Tous sports : Une médaille d'or à deux faces
Un souvenir pour la vie, un nouveau statut et surtout tant d'autres choses. Julie Bresset (VTT), Emilie Fer (kayak) et Alain Bernard (natation), réunis aux Etoiles du Sport, expliquent ce que la médaille d'or olympique a changé dans leur vie. Et pas toujours en bien.
Emilie Fer sur le podium des Jeux Olympiques de Londres. (L'Equipe)
UNE REMISE EN CAUSE PERSONNELLE
Julie Bresset : «En décembre, avant d'arriver aux Etoiles du Sport, j'ai eu un contrecoup. La trêve a été un peu plus longue que les autres années et j'ai voulu reprendre trop vite. Physiquement ça ne suivait pas. Ca commençait mal et j'ai eu un coup de blues. Je me posais plein de questions, c'était dur.»
Emilie Fer : «Ce sont des questions sans réponse, c'est peut-être ça qu'on assimile au blues. Personnellement, j'arrive plutôt en fin de carrière, je suis à une croisée des chemins. Il y a le reste de la vie qui m'attend, j'ai envie de connaître une vie de famille, un travail. Mais j'aime les challenges et il me manque une médaille en Championnat du monde.»
Alain Bernard : «Être champion olympique, c'est être attendu partout. On l'accepte ou on ne l'accepte pas. Quand on est en forme et qu'on arrive à se défendre, c'est plutôt agréable. Mais certains étaient prêts à jouer de tous les moyens pour me battre, même les plus malsains. Ca m'a un peu plus blessé.»
DES SOLICITATIONS MULTIPLES
Alain Bernard : «J'étais quelqu'un de plutôt timide et réservé et là, les journalistes me demandaient une opinion sur tout et sur rien. Ca changeait quoi ce que je disais ? Plus tard, j'ai ressenti le reflux et c'était tant mieux.»
Julie Bresset : «Le plus dur, c'est de se faire inviter un peu partout. Ils se battent pour te donner chacun leur médaille, la mairie, le département, la région... Une fois qu'on a commencé, c'est dur de dire non aux autres. C'est une reconnaissance mais je n'apprécie plus ça comme avant. C'est trop, il n'y a plus de sincérité. Donc je me suis dit : le 1er janvier 2013, fini ! Je me reconcentre, je pense à moi.»
Emilie Fer : «D'autres sportifs sont venus me voir en me donnant des numéro d'agents. Ils ne trouvaient pas normal que je sois la seule médaillée d'or de Londres à ne pas en avoir. J'en ai rencontré deux, qui m'ont parlé de ce qu'on pourrait faire pour avoir des retombées. Ils m'ont dit que ça resterait à l'échelle de notre sport mais déjà ça, ça m'a fait un peu peur. Ce n'est pas mon truc.»
DES RENTREES D'ARGENT
Emilie Fer : «J'ai eu une prime de 50.000 euros de l'Etat et une de 23.000 de la Fédération. J'ai pu mettre un petit peu de côté mais se pose la question des impots. On n'est pas entouré par la Fédération, personne ne m'a aidé. Question salaire, je m'estimais déjà chanceuse grâce à un contrat à 1300 euros par mois avec le ministère de la défense. Après les jeux, une autre société, Onet, m'a contacté et m'a proposé un contrat que j'ai négocié et qui est plus élevé.»
Julie Bresset : «Ca ouvre des portes, les budgets augmentent pour l'équipe, les partenaires ont envie de réinvestir... J'ai un meilleur contrat et je suis assez surprise de ce que je peux avoir en tant qu'athète féminine en VTT. On a aussi un meilleur matériel et maintenant, on nous demande ce qu'on veut.»
Alain Bernard : «J'ai obtenu plusieurs contrats inscrits dans la durée. Je pars à bientôt trente ans avec beaucoup d'avantages, surtout quand tu vois certains copains qui galèrent, qu'ils aient fait des études ou pas d'études.»
Reccueilli par Xavier COLOMBANI, à La Plagne