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EXCLU365 - MOTO GP / RANDY DE PUNIET :
«Ca ne m'amuse pas de finir 10eme»
A 30 ans, Randy de Puniet s'apprête à entamer sa sixième saison en MotoGP. Toujours plein d'ambitions, le seul Français présent dans la catégorie reine, désormais pilote chez Ducati, compte bien faire une saison pleine en 2011 pour franchir un palier.
Sept mois après votre accident (double fracture tibia péroné), votre jambe vous handicape-t-elle toujours ?
Non c'est enfin terminé. Je me suis vraiment reposé après le dernier Grand Prix de la saison dernière. J'avais tellement « tiré » sur ma jambe après mon retour que c'était limite (ndlr : blessé le 18 juillet lors du Grand Prix d'Allemagne, Randy de Puniet est revenu le 14 août). J'ai repris le sport tout doucement à partir de mi-décembre pour réattaquer à 100% début janvier. Les derniers tests en Malaisie m'ont montré que tout était bon au niveau de la douleur, de la flexibilité et aussi de la mobilité de
ma cheville qui s'était cassée en 2009. Je suis content, c'était la bonne nouvelle des essais.
Ce retour n'était-il pas prématuré après cette grave blessure ?
C'est toujours plus facile à dire après… En 2009, quand je me suis cassé la cheville, je suis revenu au bout de trois semaines. A ce moment-là je m'étais dit que si je me blessais à nouveau, je prendrais mon temps.
Après ma fracture du tibia l'été dernier, l'objectif était de remonter le plus vite possible sur la moto. A ce moment-là j'étais 4e du championnat et je savais que j'étais en train de perdre beaucoup. Je voulais revenir rapidement pour limiter la casse. C'était une épreuve difficile mais je n'ai pas de regrets car les conséquences auraient été les mêmes au niveau de la douleur, si j'avais loupé une ou trois courses. Cela ne s'est pas aggravé et tant mieux car la santé reste le plus important. Je pense même que si je m'étais absenté plus longtemps, je n'aurais pas fini dans le top 10 à la fin de la saison.
Quel bilan tirez-vous de votre préparation et des derniers essais à Sepang (Malaisie) ?
Physiquement, je suis bon, il n y a aucun souci. Par contre on a eu quelques problèmes avec la moto à Sepang, notamment pour la faire entrer dans les virages avec les freins, elle avait du mal à tourner. C'était un peu le point critique pour tous les pilotes Ducati. J'étais surpris de me retrouver face à ces difficultés car à Valence je n'ai eu aucun problème. Du coup on s'est mis à faire énormément de modifications sur la moto et à l'issue des trois jours, au moment où j'ai essayé de faire un chrono, je n'avais pas encore la meilleure moto. A un moment il a fallu prendre une décision et se mettre au travail pour essayer de faire quelque chose. Je n'étais qu'à 1''3 du meilleur temps. Avec les informations que l'on a récoltées, l'objectif sera de réduire cet écart de moitié lors des prochains tests la semaine prochaine.
A la fin de ces essais, pensez-vous avoir trouvé vos marques avec la Ducati ?
Pas encore, je ne pense pas. Il va me rester deux jours d'essais avant le Grand Prix du Qatar (ndlr : le 20 mars 2011) et j'espère être quasi à 100% au terme de ces deux jours. Mais le but n'est pas d'être totalement prêt, c'est avant tout de progresser, d'emmagasiner un maximum d'expérience car
je ne connais pas bien la moto et l'équipe ne me connait pas non plus. On n'a rien à gagner pendant les tests, trouver les automatismes sur la moto est la chose la plus importante pour ne pas avoir à le faire pendant les Grands Prix.
« Aujourd'hui, un jeune en championnat de France ne rêve pas de GP mais de Superbike. »
Quels sont vos objectifs pour la nouvelle saison ?
Cette année, il y aura vraiment du lourd sur les pistes avec quatre Honda officielles, deux Yamaha officielles, les deux Ducati et la Suzuki qui est rapide. Mon objectif sera de terminer premier « privée » (ndlr : avec l'équipe Primac), de battre un maximum de motos officielles et monter sur le podium. En 2010 j'ai fait une super saison mais il me manquait un podium, en 2009 j'en ai fait un mais je me suis blessé, cette saison si je termine dans le Top 10 le contrat sera rempli.
A l'aube de votre sixième saison en MotoGP, que vous manque-t-il pour enchaîner les bonnes performances ?
Déjà l'an dernier, mon classement relevait du miracle pour une moto privée. Personne n'avait fait ça en dix ans (ndlr : 9eme avec le Team LCR Honda). Malheureusement je me casse la jambe. Je pense que si j'avais fini ma saison comme je l'avais commencée, j'aurais eu des opportunités pour avoir des motos plus compétitives. Aujourd'hui, sans moto d'usine et en n'étant pas dans une Team officielle, être régulièrement dans le Top 5 et espérer gagner, c'est impossible. Maintenant je prends mon mal en patience et j'espère qu'en 2012 avec la nouvelle catégorie (ndlr : 1000cm3) et les nouvelles marques qui vont arriver, je vais pouvoir disposer d'une moto pour me battre devant. En tout cas, il faudra réaliser une bonne saison 2011 pour avoir la possibilité de décrocher un bon guidon en 2012. Ca ne m'amuse pas de faire 10e, 9e ou 8e. L'an dernier
ma première partie de saison était top et j'aimerais revivre des moments comme ça.
Le Grand Prix du Mans sera-t-il un objectif ?
Oui et non. La saison dernière, au terme d'une course correcte, j'ai terminé 7eme, mon meilleur résultat en MotoGP. J'avais déjà fait 4 podiums en 250cm3 (3 fois 2eme et une fois 3eme). C'est clair qu'au Mans je suis à la maison mais ce n'est pas vraiment le type de circuit qui me convient. J'espère améliorer mon résultat de l'an dernier mais ce n'est qu'une étape parmi les autres et il ne faut pas tout tenter au risque de tout perdre juste parce que mon public est présent.
Pourquoi la MotoGP manque-t-elle de pilote français et comment expliquez-vous la domination espagnole ?
En Espagne, une vraie école est née il y a 7 ou 8 ans où pas mal de pilotes comme Dani Pedrosa ou Toni Elias en sont sortis. A l'époque ils ont eu de très gros sponsors et des investisseurs qui leur ont permis d'arriver jusqu'en Grand Prix. En France il y a eu des écoles mais c'était incomparable et aujourd'hui, il n'y a pas d'argent, pas de filière et le niveau est moyen. Ce n'est vraiment pas facile pour un jeune pilote français d'arriver en GP et, de plus en plus, les jeunes se dirigent vers le Superbike qui est plus abordable. Aujourd'hui, un jeune en championnat de France ne rêve pas de GP mais de Superbike. C'est malheureux mais il faut voir aussi les problèmes économiques. Même un jeune qui a du talent devra payer entre 300 000 et 400 000 euros pour une saison en 125cm3 sur une moto avec laquelle il ne sera pas capable de gagner. Heureusement que l'Espagne et l'Italie ont encore pas mal de pilotes sous la main car il commence à ne plus y avoir d'argent non plus dans ces pays…