Nati: Une Suisse de moins en moins romande
Football
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Au moment de défier le Brésil, jamais le contingent helvétique n’a compté si peu de représentants francophones. Une tendance qui illustre la «faillite» du football de ce côté-ci de la Sarine.
Par Nicolas Jacquier. 1 Commentaire
Philippe Senderos sera le seul Romand sur le terrain au début du match. Il doit prouver qu’il mérite encore sa place.
Image: Freschfocus
Romands: une présence qui s'étiole
2013 (BRÉSIL)
Von Bergen, Senderos
2012 (CROATIE)
Von Bergen, Djourou, Fernandes, Affolter, Ziegler
2010 (ESPAGNE)
Von Bergen, Grichting, Ziegler, Fernandes, Nkufo, Leoni, Magnin, Senderos
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L'équipe nationale appartient-elle encore à toute la Suisse? De moins en moins, avec une représentation francophone, déjà minoritaire, réduite aujourd’hui au rang de portion congrue. Symbolisant la sinistrose dans laquelle se retrouvent plongés les clubs de ce côté-ci de la Sarine, le footballeur romand devient à son tour une espèce en voie d’extinction sous le maillot national.
Signe de ce déclin amorcé depuis 2010, la liste des internationaux convoqués par Hitzfeld pour affronter le Brésil ne comprend que deux «survivants» romands: von Bergen et Senderos, faisant figure d’heureuse exception culturelle. «Se retrouver les deux, ça fait bizarre, concède le Neuchâtelois de YB. Alors qu’il y a six joueurs formés à Bâle avec nous, c’est la première fois que les Romands sont si peu représentés. Entre nous, on en rigole, mais c’est surtout triste, car cela dit tout de la crise du foot romand (…). A Lausanne, quand j’ai hurlé «montez» à mes coéquipiers, j’ai entendu l’écho de ma voix dans les tribunes!»
Un problème de formation
Certes, la Suisse doit composer aujourd’hui sans le convalescent Djourou, et Gelson Fernandes n’a pas été retenu, mais cela ne suffit pas à compenser une tendance dangereuse. Voici douze mois, à l’occasion du match en Croatie, le bataillon francophone comptait encore cinq représentants. Et l’on se souvient qu’en 2010 pas moins de… huit joueurs issus de clubs romands avaient foulé les pelouses sud-africaines. La retraite des anciens (Magnin, Grichting, Nkufo, etc.) n’a fait qu’accentuer un problème de représentativité, encore renforcé par une formation trop lacunaire. Ces dernières années, aucun talent n’a été produit de ce côté-ci de la Sarine, alors que les clubs alémaniques ne cessent d’inonder le marché.
Une perspective qui, si elle inquiète Peter Stadelmann, ne surprend guère le patron des équipes nationales. «Regardez ce que font Bâle, YB ou les clubs zurichois, ils investissent beaucoup d’argent dans la formation. Plutôt que de se plaindre, les clubs romands doivent trouver des solutions. C’est triste de constater qu’une partie de la Suisse n’existe pratiquement plus.»
Pour justifier cet isolement francophone (le Tessin lui-même, en tenant compte de l’origine des internationaux, est mieux représenté), M. Stadelmann avance également une autre hypothèse, plus surprenante. «Les Romands ont tendance à se disperser, à aller voir ailleurs, d’autres sports. Ainsi le foot souffre-t-il davantage de la concurrence du hockey qu’outre-Sarine.» On y ajoutera les conséquences de la crise économique, affectant plus durement nos contrées. Aujourd’hui, les clubs allemands (avec huit mercenaires helvétiques) et italiens (quatre) sont les plus grands pourvoyeurs de l’équipe nationale.
S’il existe un appauvrissement francophone, cela n’enlève rien à l’enrichissement multiculturel du groupe, ni à l’unité qui s’en dégage, au-delà de ses composantes linguistiques. Une recette gagnante que le leader actuel du groupe E éprouvera ce soir face à la Seleçao.
«Affronter le Brésil constitue un extraordinaire défi sportif qui doit aussi nous permettre de mesurer nos progrès, expliquait hier matin
Ottmar Hitzfeld. Défensivement, l’équipe a pris une autre dimension. Mais, en football, les certitudes sont trop fragiles pour durer longtemps. Aussi me dois-je de trouver des alternatives.» Dix-huit mois après avoir perdu 3-1 contre l’Argentine de Messi (auteur d’un triplé à Berne), la Suisse mettra ainsi en jeu sa nouvelle stabilité défensive en misant sur une charnière centrale totalement inédite.
Une finale Allemagne - Suisse
Alors que l’inconnue subsistait hier pour le poste du seul attaquant, Dzemaili relaiera logiquement au milieu son capitaine Inler, suspendu contre l’Islande le 6 septembre. En dévoilant jeudi passé sa sélection, Hitzfeld avait insisté sur la valeur de l’opposition brésilienne. «Mais tout changera en juillet prochain quand l’Allemagne sera championne du monde. Devant la Suisse!» promettait-il, hilare.
Personne ne se plaindrait d’un air de samba helvétique dansé dès ce soir. Même esquissé par une Suisse de moins en moins francophone.
Logique LS 10 millons de budget Bâle entre 70 -80 millions
Belle dif...Non?