«J'aime Lausanne, la Cité, sa vieille ville»
ART ON ICE Inoubliable d'Artagnan des années 90, le Français patinera à Lausanne les 6 et 7 février prochains. Auparavant, il sera aux Européens à Varsovie. Il se réjouit du duel qui opposera Lambiel à Joubert. Chez les dames, il voit Sarah Meier sur le podium
JACQUES WULLSCHLEGER
13 janvier 2007
Pendant les fêtes, il s'est rendu au Japon, pour quelques galas estampillés «Stars on Ice», patronnés par IMG. Dans cet Empire du Soleil levant, Philippe Candeloro fut très aimé parce que son étoile a gardé sa lumière propre. «Ça faisait trois ans que je n'avais pas patiné là-bas. J'avoue que j'étais un peu inquiet. Je me disais: comment vont se passer les retrouvailles. Eh! bien, très bien. Les gens ont été contents de me revoir.»
Le Français a la cote. Il séduit. Il charme. Sa gouaille est intacte. Sa franchise aussi. Il est toujours consultant à France Télévision pour le patinage artistique. Ses commentaires sont vivants, d'une humeur parfois pas très contrôlée, mais ô combien pertinents et drôles. Ils sont appréciés. Le patineur faisait autorité. Il y a ajouté une notoriété grâce aux vertus de la petite lucarne. «Il faut se lâcher. Il faut savoir mettre une pointe d'humour dans notre sport qui est sérieux et poët-poët, donner l'envie aux gens de s'y intéresser, d'aller sur place pour voir ou (re)découvrir sa beauté.»
Pourquoi le patinage artistique plaît-il autant?
Tout simplement parce que c'est un sport qui fait rêver. Il mêle la compétition artistique et la sportivité. Les galas, qui sont aussi très prisés, touchent un plus large public, peut-être moins connaisseur mais tout autant intéressé ou passionné. L'ISU (la Fédération internationale) profite de son succès. Mais pour les patineurs, il y a peu de retombées financières.
Les championnats d'Europe se profilent à l'horizon (22 au 28 janvier à Varsovie). Chez les messieurs, qui voyez-vous sur le podium?
Deux hommes sortent du lot: Stéphane Lambiel et Brian Joubert. Stéphane est supérieur au niveau artistique. Brian, qui a accompli de gros progrès dans ce domaine où il s'est épanoui, est plus fort techniquement. Il passe mieux les sauts. Cette saison, son pourcentage de réussite est affolant. Le champion sera celui qui saura le mieux conjuguer ces deux éléments.
Leur duel s'annonce extraordinaire...
... Oui, mais il ne faudrait pas qu'ils se tirent trop la bourre. En mars, il y aura les Mondiaux à Tokyo. La concurrence y sera très forte. En Europe, on est un peu pauvre sur la partie compétitivité.
Et les outsiders, en Pologne?
Il y a Préaubert (surtout) et Ponsero, deux Français qui ont beaucoup de talent et d'originalité. Et puis attention à Tomas Verner. Le Tchèque est très dangereux techniquement (5e au Skate Canada, remporté par Lambiel, et 4e à la Coupe de Russie, gagnée par Joubert).
Et chez les dames?
Je vois bien Sarah Meier, qui est très en forme. La Française Anne-Sophie Calvez n'est pas mal non plus. Il ne faut pas oublier les expérimentées du circuit mais avec les anciennes, dans ce genre de compétition, ça fonctionne ou ça ne fonctionne pas.
Appréciez-vous davantage les patineurs qui ont pratiqué ou qui pratiquent toujours la danse (exemple: Lambiel) ou ceux qui n'y ont jamais touché (exemple: Joubert)?
Je n'ai pas de préférence. Il faut répondre présent à une spécificité. Le nouveau système de jugement empêche de s'exprimer. L'originalité ne paye pas. Le domaine artistique en souffre. La prise de risque aussi. Un quadruple ne paye pas assez. Mais j'approuve le mec qui va travailler, être capable d'être performant sur la technique et l'expression sur les cinq composants.
Le fait de pratiquer la danse avantage-t-il un patineur?
Oui, rien que par le fait de pouvoir et de savoir maîtriser son corps, qu'il a appris à faire travailler. La danse fait qu'il y a plus de personnes efféminées dans le patinage masculin. Weir, Lysacek, Sandhu, Lambiel: ils ont tous, ou à peu près, la même morphologie. Mais Stéphane a su dégager une belle personnalité et énormément de charisme. Il a pris un ascendant. Joubert, lui, par rapport aux autres, il est plus musclé. A l'époque, les athlètes étaient plus puissants. Rudolf Noureïev, ce n'était pas une femme en train de danser. Maintenant, il faut être polyvalent, sinon un patineur ne s'en sort pas. Il y en a trop qui font les mêmes sauts et qui patinent de la même manière. ll faut essayer de conserver son côté masculin tout en pouvant s'exprimer artistiquement. C'est dur!
Les sauts restent-ils déterminants?
Ils sont assez déterminants. Si Lambiel passe un quad et un triple axel dans le programme libre et que Joubert, moins bon au niveau artistique, réussi 3 quads, Stéphane aura plus de points (assurance maximale dans les pirouettes) alors que Brian est meilleur techniquement. Les patineurs qui éprouvent du mal au niveau artistique laisse tomber la chorégraphie pour chercher à comptabiliser le maximum de points là où ils sont forts (sauts).
Vous serez à Art on Ice...
... Oui.
A Lausanne, notamment. Y avez-vous de bons souvenirs?
La ville est super. J'aime sa vieille ville. La Cité est vachement sympa. Le musée olympique est beau. Il y a le lac et je me rappelle d'un déjeuner avec vous. Mais j'ai aussi un mauvais souvenir: à cause d'une blessure, je n'avais pas pu présenter mon «Napoléon» aux Mondiaux en 1997.