Spezza marche sur les traces de Gilmour à Rapperswil
14.10.2012
![](http://www.rts.ch/2012/10/10/19/00/4340401.image?w=534&h=301)
Spezza apprécie la quiétude liée à la petite ville qu'est Rapperswil. [Salvatore Di Nolfi - Keystone]
Le qualificatif "star" est souvent apposé automatiquement au nom d'un joueur lorsque celui-ci évolue en NHL. Parfois à tort. Mais pas dans le cas de Jason Spezza. RTSsport.ch s'est entretenu avec le centre de 29 ans, figure emblématique des Sénateurs d'Ottawa, où il joue depuis 2002.
Le Canadien, à Rapperswil le temps du "lock-out", a été le 4e meilleur compteur de la ligue nord-américaine en 2011/12, avec 84 points. Deux fois sélectionné pour le All-Star Game du meilleur championnat au monde, l'Ontarien a rejoint le canton de St-Gall afin de se maintenir en forme avant une éventuelle reprise en NHL.
"J'ai parlé à Doug Gilmour avant de signer"
RTSsport.ch: Vous n'êtes pas la première superstar canadienne ayant joué pour Rapperswil. Durant le "lock-out" de 1994, Doug Gilmour avait enchanté le public saint-gallois durant 9 rencontres.
JASON SPEZZA: Oui, je le savais. Je lui ai d'ailleurs parlé avant de signer aux Lakers. Il n'avait que du positif à me dire sur la ville et la patinoire. Il a vraiment apprécié la Suisse.
En 1994, Doug Gilmour était aussi passé par Rapperswil. [Salvatore Di Nolfi - Keystone]RTSsport.ch: Gilmour, millionnaire, avait impressionné ses coéquipiers en les invitant tous au restaurant avant son retour à Toronto. En ferez-vous de même?
JASON SPEZZA: Certainement. Les gars sont vraiment sympas avec moi. Ils m'ont tout de suite accepté et m'ont fait me sentir un membre à part entière de l'équipe très rapidement. Je me dois donc de rendre quelque chose à mes coéquipiers en retour.
RTSsport.ch: Connaissiez-vous quelqu'un personnellement dans l'effectif des Lakers?
JASON SPEZZA: Non, personne. Bien sûr, je connaissais déjà "Abby" (réd: David Aebischer) pour l'avoir affronté en NHL, et un peu Michel Riesen, de renom, car c'est lui aussi un ex-joueur de NHL (réd: il a joué à Edmonton en 2000/01).
RTSsport.ch: Pourquoi avez-vous choisi Rapperswil plutôt que la KHL, ou un autre club helvétique plus huppé?
JASON SPEZZA: J'ai parlé avec différentes équipes suisses. Mais je ne veux pas les nommer. J'ai choisi Rapperswil car c'est une petite ville. Mes 2 filles et ma femme y sont en sécurité. Elles peuvent se promener et profiter de la région en toute tranquillité. Je savais que la LNA est une bonne ligue, et j'ai beaucoup apprécié la Suisse lorsque j'y ai joué durant le Mondial 2009. Je me suis toujours bien entendu avec les différents Suisses que j'ai côtoyés à Ottawa (réd: Julien Vauclair, Martin Gerber, Roman Wick). Pour toutes ces raisons, la LNA était mon choix no1.
RTSsport.ch: Vous avez eu besoin de quelques matches pour trouver le rythme en LNA.
JASON SPEZZA: Oui. Mais maintenant, je suis à l'aise avec notre système de jeu et la glace qui est plus grande qu'en NHL. Au début, je me sentais un peu perdu. Le décalage horaire, une nouvelle équipe, un nouveau système: j'avais l'impression de rouler à 150 km/h! Maintenant, ça a ralenti (rires). Ma famille est bien installée, et du coup je me sens mieux sur la glace. Contre Lugano (réd: 4 points le 6 octobre), j'étais en bonne forme, c'est vrai. Ca s'améliorera encore avec le temps.
RTSsport.ch: Admettons que la NHL, réputée comme étant la meilleure ligue du monde, reçoive la note 100. Quelle note attribueriez-vous au championnat suisse?
JASON SPEZZA: Hem. C'est une question difficile... Il y a de très bons patineurs en Suisse, mais le jeu est très différent de celui, plus physique, pratiqué outre-Atlantique. Non, vraiment, je ne veux pas me risquer à donner une note à la LNA. Votre question est trop compliquée (rires)!
"Martin Gerber était apprécié à Ottawa"
RTSsport.ch: Vous évoquiez auparavant Martin Gerber, avec lequel vous avez joué aux Sénateurs de 2006 à 2009. Que pouvez-vous nous dire sur le portier bernois?
Spezza (à droite) court toujours derrière la Coupe Stanley avec Ottawa. [Keystone]JASON SPEZZA: Marty est un bon ami. Sa femme Bettina et lui ont toujours été très classe. Il a été un excellent gardien pour nous. Quand il est devenu le remplaçant de Ray Emery, il a redoublé d'efforts à l'entraînement. Je ne dirai jamais du mal de lui, et la plupart des gens vous répéteront la même chose.
RTSsport.ch: Ray Emery serait ensuite tombé en disgrâce en 2008, car l'équipe aurait réclamé Gerber comme no1. Juste?
JASON SPEZZA: C'est faux, l'équipe appréciait autant l'un que l'autre. Disons que les médias ont amplifié les sautes d'humeur de Ray. Mais il est certain que les gars aimaient vraiment "Gerbs", ils ont tout fait pour qu'il joue bien. Ils se donnaient à fond pour lui, tellement c'est un chic type.
RTSsport.ch: Avez-vous parlé à Martin Gerber avant de venir en Suisse?
JASON SPEZZA: Hélas non. On essaie de rester en contact de temps à autre via internet. Comme il joue en Suède désormais (réd: à Rögle), c'est difficile. Vous savez, mon transfert aux Lakers s'est déroulé de manière très rapide...
RTSsport.ch: Etrangement, vous n'avez encore gagné aucun trophée majeur. Vos uniques faits d'armes sont deux médailles d'argent avec l'équipe nationale du Canada aux Mondiaux 2008 et 2009.
JASON SPEZZA: Ce n'est pas passé loin parfois, j'ai pourtant fait partie de bonnes équipes, comme en 2007 aussi (réd: finale de la Coupe Stanley perdue contre Anaheim). Il me reste encore quelques années et je ne veux pas les gaspiller! Mon seul but est de gagner la Coupe Stanley, j'espère donc que la NHL va reprendre sous peu. J'ai eu du succès à titre personnel, mais je tiens désormais à gagner quelque chose en équipe.
"Le "lock-out"? Tout est la faute des propriétaires"
RTSsport.ch: Ce combat de riches entres propriétaires et joueurs en NHL est difficilement compréhensible pour les fans.
JASON SPEZZA: Nous, les joueurs, voulons que ce sport reste sain, afin de ne pas repasser par la case "lock-out" dans 5-6 ans. On ne cherche pas à faire de l'argent, mais on ne veut pas une baisse de salaire de 24%, comme en 2005.
RTSsport.ch: Ok, mais si le hockey est roi au Canada, ce n'est pas le cas aux USA. La NHL n'y perd-elle pas en crédibilité, avec ce troisième "lock-out" en 18 ans?
JASON SPEZZA: Tout est la faute des propriétaires. Si ça ne tenait qu'à moi, on jouerait, car j'aime le hockey. J'espère que les fans reviendront une fois que tout sera réglé, car sans eux nous ne sommes rien.