a été plus mouvementé. Critiqué dès la première manche après s’être fait battre par Marc Marquez, puis après Austin où Marquez s’est imposé pour la première fois de sa carrière, Pedrosa a bien réagi, n’a rien dit (comme très souvent) et a continué à travailler de son côté. Et le résultat ne s’est pas fait attendre. Victoire à Jerez, victoire au Mans (sous la pluie), deuxième place au Mugello en profitant d’une grossière erreur de Marquez, deuxième place en Catalogne. Mais un gros coup d’arrêt à Assen avec une quatrième place alors que Lorenzo, blessé terminait à quelques seconde derrière. On peut penser que Dani Pedrosa est atteint par les nombreuses critiques, qu’il voit d’un mauvais œil l’arrivée en fanfare de Marquez, mais pourtant, comme toujours il est présent. Et il ne compte que 16 points de retard sur Marquez, ce qui est très peu avec un forfait et une course disputée à 75% de ses moyens. Puis nous nous souvenons tous de la deuxième partie de saison 2012 de Pedrosa, lorsqu’il avait terminé six fois sur la plus haute marche du podium en huit courses. S’il fait une aussi bonne fin de saison que l’an passé, le titre ne devrait pas lui échapper. Ce qui serait mérité après ces nombreuses années à terminer dans le top 3 du championnat. Surtout que le rôle de pilote numéro 1 risque de très rapidement être attribué à Marc Marquez.
Valentino Rossi :
Début de saison mitigé pour le nonuple champion du Monde. Sur le podium dès le Qatar après une magnifique bagarre avec Marc Marquez, nous pensions que le Roi était de retour aux avants postes, pour son retour dans une équipe et sur une moto compétente. Mais dès la course suivante à Austin nous avons vu un Rossi en difficulté. Malgré tout, même si cela sera difficile de le voir champion du monde en fin de saison, il risque bien de se mêler à la lutte au titre jusqu’au derniers GP. Avec seulement 30 points de retard sur Pedrosa et 46 sur Marquez, il peut revenir. Souvenons nous de la saison 2006 lorsqu’il comptait plus de 50 points de retard sur Hayden. Bien entendu, la concurrence n’est pas la même et on ne voit pas Marquez, Lorenzo ou Pedrosa ne plus remporter de courses d’ici Valencia. En difficulté au Mans, fauché par Bautista au Mugello, Rossi nous a montré à Assen qu’il était toujours là en remportant sa première victoire depuis plus de deux ans. Trois podiums consécutifs avec Assen, le Sachsenring et Laguna Seca, Rossi semble monter en puissance, même si nous n’oublierons pas de noter les absences et blessures de Lorenzo et Pedrosa !
Cal Crutchlow
L’anglais de Tech3 réalise un bon début de saison. En bagarre en 2012 avec Andrea Dovizioso dans son propre team, cette année Crutchlow est le leader de l’équipe française. Quatre podiums en neuf courses, un rôle de pilote poil à gratter face aux équipes officielles, 116 points et 5ème du championnat à seulement une unité de Valentino Rossi, Crutchlow attire les convoitises. Malgré ses bonnes performances, nous devons toutefois noter qu’il chute encore trop souvent et notamment lors des essais. Mais les essais sont là pour faire les erreurs. Un abandon en Catalogne et une septième place inexplicable à Laguna Seca sont les points noirs de ces neuf premières courses. Mais l’an passé, après une très bonne première partie de saison (des résultats semblables à ceux de cette année) Crutchlow avait connu cinq abandons lors des huit dernières courses, avec au milieu deux podiums. Cal Crutchlow vient de signer dans la semaine chez Ducati pour les deux prochaines saisons. Mais excepté pour le compte en banque, quel est l’intérêt d’aller chez les rouges qui patinent toujours autant dans la semoule depuis trois ans. Rester chez Tech3 n’aurait-elle pas été la meilleure solution ?
Aleix Espargaro :
L’autre grosse surprise de ce début de saison avec Marc Marquez. Vainqueur du titre honorifique de champion CRT en 2012, Espargaro va renouveler son titre cette année. Avec 52 points il compte 28 unités de plus que son plus proche poursuivant Hector Barbera. Mais surtout Esaprgaro est maintenant devenu un habitué de la deuxième séance de qualification et un habitué des bagarres avec les Ducati. Huit fois meilleur CRT en neuf courses, un seul abandon à Laguna Seca, le pilote Aspar est surtout très régulier. Il ne commet quasiment aucune erreur que ce soit en course ou en essais. Enterrant son coéquipier, il compte déjà cinq tops 10 dont quatre huitième place, ce qu’il n’avait réalisé qu’une fois à Sepang en 2012 (dans des conditions particulière, la course ayant été arrêté rapidement après le déluge malaisien). Alors qu’en 2012 il était souvent à 2 secondes sur un tour des meilleurs, cette année, Espargaro arrive à se rapprocher et ne se bat plus avec les autres motos de son statut mais avec les prototypes. Son plus beau fait d’arme restant évidemment sa cinquième place en qualifications au Sachsenring avec un premier tour terminé en 3ème position devant Marc Marquez. Mais nous devons dire qu’il avait profité durant cette course des absences de Dani Pedrosa et de Jorge Lorenzo. De plus, cette année Bradley Smith sur sa Tech3 découvre la catégorie, alors que les quatre Ducati (surtout les Pramac) sont perdus en piste. Annoncé avec insistance sur une MotoGP pour 2014, nous verrons à ce moment-là si Espargaro pourra confirmer.
Stefan Bradl :
Celui qui aurait été dans les déceptions il y a encore trois semaines. Alors qu’il nous avait laissé entrevoir de belles possibilités l’an passé, le début de saison de Bradl est très mitigé. Une chute lors de l’ouverture de la saison au Qatar, une autre chute en Espagne à Jerez, une 5ème place à Austin loin derrière les autres pilotes qui connaissaient aussi le circuit, Bradl s’est par la suite rattrapé avec plusieurs tops 5 pour connaitre son apogée à Laguna Seca avec son premier podium en catégorie reine en terminant deuxième à deux secondes de Marc Marquez. Mais surtout, malgré les nombreux points pris tout au long de cette première partie de saison, Bradl termine souvent loin des leaders et engrange grâce la faible opposition. Comme dit auparavant, les Ducati sont loin, Smith apprend, il ne reste donc plus que les trois Yamaha et les trois autres Honda. Soit un total de 7 pilotes. Mais il nous prouve qu’il mérite cette Honda avec une première ligne en Allemagne et la pôle réalisée aux Etats Unis. Maintenant, espérons qu’il ait passé un palier et qu’il puisse se rapprocher des meilleurs et ainsi remonter sur le podium d’ici la fin de saison.
Alvaro Bautista :
Encore plus que Stefan Bradl, Alvaro Bautista ne nous a pas surpris en bien. Capable du meilleur comme du pire, l’espagnol reste malgré tout comme une petite déception. Sa quatrième place à quelques dixièmes de Valentino Rossi à Laguna Seca est bien le seul bon moment de sa première partie de saison. L’image qui nous reste du pilote Gresini est bien entendu son accrochage avec Valentino Rossi lors du deuxième virage au Mugello. Après avoir fait chuter Jorge Lorenzo l’an passé à Assen et Valentino Rossi, Nicky Hayden et Randy de Puniet à Valence en 2011, Bautista s’est une nouvelle fois illustré de la plus mauvaise des manières. Une semaine plus tard à Barcelone, là encore, l’ancien pilote Suzuki chute dans le premier tour alors qu’il suivait Valentino Rossi. Son équipe ne l’a pas épargné sur le moment, mais Bautista s’est relevé petit à petit. Seul pilote Honda à utiliser des suspensions Showa, cela pourrait être une des raisons de ce mauvais début de saison. Comme pour Bradl, Bautista profite du faible niveau des Ducati pour marquer des gros points. Souvent loin en fin de course, Bautista n’arrive que trop rarement à se mêler aux potentiels pilotes se battant pour le podium.
Randy De Puniet :
Première partie de saison très difficile pour Randy De Puniet pour ne pas dire catastrophique. Ecrasé par son coéquipier, dominé par Hector Barbera, le français vit un petit calvaire. Après avoir fini deuxième de la catégorie CRT en 2012 derrière Espargaro, il ambitionnait de terminer leader de cette catégorie pour 2013 puis espérait obtenir un guidon chez les revenants de Suzuki. Malheureusement rien ne s’est déroulé comme prévu. Dès les essais de pré saison, De Puniet semblait en retard sur Espargaro. Mais cela ne s’est pas arrangé. En difficulté avec son Aprilia ART, il n’arrive pas à prendre confiance en sa machine. Et quand un pilote n’est pas en confiance, cela se voit immédiatement. De plus il accumule les pépins techniques avec une casse moteur à Laguna Seca ainsi qu’un problème électronique en Catalogne. Bref rien ne réussit au français. Et puis l’aventure Suzuki a pris du plomb dans l’aile dès les premiers tours de roues en Europe. Alors que les premiers tests au Japon sur le circuit de Motegi avaient permis au français de découvrir la nouvelle Suzuki, il apprenait le jour des tests de Barcelone que Suzuki reportait son engagement en MotoGP pour 2015. De Puniet espérait que la firme d’Hammamatsu l’engage pour la saison prochaine. Malgré tout, les essais se sont bien déroulés pour une première, le français ayant impressionné avec de très bons chronos. Alors qu’espérer pour l’an prochain ? Difficile à dire, son contrat avec Aspar se terminant et nous pouvons penser que l’équipe espagnole voudra conserver Espargaro et l’associer à un autre ibérique. Peut être pilote de développement à temps complet chez Suzuki avec quelques wilds cards dans la saison ? C’est ce qui parait le plus réalisable. Gigi, Dall’Igna, boss d’Aprilia n’ayant pas apprécié de voir un de ses pilotes mener des essais pour une autre marque ne devrait pas lui proposer de guidon dans un des teams équipés par la marque italienne.
Nous reviendrons plus tard sur la saison des pilotes Ducati, car il y a beaucoup à dire!!