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Re : MotoGP round01 Losail/Qatar [05 Avril - 08 Avril 2012] -
16/04/2012, 18h39
Voilà ! C'est sûrement loiiiin d'être parfait, mais là je suis claqué, je ferais une petite relecture/correction mais je poste en attendant pour ceux qui voudraient lire.
Kenny Roberts nous donne un point de vue intéressant sur la "rupture" entre Valentino Rossi et Ducati, qui a eu lieu après le GP du Qatar. Roberts, qui fait partie de la famille la plus connue en Amérique dans le monde des sports mécaniques, a été sacré champion du monde en 2000, au guidon de la Suzuki RGV500. Qui était son dauphin cette année-là ? Valentino Rossi. Et qui a remporté le titre l’année suivante ? Valentino Rossi. Kenny Roberts Junior est désormais retraité des Grands Prix, et n’a plus envie de s’impliquer de façon sérieuse dans le sport. Il a pris sa retraite alors qu’il était encore en bonne santé, et passe aujourd’hui la plupart de son temps avec sa femme et ses enfants, à jouer au golf ou dans l’eau. Ceci ne signifie pas pour autant qu’il se désintéresse complètement des Grands Prix. Il garde toujours un œil dessus, et voit aujourd’hui beaucoup de similitudes entre la situation actuelle de Valentino Rossi, et celle qu'il a connu lorsqu’il était chez Suzuki.
"Psychologiquement, j’étais dans la même situation chez Suzuki", nous a révélé Roberts Junior cette semaine, "Je pense qu’actuellement, Valentino est en train d’accepter le fait de ne plus être compétitif, et au-delà de ça, d’accepter le fait de ne même plus être au contact des premiers".
Après son titre en 2000, Roberts Junior s’est battu chaque week-end avec une moto qui n’était plus compétitive face aux autres machines. Pourtant, quelques années plus tard, il relançait sa carrière après que son père eut l’idée de mettre un V5 Honda dans un châssis Roberts. Malgré cela, Roberts se rappelle très clairement de la difficile période chez Suzuki après son titre.
"Dès 1999, je leur répétais sans cesse que s’ils ne faisaient pas des changements majeurs sur la moto, on finirait par ne plus être compétitifs", explique-t-il. "Je savais comment était équipé le team Roberts au début des années 90 en terme d’électronique, et de combien de chevaux ils disposaient sur leur moto. A ce moment-là, j’étais compétitif, je gagnais des courses et je leur disais qu’on devait s’améliorer. Ils n’avaient pas gagné depuis l’époque de Schwantz, alors ils se sont un peu endormis (pas sûr de la traduction de ce passage...). A partir de là c’était fini. Une fois qu’on a perdu le contact avec les autres, on n’a jamais pu revenir aux avant-postes. Je pense qu’actuellement, Valentino se dit "Bon, j’ai gagné des titres et des courses. J’ai déjà fait tout ça, et si aujourd’hui j’étais sur une Honda ou une Yamaha je serais aux avant-postes". Je pense vraiment qu’on croit tous ça. Une fois que vous avez accompli une chose, les gens savent que vous en êtes capable. Rossi a probablement le sentiment que ce n’est pas son boulot de courir pour une cinquième ou une dixième place. D’ailleurs, Ducati non plus ne l’a pas engagé pour ces résultats-ci. Quand les résultats ne suivent pas, vous devez vraiment vous demander ce qui ne va pas."
D’un point de vue romanesque, la solution idéale est alors de rouler le couteau entre les dents, de laisser éclater son talent et compenser le déficit de performance de la moto en surpilotant. Mais cette suggestion ne fait pas vraiment rire Kenny.
"Le talent ne peut pas tout compenser, d’accord ? Surtout depuis que l’époque des 500 est finie, ça n’est plus possible", dit-il. "Rossi se dit "Ok, je peux rouler à 110% sur ce truc, et après ? Je finirai cinquième ?". Rouler à 110% avec une moto en retrait comporte beaucoup de risques pour le pilote. Le pourcentage de chances de chuter lorsque tu essaies de compenser de gros défauts sur ta moto est probablement proche de 100%. Entre 1999 et 2001, quand j’essayais d’aller au-delà de la limite de ma machine… eh bien disons que 80% du temps, je me retrouvais au sol et en colère"
Roberts Junior poursuit : "C’était le cas pour moi, mais c’était pareil pour John Hopkins (son coéquipier chez Suzuki). Je me rappelle que je lui disais "Mec, tu vas finir par te faire mal à force d’attaquer comme ça". Souvent, il essayait de surpiloter le temps d’un tour ou deux, histoire de sauver un bon chrono, mais lorsqu’il faisait ça, il arrivait souvent qu’il ne rentre pas aux stands, parce qu’il était dans l’ambulance. Et quand finalement il revenait, la chute avait été tellement violente que, parfois, ses os étaient cassés, ou ses dents étaient cassées, ou même bougeaient. Je voyais ça et je me disais "Bon ok, moi je veux pouvoir faire du sport quand je prendrai ma retraite. Je ne veux pas être cassé de partout, je veux pouvoir jouer avec mes enfants lorsque je serai plus vieux. Si Suzuki pouvait me fournir une moto capable de gagner, là je me soucierai d’être plus rapide que John. D’ici là…" Je me sentais vraiment mal pour lui", explique Roberts. "Je sais qu’il était jeune et qu’il essayait de faire bonne impression, mais pour résumer, il poussait la moto à un point où il prenait vraiment beaucoup de risques, pour finalement avoir une bien maigre récompense".
De plus, il va sans dire que Roberts Junior a grandi aux côtés de Wayne Rainey, qui était à l’époque le petit protégé de son père. "La blessure de Wayne a tout changé pour moi".
A côté de ça, le Californien reste plutôt complaisant quant à la situation de Ducati, ainsi qu’au rôle de l’usine dans ce qui commence à être appelé "le gâchis Rossi".
"Pour Ducati, la situation n’aurait pas pu être pire. Ils ont beaucoup misé là-dessus, ont mis fin à leur engagement en Superbike, concentré toutes leurs ressources pour donner à Valentino tout ce qu’ils pouvaient. Et les résultats ne sont pas encore là. Maintenant, ça commence à devenir difficile à gérer pour Valentino", déclare-t-il solennellement.
Mais quid de Rossi ? Généralement, les pilotes se souviennent des saisons d’une façon totalement différentes des autres personnes. Pas en ce qui concerne les faits (qui a gagné tel ou tel championnat est un fait indiscutable), mais plutôt en ce qui concerne l’arrière-scène des Grands Prix. Car Roberts Junior, qui a couru contre Rossi pendant des années, ne voit pas l’ascension de celui-ci vers les sommets comme celle d’un homme qui a su maîtriser la Honda 500, puis la RCV, avant de changer l’eau en vin sur la Yamaha M1.
Roberts explique : "Valentino a énormément de talent, et il a mérité chaque chose qu’il a gagné. Il a même probablement autant de talent que mon père", dit-il en riant. "Mais ce que beaucoup ne semblent pas reconnaître aujourd’hui, c’est qu’à côté de son talent, Rossi a aussi eu énormément de chance d'être sur les bonnes motos au bon moment. Réfléchissez-y : quand on était sur les 500cc, on disposait des pneus de 17 pouces. Cette roue était une sorte d’égaliseur (?), et avec elle, j’ai gagné le titre. Elle était en grande partie la raison de la compétitivité de Suzuki. Mais ensuite, on est passé aux pneus de 16,5 pouces, avec lesquels il est devenu plus important d’avoir une moto puissante, car la surface de contact du pneu au sol a, en gros, été doublée. Pile à ce moment-là, Rossi était sur la Honda avec Jeremy Burgess. Honda avait tout, la moto, l’équipe, les pneus, etc. Le championnat était à lui."
"Ensuite, il était avec Honda lors du passage au 4-temps. Encore une fois, Honda avait la bonne moto, l’équipe, les pneus, etc. Rossi a gagné".
Roberts poursuit : "Ensuite, il est passé chez Yamaha. Bon, personne ne se rappelle de ça maintenant mais, qui pilotait la M1 la saison précédente ? Alex Barros. Rappellez-vous que fin 2002, Honda avait donné à Barros une RCV, et il avait gagné trois des quatre derniers GP. Et en 2003, Barros a dit a Yamaha "Hé mais, votre moto n’a pas de couple à certains endroits. Ce dont vous avez besoin, c’est de plus de puissance et d’une courbe de couple plus linéaire, de façon à ce que le moteur ait une plage d’utilisation plus large". Du coup, quand ils ont construit le nouveau moteur, ils l’ont fait avec plus de couple plus de puissance, une plage d’utilisation plus large, et ont changé l’ordre d’allumage. Valentino a roulé avec cette moto en Malaisie, et elle était beaucoup mieux. Rossi, après de gros efforts de sa part et de la part de Yamaha, est arrivé sur la M1 et a remporté le championnat. Et, au même moment, Michelin avait apporté un nouveau pneu qui créait beaucoup de chattering sur la Honda mais pas sur la Yamaha. Honda a été contraint de ne pas utiliser ce nouveau pneu, mais Valentino et Burgess l’ont utilisé sur la Yamaha. La plupart des choses que Yamaha a fait pour Rossi, Ducati l’a fait aussi."
"Mais je ne retire rien à Valentino, rien du tout. Il est talentueux, il est incroyable. Aujourd’hui, il se bat lorsqu’il est sur la moto, et aussi lorsqu’il n’y est pas. Il a des problèmes dans à peu près 4 des 8 domaines qui peuvent faire que vous gagnez une course. Il a des problèmes de sensations, d’électronique, de vitesse et d’autres chose encore. Pour lui, ça ne doit pas être drôle de courir en ce moment, mais en même temps, c’est ce qu'est la course normalement. Il est impossible d’avoir la moto parfaite chaque année. Si ça vous arrive une fois dans votre carrière, vous êtes déjà chanceux"
PS : j'ai vérifié, Barros n'a pas gagné 3 des 4 derniers GP 2002, mais 2.
"Je penche donc je suis" - L'Encyclopédie Imbécile de la Moto
Dernière modification par SebCaro ; 16/04/2012 à 20h23.
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