CYCLISME
Andy Schleck: «Je suis prêt à me sacrifier pour mon frère Fränk»
18. juillet 2011, 23h26
Laurent Guyot | Le Matin
Serein, Andy Schleck souligne la performance de Thomas Voeckler et parle du choix à effectuer afin de ramener le maillot jaune à Paris.
Les frères Schleck, hier, lors de la journée de repos. Andy (à dr.), quatrième au général, a promis d’aider Fränk, deuxième à moins de deux minutes de Thomas Voeckler, si la course le décidait. © Keystone
Andy Schleck, êtes-vous prêt à déboulonner Thomas Voeckler de son trône?
Je ne serais plus sur le Tour de France si j’avais perdu tout espoir. Il m’étonne. Le maillot jaune lui donne des ailes. Je vais déjà voir comment il survit dans les Alpes. Mais pour le moment, Thomas vole et nous n’allons pas le laisser encore partir dans une échappée.
Comment expliquez-vous l’absence de grandes batailles dans ce Tour?
Nous avons passé les Pyrénées avec deux seules arrivées au sommet soit à Luz-Ardiden et le plateau de Beille. Les favoris ne s’expliqueront jamais avant l’ascension finale. Et le niveau est trop serré entre le 1er et le 5e pour espérer effectuer un écart en l’espace de dix kilomètres. Bien sûr, c’était dur. Toutefois, nous n’avons pas roulé à bloc. C’était du stop and go. Mais je vous rassure, il y aura bien une journée où les éclats seront au rendez-vous.
Les arrivées à Gap et à Pinerolo vous inspirent-elles?
A Gap, je ne vois pas comment créer des écarts. La seule possibilité est la chute d’un favori dans la descente menant à l’arrivée. C’est du pareil à Pinerolo avec un facteur risque décuplé. S’il pleut mercredi, je crains le pire. Je ne peux donner du crédit à ASO ( ndlr: Amaury Sport Organisation, société organisatrice du Tour de France) pour un tel final. Je n’espère pas voir le Tour se jouer sur des chutes.
Misez-vous alors plus sur le Galibier que sur l’Alpe-d’Huez?
Les deux étapes sont propices à une course de mouvements. Les ascensions sont longues et nous serons souvent et longtemps à devoir pédaler à plus de 2000 mètres d’altitude. Les trois derniers kilomètres du Galibier sont très pentus et bien plus sélectifs que ceux connus à Luz-Ardiden ou au plateau de Beille.
Qui va attaquer?
Alberto Contador doit le faire s’il veut gagner. Et il n’est pas là pour faire de la figuration. Nous sommes déjà dans les startings pour le suivre.
Etes-vous prêt à vous sacrifier pour votre frère?
Nous savons parfaitement que nous ne pouvons pas gagner les deux le Tour de France la même année. Nous déciderons en fonction de nos sensations. Ce qui n’empêche pas d’affirmer que je suis prêt à me sacrifier pour Fränk. Le but, c’est d’avoir le jaune à Paris, pas de voir deux Schleck sur le podium.
Les «vacances» de Cancellara
Sur la terrasse de son «Relais & Château» de Noyons, Fabian Cancellara est plus disponible que jamais. Tantôt moqueur, tantôt sérieux, le Bernois n’a pas manqué de relever les absences répétées des journalistes autour de lui. «Je suis en vacances. Tout le monde me laisse tranquille cette année. Il n’y a ni maillot jaune, ni victoire d’étape. Je suis persuadé qu’ils ont trouvé d’autres histoires plus intéressantes. Je passe un bon Tour car je peux rester dans le bus, «twitter» et rouler pour l’équipe.» Avant d’aller se dérouiller les jambes l’espace d’une petite heure, le porteur d’eau de luxe des Leopard-Trek a refusé, pour l’heure, de parler de succès dans le chrono de Grenoble. «Je me concentre sur le travail à faire pour les Schleck. Nous sommes là pour gagner le Tour, pas un contre-la-montre. Et il y a du boulot. Croyez-moi même dimanche sur la route de Montpellier nous n’étions pas à la fête. Il y en aura encore jusqu’au sommet de l’Alpe-d’Huez. Or nous avons déjà mal aux jambes même si les Pyrénées n’étaient pas aussi dures que lors des précédentes éditions.» Ce qui n’empêche pas le No 1 helvétique d’avoir sa petite idée sur le dénouement de l’épreuve. «Cadel Evans ne fera jamais le spectacle. Il attend le chrono. Ivan Basso roule à son rythme. Alberto Contador revient en forme. Et je m’attends à une belle bagarre entre lui et les deux frères. Quant à Thomas Voeckler, je le vois exploser de la plus belle des façons dans l’Alpe-d’Huez.»