L'ex-footballeur Basile Boli jugé pour abus de confiance
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L'ex-gloire du football français Basile Boli est jugé mardi devant le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour abus de confiance dans le cadre de la gestion d'une association de coopération avec l'Afrique.
La justice soupçonne l'ancien défenseur central de l'équipe de France et de l'Olympique de Marseille, 46 ans, d'avoir détourné des fonds publics lorsqu'il était président de l'association "Entreprendre et réussir en Afrique (Era)". L'ex-directeur général de cette structure, Patrick Givanovitch, est également poursuivi pour abus de confiance.
Fondé en septembre 2007 par M. Boli, ERA avait pour vocation d'aider les migrants africains à se réinstaller dans leur pays et à y monter des projets économiques. Elle était largement subventionnée par l'Agence nationale de l'accueil des étrangers et des migrations (Anaem) un organisme d'Etat connu aujourd'hui sous le nom d'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii).
Partie civile dans ce dossier, l'Ofii réclame le remboursement de quelque 496.000 euros à MM. Boli et Givanovitch, une somme correspondant au montant des détournements présumés entre 2007 et 2008, selon l'avocat de l'organisme d'Etat, Me Georges Holleaux.
Le 26 septembre 2007, l'ancien footballeur d'origine ivoirienne avait signé, sous la présidence de l'ex-ministre de l'Immigration Brice Hortefeux, une convention de partenariat avec l'Anaem. L'agence s'était alors engagée à subventionner son association à hauteur de 1,89 million d'euros sur trois ans avec des échéances tous les six mois. La convention devait être "un outil de promotion des programmes d'aide au retour volontaire et de réinsertion économique auprès des immigrés du Bénin, du Mali et du Sénégal - et à terme des pays d'Afrique subsaharienne, sources d'émigration".
Mais après quelques mois, les termes de l'accord n'ont pas semblé être respectés et l'Anaem a diligenté un audit des comptes. Cette opération de contrôle aurait révélé qu'une part significative des fonds étaient utilisés pour régler des dépenses étrangères à l'objet de la convention.
Les postes budgétaires des salaires et frais de déplacement seraient apparus trop conséquents par rapport aux recettes de l'association. A la suite d'un signalement, l'ancien procureur de la République de Nanterre Philippe Courroye a ouvert une enquête préliminaire le 21 février 2009. Neuf mois plus tard, M. Boli, est placé en garde à vue puis relâché. A l'époque, l'ancien joueur s'était dit "injustement soupçonné".
Après le sport, la politique
Le parquet décidera finalement, en juillet 2010, de le citer à comparaître devant un tribunal. Contacté, son avocat Me Grégoire Lafarge fustige une enquête "totalement contraire à l'équilibre des parties" ayant empêché son client de se défendre convenablement.
Avec Me Hervé Temime, conseil de M. Givanovitch, qui dénonce à son tour "une enquête viciée", Me Lafarge compte réclamer l'annulation de la procédure mardi devant la 14e chambre correctionnelle où l'affaire est jugée. Ils espèrent obtenir le même résultat que d'autres avocats qui, devant cette même chambre, avaient obtenu en novembre dernier l'annulation du procès de l'ex-PDG d'Havas, Alain de Pouzilhac, poursuivi pour abus de biens sociaux.
Sollicité, M. Boli n'a pas donné suite à nos appels, son conseil expliquant qu'il réservait ses déclarations pour le tribunal.
Entré dans la légende du football français en marquant le but décisif de l'Olympique de Marseille en finale de la Ligue des Champions face au Milan AC, en 1993, Basile Boli a aussi évolué sous les couleurs de l'AJ Auxerre et des Glasgow Rangers.
Après sa carrière sportive, il s'était rapproché de la vie associative, mais aussi politique. Il avait d'abord décliné une proposition du PS pour être candidat aux élections législatives de juin 2007, avant de soutenir Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle la même année.
Quelques mois plus tard, M. Boli avait été nommé secrétaire national de l'UMP en charge du co-développement, poste qu'il n'occupe plus.