Solitaire du Figaro : le sommeil, l'ennemi invisible du solitaire
AFP - 01. août 2011, 01h08
Quarante-sept navigateurs prennent dimanche à Perros-Guirec (Côtes d'Armor) le départ de la 42 édition de la Solitaire du Figaro, avec en commun un adversaire redoutable et invisible: le sommeil.
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Les participants à la solitaire du Figaro prennent le départ, le 31 juillet 2011 à Perros-Guirec. AFP
http://www.lematin.ch/files/imagecache/600x440/depeches/photo_1312153424029-1-0.jpg Le skipper Nicolas Lunven prend le départ de la 42 édition de la Solitaire du Figaro, le 31 juillet 2011 à Perros-Guirec AFP
http://www.lematin.ch/files/imagecache/600x440/depeches/photo_1312153574701-1-0.jpg Les participants à la solitaire du Figaro prennent le départ, le 31 juillet 2011 à Perros-Guirec. AFP
Cette course, longue de quelque 1695 milles (environ 3050 km), conduira les concurrents de Perros-Guirec à Dieppe (Seine-Maritime), en passant par Caen (Calvados), Dun Laoghaire (Irlande) et Les Sables d'Olonne (Vendée). L'arrivée à Dieppe est prévue autour du 24 août.
Chaque étape dure de trois à quatre jours, le temps passé en mer dépendant du vent et des courants. Pendant ces étapes, longues de 320 à 475 milles (576 à 775 km), chacun n'aura qu'une idée en tête: pousser le bateau à fond, de jour comme de nuit.
Tous les voiliers sont équipés de pilotes automatiques mais dormir est un luxe que les concurrents s'octroient avec parcimonie car le niveau de la concurrence est tel que chaque minute de sommeil peut se traduire par des places irrémédiablement perdues.
La Solitaire du Figaro se déroule en outre dans des eaux encombrées (Manche et mer d'Irlande en particulier), où le trafic maritime est l'un des plus intense au monde. Sans compter la présence de nombreux bateaux de pêche.
"La course au large est le seul sport qui intègre performances et récupération, observe Jean-Yves Chauve, le médecin de la course. Les navigateurs sont des... dormeurs de haut niveau, qui ont appris à optimiser au maximum le sommeil".
"Le but est de dormir le moins et le mieux possible, poursuit-il. L'art du solitaire consiste donc à choisir le bon moment".
Tout dépend naturellement des conditions météo mais aussi de la situation dans laquelle on se trouve par rapport à tel ou tel concurrent. Si un coureur voit qu'il rattrape un adversaire, il n'ira pas probablement pas s'allonger dans sa bannette!
Selon le Dr Chauve, qui a beaucoup travaillé sur le sujet, les coureurs dorment environ une heure et demie par 24 heures. Soit, idéalement, deux mini-sommes de 30 minutes la nuit et un autre de même durée pendant la journée.
Il ne s'agit que d'une moyenne. Certains préfèrent des pauses plus courtes et plus fréquentes, d'autres (plus rares) s'autorisent des plages de récupération un peu plus longues. Mais tous ne dorment que d'un oeil, attentifs aux bruits du bateau et de la mer.
Isabelle Joschke (Galettes Saint-Michel), l'une des deux femmes engagées dans cette course, affirme ne pas dormir plus de 8 minutes chaque fois. "J'ai du mal à m'assoupir sereinement, confie-t-elle. En course et dans ces eaux encombrées, les risques de collision sont importants. En fin d'étape, je suis 'rincée'".
"Je dors par périodes de 10 à 15 minutes mais c'est le bateau qui décide en fonction du parcours et de la météo, note pour sa part Romain Attanasio (Savéol). Je pourrais très bien ne pas dormir mais je perdrais alors en lucidité".
Selon Jean-Yves Chauve, tous les coureurs s'entraînent désormais à gérer leur sommeil pour maîtriser cet autre adversaire. "L'adrénaline de la course et la caféine les aident à tenir, souligne-t-il, mais il faut tenir ce rythme pendant un mois et ne pas en abuser car l'organisme ne suivrait pas".