Vingt skippers à l'assaut de l'"Everest de la mer"
02.11.2012 15:47 mise à jour à 20:06
Vingt skippers s'élanceront des Sables d'Olonne le 10 novembre prochain, soit 10 de moins qu'en 2008. [Jacques Brinon - Keystone]
Vingt skippers abandonneront le 10 novembre les côtes vendéennes pour un tour du monde en solitaire et sans escale, le Vendée Globe, course de légende de quelque 24'000 milles (44'450 km) qui a consacré quelques-uns des plus grands marins français et étrangers. Souvent décrit comme "l'Everest de la mer", le Vendée Globe est l'épreuve reine de la voile océanique en solitaire, celle qui fait fantasmer tous les coureurs depuis 1989, date de sa première édition.
Huit des 20 skippers qui quitteront les Sables d'Olonne, tous à la barre de monocoques de 60 pieds (18,28 m), sont étrangers et deux ou trois d'entre eux ont des chances de l'emporter au terme de presque trois mois de mer.
Mais la plupart des favoris sont français, illustrant une fois de plus que la course hauturière en solo reste une spécialité hexagonale. Les six précédentes éditions du Vendée ont été gagnées par des Français, l'un d'entre eux - Michel Desjoyeaux - décrochant la victoire à deux reprises (2001 et 2009), un exploit fantastique.
Cette année, une dizaine de skippers peuvent (sur le papier) l'emporter. Les Français Vincent Riou (PRB, vainqueur en 2005), Armel Le Cleac'h (Banque Populaire, 2e en 2009), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), François Gabart (Macif), Jérémie Beyou (Maître Coq) et Marc Guillemot (Safran, 3e en 2009).
Bernard Stamm espère avoir plus de chance cette fois. Il avait été victime d'une collision en 2008. [Laurent Gillieron - Keystone] Bernard Stamm parmi les favoris
Mais aussi le Vaudois Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), les Britanniques Mike Golding (Gamesa) et Alex Thomson (Hugo Boss). Difficile d'aller plus loin dans le pronostic: la route est longue et tellement de choses peuvent arriver.
L'histoire du Vendée Globe montre que les meilleures préparations ne mettent pas à l'abri d'un abandon dans les heures qui suivent le départ. A l'inverse, un retour aux Sables d'Olonne pour réparer dans les heures suivant le départ n'obère pas nécessairement les chances de victoire. Lors de la dernière édition, en 2008-2009, Desjoyeaux avait gagné en 84j 3h 9' après être revenu 48 heures aux Sables en raison d'une panne électrique.
Deux navigateurs n'en sont jamais rentrés
Dominique Wawre (ici aux côtés de sa compagne Michele Paret, cheffe de projet) sera aussi de la partie. [MARTIAL TREZZINI - Keystone]Une chose est sûre, le skipper qui l'emportera sera un marin d'exception. Comme, d'ailleurs, tous ceux qui boucleront le tour. Soit, statistiquement, seulement la moitié des concurrents... Affronter en solo les mers les plus dures de la planète, régater dans les 40e (degrés de latitude sud) Rugissants et les 50e Hurlants est l'exploit maritime ultime. Deux navigateurs - le Britannique Nigel Burgess (1992) et le Canadien Gerry Roufs (1997) - l'ont d'ailleurs payé de leur vie.
Vingt concurrents au départ cette année (dont une femme, la Britannique Samantha Davies) contre 30 en 2008 et 24 en 2000... La crise est passée par là et beaucoup de skippers ont eu du mal à boucler leur budget. Mais il y en avait moins en 1989 (13), 1992 (15), 1996 (16) et autant en 2004.
Dans l'ensemble, les marins sont d'accord pour dire que leurs bateaux sont plus sûrs aujourd'hui qu'il y a quelques années... mais aussi qu'ils "tirent" beaucoup plus dessus. Les vitesses, d'ailleurs, ne cessent d'augmenter. Le Français Titouan Lamazou avait gagné en 1990 à la moyenne respectable de 9,7 noeuds. Mais en 2009, Desjoyeaux a tourné autour du globe à 14,7 noeuds de moyenne. L'aventure des débuts est devenue une régate planétaire disputée avec la même rage de vaincre qu'une épreuve de match racing en baie abritée...