Non au sperme de dauphin
Loi
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L’insémination artificielle permettrait de contourner l’interdiction d’importer des cétacés. Des voix s’élèvent contre cette pratique.
Par Victor Fingal. Mis à jour il y a 9 minutes
Image: Keystone
Doit-on tout faire pour avoir des dauphins en Suisse?
Le débat va faire rage demain au Conseil national: la Suisse doit-elle interdire l’importation de dauphins et de baleines? A cette question, la commission de la Chambre basse a déjà répondu par l’affirmative. Mais la nouvelle loi ne suffirait pas à sonner le glas de Connyland à Lipperswil (TG), le dernier des delphinariums de Suisse. Non, selon Andreas Morlok, responsable de ProWal, une organisation allemande de défense des cétacés, il faut aussi empêcher l’importation de sperme de dauphin.
«Actuellement, au delphinarium, il ne reste qu’une femelle, un bébé âgé de 3 mois et trois autres jeunes mâles.» La conséquence, selon l’activiste: «Une reproduction durable n’est donc pas possible. Il n’est pas exclu que du matériel génétique destiné à une insémination artificielle soit importé.» Le défenseur des animaux a encore ajouté dans Der Sonntag: «Il ne faut pas que le dernier dauphin femelle de Suisse soit utilisé comme machine à reproduction.»
Pour la conseillère nationale Isabelle Chevalley (Vert’libéraux/VD), qui avait déposé la motion visant à interdire l’importation de dauphins et de baleines, cette nouvelle donne n’a rien de loufoque. «Je vais en parler demain au Conseil national. Importer du sperme de dauphin, ce serait contourner l’esprit d’une nouvelle loi qui consiste à rendre impossible la détention de dauphins en Suisse.» Quant à la direction de Connyland, elle n’était pas joignable hier pour une prise de position.
«Un dauphin dans un delphinarium, c’est comme un tigre obligé de tourner en rond dans sa cage», a aussi estimé Isabelle Chevalley. Critiqué depuis de nombreuses années, Connyland avait été placé une nouvelle fois sous les feux de l’actualité en novembre dernier. Coup sur coup, deux dauphins mouraient alors dans des conditions étranges. La proximité d’une discothèque et ses décibels avait même été évoquée comme cause probable des décès. Mais le ministère public avait conclu que la mort était due à la prise d’antibiotiques causant des dommages au cerveau. Une analyse contestée par la direction, préférant la thèse de l’empoisonnement étayée par la découverte d’opiacés lors de l’autopsie. Erich Brandenberg, directeur du parc, a menacé de lancer un référendum si la nouvelle loi mettant en danger l’existence du delphinarium devait entrer en vigueur.