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Beat Feuz: une 2e place qui a un goût de victoire
13.01.2012 - 14:42 - mise à jour: 14.01.2012 08:53
Feuz a ravi "son" public. De bon augure avant la descente de samedi. [Michael Buholzer - Reuters]
Beat Feuz est décidément la nouvelle étoile du ski helvétique. Victorieux le matin de la descente, le Bernois a pris la 2e place du super-combiné de Wengen, à 20 petits centièmes de l'inévitable Ivica Kostelic. Feuz fête son 5e podium de l'hiver, tandis que le Croate s'offre un 5e succès au Lauberhorn.
"J'espère faire une bonne descente, et me mêler à la lutte avec les meilleurs. Ensuite, en slalom, tout est possible...". On ne pourra pas dire que Beat Feuz n'a pas annoncé la couleur avant le super-combiné de Wengen.
Le Bernois a commencé par "sortir" une descente de feu(z) avant de faire trembler Ivica Kostelic.
"Franchement, je pensais que Feuz allait gagner quand j'ai vu qu'il était devant au dernier intermédiaire", déclarait, un brin soulagé, le Croate aux cinq succès au Lauberhorn (à une longueur du record de Marc Girardelli). Mais
"une petite faute sur le bas du slalom m'a certainement coûté la victoire", concédait l'Emmentalois, qui signe un 1er podium "à domicile".
"Etre aux côtés de Kostelic, un rêve"
"Voir skier Kostelic en slalom est un vrai rêve. Me retrouver à ses côtés sur un podium est donc encore plus beau!". Beat Feuz n'est pas déçu pour un sou de sa 2e place. Surtout que son meilleur résultat en en super-combiné était une 10e place.
Et même si "Kugelblitz" fut en son temps double médaillé de bronze chez les juniors en slalom,
Le dauphin du super-combiné a droit aux cloches. [Samuel TRUEMPY - Keystone] la discipline du virage court n'est aujourd'hui plus une priorité.
"Je n'ai que 6-7 jours de slalom à mon actif depuis l'été, et je crois que le dernier était en octobre".
Reste que Feuz avait visiblement coché ce 1er rendez-vous de Wengen. Il s'est ainsi aligné comme ouvreur lors du slalom d'Adelboden et a repassé quelques piquets mercredi et jeudi.
"Je ne pense pas que j'aurais pu mieux skier"
Beat Feuz a évidemment signé un gros coup vendredi, avec ce 5e podium de l'hiver. Mais il pourrait bien en réussir un plus gros encore samedi, lors de LA descente du Lauberhorn. Sa démonstration vendredi matin lui permet en tout cas les rêves les plus fous.
"Je ne pense pas que j'aurais pu skier beaucoup mieux", explique-t-il.
"Il n'y aura pas grand-chose à changer. Et ce qui me réjouis encore plus, c'est que personne n'a approché mon chrono".
Le fait que la "vraie" descente sera environ une minute plus longue ne l'inquiète d'ailleurs pas plus que ça. Sa recette du succès paraît simple.
"Je dois juste encore analyser le haut du tracé, que nous n'avons pas skié vendredi".
Feuz, on le sait, n'est pas homme à se prendre le chou. Et ce même si toute une nation espère un nouvel exploit.
"Le fait de skier devant mon public ne constituera en tout cas pas un blocage", avertit-il.
"Pour moi, ce sera plutôt une grosse source de motivation."
Russi et Miller en admiration
Mais pas question d'avoir les yeux plus gros que le ventre.
"Je sais qu'il se ra difficile de faire mieux, voire aussi bien", annonce le triple champion du monde juniors. Mais une chose est sûre, il croit fort en son étoile.
"La façon dont j'ai skié ma descente me laisse penser que j'ai à nouveau ma chance samedi". A l'instar d'Albrecht il y a quelques années, il n'ira donc pas chercher son prize-money de vendredi. Il préférera certainement aller en chercher deux d'un coup!
Beat Feuz a finalement échoué à 20 centièmes d'un premier succès en super-combiné. [Marco Trovati - Keystone] Bernhard Russi, consultant de la TV alémanique, voit lui aussi Beat Feuz comme possible successeur de Carlo Janka ou Didier Défago comme vainqueur suisse au Lauberhorn. Selon le champion olympique 1972 de descente,
"mieux passer le S-final que lui est impossible." Feuz, lui, répond en toute modestie qu'il n'a pas été
"le plus rapide" dans ce passage,
"mais si je le skie comme vendredi, je serai très content".
Bode Miller, 2e derrière le Bernois après la descente et 3e au final, prédit pour sa part que Feuz
"semble vraiment très fort".
"S'il fait une erreur, je serai là pour en profiter, mais si non ce sera très difficile", avance le double vainqueur de Wengen (2007/08).
Ivica Kostelic comme à la maison à Wengen
Ivica Kostelic est pour sa part comme à la maison à Wengen, son
"endroit porte-bonheur". Et comme l'an dernier, le Croate a remporté le super-combiné, son 5e en 6 épreuves Coupe du monde. Mais il s'en montrait le premier surpris.
"Personne, et moi le 1er, n'aurait parié sur ma victoire après ma descente. Trois secondes de retard, je pensais que c'était vraiment trop...".
"Ivo" avait pourtant déjà réussi pareille remontée à Chamonix, en 2011.
"Mais là-bas, je comptais 2"50 de retard et le slalom était bien plus long!".
Reste qu'au moment de la reconnaissance du tracé, le tenant du Globe du général a
"Ca s'est joué à ça", explique Kostelic à Feuz. [Trovati - Keystone] entrevu le soleil.
"J'ai remarqué que le slalom était piqueté facile et que la neige était peu exigeante...". Ne restait au frère de Janica "plus qu'à" tout donner.
"Vu ma descente, je disposais d'un bon numéro de dossard". Le Croate a alors livré un véritable récital.
"C'était une manche quasi parfaite, l'une de mes toutes meilleures", confiait l'homme aux 21 succès en Coupe du monde, pour un total de 43 podiums.
Il peine toutefois à comprendre ce qui a bien pu se passer en descente.
"J'ai commis une erreur après la Minschkante, mais elle ne me coûte pas 3". Mais cet hiver, je perds beaucoup de temps sur les tronçons de plat. Je dois analyser tout ça. Mais quand j'ai vu la course d'Aksel Svindal (+2"30), ça m'a un peu réconforté, surtout qu'il est souvent très rapide sur cette piste...".
"Bientôt des médailles en construction de bonhommes de neige!"
Ivica Kostelic, vice-champion olympique de la spécialité, n'a ensuite pas manqué de prendre la défense du super-combiné, une épreuve que l'on dit extrêmement menacée après les JO 2014.
"Ce serait un non-sens de la supprimer", lance-t-il.
"Il faut se battre pour cette épreuve, quelque soit le format qu'elle a ou aura".
Pour justifier ses propos, le Croate explique que
"le combiné a une grande tradition en ski alpin, et que ce dernier occupe une place majeure aux JO".
"Je sais qu'il y a de plus en plus de sports aux Jeux, et peut-être bientôt des médailles en construction de bonhommes de neige ou en bataille de boules de neige (sic!), mais je ne vois pas pourquoi on devrait arrêter le super-combiné!".
Wengen, Daniel Burkhalter