Honda Crosstourer, le maxi-trail nouvelle génération
C'est un anti-BMW R 1200 GS. Mais c'est aussi bien plus que cela. La nouvelle Honda Crosstourer est un hybride qui allie une position de conduite et des suspensions type enduro avec des aptitudes routières et même sportives. Dans la première de ces deux cases, on rangera notamment le petit "bec" ajouré placé sou sle phare avant. Et aussi les roues (19 pouces à l'avant, d'aillleurs) à rayons, sur des jantes tubeless - excusez du peu. Sans oublier une selle qui culmine à 850 mm, un guidon plat, une fourche à grand débattement et une agilité étonnante pour un engin de 280 kilos tous pleins faits. Pour ce qui est de la deuxième case (routière-sportive), placez-y sans rechigner l'assise plus que confortable, les égards dus et faits au passager ou à la passagère, un système de freinage performant, une grande stabilité en toutes circonstances... et un moteur qui décoiffe. C'est un V4. Honda connaît bien. Il a une belle sonorité, rauque à souhait. Il tire fort - très fort - avec un couple imposant qui atteint 126 Nm à quelque chose comme 6000 tours par minute. C'est le même moulin que celui de la VFR 1200, mais il est optimisé pour des régimes plus bas, et un peu moins puissant - 126 CV tout de même. On a tout de suite un frisson pour son permis de conduire.
Pas de doute, Honda a fait du bon boulot. On a oublié de signaler encore que cette moto est bien plus fine que so gabarit le laisse penser. Et son centre de gravité, bien que pas aussi bas que la BMW, n'est pas haut non plus. Enfin la Crosstourer - tout comme la VFR 1200 2012 - offre un équipement que l'on n'a vu que très rarement sur une Honda: un antipatinage, ou contrôle de traction. Tout ça pour 18590 francs.
Non seulement le moteur est magnifique, mais cette moto est imperturbable. Même en avalant courbes et contre-courbes avec des déhanchés outrageux, en freinant comme un trappeur en plein virage, on n’arrive pas à la déstabiliser. Et elle est diablement agile, malgré le premier contact qui la fait ressentir lourde et surtout très haute quand on grimpe sur la selle. Il faut dire qu’elle est étonnamment fine pour un bestiau de cet acabit, et que ses suspensions sont performantes. On ne parle même pas du freinage, combiné avant-arrière avec ABS, une bonne habitude chez Honda. Et le passage des vitesses est bon, peut-être pas aussi souple que sur une Suzuki. Il faut dire que nous n’avons pas encore pu essayer la version avec embrayage robotisé DCT. C'est prévu pour plus tard.
Quand la route est mouillée, ou grasse, l'antipatinage limite très bien les dérobades de la roue arrière et le dit au pilote - c’est gentil - par un petit signal lumineux orange. Un composant de plus dans le sentiment de confiance que transmet la Crosstourer au pilote. On retrouve d'ailleurs ce système sur la VFR 1200 2012.
De la VFR, la Crosstourer a hérité son cardan. Il est efficace - on l'oublie complètement. Il contribue cependant à la bonne tenue générale de cette moto. Les pneus de la machine prêtée par Honda Suisse étaient des gommes mixtes trail-route. Nous n'avons cependant pas trop tenté le diable en allant vadrouiller sur de la terre ou du gravier. La perspective de devoir relever les plus de 250 kilos de la bête si chute il y avait était peu motivante. Et l'on hésite à carrément virer sur un sol non bitumineux, même si la moto en est parfaitement capable. Enfin les suspensions, excellentes au demeurant, sont tout de même un peu sèches à l'avant (mais réglables en précharge et détente, comme à l'arrière). Un gros trou ne fait pas dévier la trajectoire mais donne un coup sec dans les poignets.
Bravo aussi pour le pot d'échappement, finalement assez fin pour un moteur de cette trempe avec ses quatre cylindres. Ca fait bizarre de voir une roue arrière avec des rayons ainsi dégagée, non? Et on admire le splatines de repose-pieds au passage.
Le tableau de bord a tout ce qu’il faut, mais pas de gadget superflu: vitesse, régime moteur, heure, température externe, jauge d'essence, température moteur, totalisateur kilométrique, deux trips partiels, plus de nombreux voyants. Il est lisible même en plein soleil grâce notamment à sa forme. On y trouve même le rapport engagé, avec une petite particularité: le point neutre ne se signale pas par «N» mais par un voyant «N» vert placé ailleurs sur le tableau de bord (en haut à gauche). C’est un peu étrange. Et puisque l’on pinaille, Sa Majesté sur la selle aurait apprécié des commandes d’affichage au guidon plutôt qu’à côté de l’écran - même s'ils ne sont pas très éloignés de votre poignet gauche.
Rien à redire non plus sur les rétroviseurs, fonctionnels, ni trop hauts ni trop bas, y compris quand l'on passe entre deux voitures. Par contre, le petit pare-brise d’origine, même en position haute, ne protège pas beaucoup. On le règle avec une clé disponible dans la bonne trousse à outils sous la selle. Les pare-mains d’origine sont une excellente chose, mais ils sont assez fins. Ca protège bien, ça pourrait protéger plus. Notez le bouton sur le flanc gauche, qui permet de désactiver l'antipatinage.
Et voici la preuve que la Crosstourer est une guêpe pour sa taille. Seul le cardan dépasse à gauche.
Côté accessoires, on trouvera toutes sortes de topcases, des valises, des arceaux de protection du cadre et du moteur, des poignées chauffantes, des phares à brouillard - de quoi la transformer en baroudeuse/voyageuse au grand cours.
Alors, prête à traverser le continent? Oui pour ce qui est du confort, un poil (mais juste un poil) moins pour la protection contre les éléments, et côté essence, ça dépend. Le réservoir dépasse les 21 litres. La consommation, elle, oscille entre 6 l/100 km et nettement plus selon le maniement de l’accélérateur.