post croisés
ça me prend un peu plus de 20 minutes pour pondre un pavé, c'est pour ça que je ne poste pas souvent.
bien sûr que la participation de KTM au dakar doit représenter un paquet de fric mais autant sortant que rentrant (du moins je leur souhaite d'équilibrer les comptes, le boulot d'un gérant est de gagner de l'argent, pas d'en perdre. je ne connais pas de poste où on te laisse perdre de l'argent sans conséquences, à part politicien)
t'as des dizaines d'équipes, une cinquantaine de pilotes, des centaines de partenaires dont red bull et même l'organisateur du rallye qui sont parties prenantes avec des contrats rédigés par des spécialistes en droit.
en cas de retrait total, il faudrait indemniser tous les participants dont certains ont basé tout le financement de leur saison sur la participation au dakar, le seul rallye moto massivement médiatisé.
s'ils ne prennent pas le départ, ils peuvent vendre leur maison pour payer les en-cours, organiser leur faillite personnelle pour limiter les poursuites légales et s'apprêter à dormir dehors avant la fin du mois.
la plupart des pilotes sont auto-entrepreneurs ou entreprise individuelle, ils ne cotisent pas à l'assurance chômage et si le plan de l'année capote au 1er janvier, ça va très mal se passer pour eux.
en extrapolant un peu ça pourrait même remettre en cause la catégorie moto au dakar.
je ne sais si l'on peut compter l'organisateur du rallye comme un créancier, en tout cas c'est un partenaire de premier rang qui aurait beaucoup à perdre.
en enduro c'est pire, le groupe ktm est quasiment le seul fournisseur tellement ils ont phagocyté ce secteur.
dans ces catégories comme en SSP, les jap's ont délégué le boulot à des teams satellites et ne sont présents officiellement que dans les catégorie reines : MX1 mondial, SX1 US, SBK et MotoGP.
et encore ! en SBK on est nombreux à deviser sur la valeur relative des pilotes alors qu'en fait ya juste une ou 2 motos au niveau.
dans le microcosme du supermono de course, il y a krämer, un autrichien qui fabrique des monos de vitesse, il en vend un peu dans une micro niche (course) au milieu d'un autre marché de niche (monocylindre), autant dire que c'est pas là dessus qu'il paye son salaire, mais dans la sous-traitance des faisceaux électriques des motos de course. c'est du matos de qualité, assemblé avec soin par des petites mains hyper qualifiées mais concrètement il te vend le kilo de cuivre à plus de 1000€.
si ktm arrête, soit il trouve d'autres clients, soit il dépose le bilan.
comme c'est un entrepreneur averti, ça ne sera pas la première fois qu'il se fait planter par un client et il trouvera à rebondir dans une autre filière.
du moins je lui souhaite car il n'a aucune capacité à aider KTM, même en bossant gratuitement et je suis à peu près sûr que ktm lui doit déjà du pognon qui lui manque pour clôturer son bilan comptable.
à l'opposé, les fabricants de pistons ou de jantes ont d'autres clients, KTM ne représente qu'une petite partie de leur chiffre d'affaires et ils n'ont rien à gagner à investir.
en général dans le business c'est le client qui investi dans un fournisseur pour élever son niveau de fabrication et pas l'inverse.
il me semble que les suspensions WP's ont déjà quitté la holding, c'était peut être un signe avant coureur.
concernant les arriérés de payement, ça a déjà coulé des boites et pas des moindres, mais depuis la crise de 2009 et ensuite celle post-covid, ya des exonérations d'impôts, des cautions solidaires et je ne sais quels autres subterfuges comptables pour passer à travers : la Société Générale n'a pas perdu le moindre centime sur son bilan suite à l'affaire kierviel, pire, elle a même plutôt assaini ses comptes sur le dos des contribuables.
dans le même ordre d'idée, l'état français a prêté 10 milliards à Peugeot Financement pour les sauver de la faillite en 2012, c'est pour ça que j'évoquais la volonté politique de sauver une boite mais KTM n'a pas le poids d'un Air France (régulièrement renfloué à grand coups d'argent public) ou de l'industrie automobile française qui doit représenter au pif 10% du PIB et dont la défaillance d'un des acteurs risquerait de provoquer une chute de domino incontrôlable.
l'aspect "limiter la casse et espérer rebondir" doit occuper pas mal de cellules de crise et m'est d'avis que nombre de risk managers qui ont validé des avances de trésorerie ne doivent pas très bien dormir ces derniers temps.
d'autant plus que le système bancaire allemand (et par extension autrichien) est bardé de gardes fous sensé garantir la solvabilité des prêts. certains observateurs du milieu estiment que la bundesbank repose sur du flan aussi solide que KTM alors qu'elle applique les critères avec une rigueur toute germanique.
c'est un autre sujet sur lequel je ne suis absolument pas compétent pour avoir un avis circonstancié.