Motocyclisme
Suter plus fort que Honda
Image © Keystone
Eskil Suter, l’homme qui s’est fait tout seul et sur le terrain.
En 2012, le Zurichois s’alignera dans les 3 catégories des GP. Avec Thomas Lüthi en MotoGP, peut-être.
Jean-Claude Schertenleib - le 04 mars 2011, 21h56
Le Matin
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C’est «la» success story du moment en GP: Eskil Suter, honnête pilote privé en 250 dans les années 1990, est aujourd’hui un personnage incontournable du paddock. Premier champion du monde des constructeurs Moto2 de l’histoire en 2010, il se retrouve en 2011 à la tête d’une escouade de pilotes qui vont jouer le titre (Thomas Lüthi en pleine forme, le jeune Britannique Redding, le fougueux Français Cluzel, le surdoué Espagnol Marc Marquez, le brillant Italien Iannone, le solide Turc Sofuoglu). Technicien hors pair, habile négociateur, Eskil Suter, 44 ans cette année, s’est «fait sur le terrain, parce que ce n’est pas sur les bancs d’une école qu’on apprend la course». Et, le succès aidant, son cerveau ne cesse de bouillonner: son projet MotoGP – un châssis maison, dans lequel il a installé un moteur 1000 cm3 BMW – se poursuit: «Ce sera l’an prochain ou jamais. Mais ça sera l’an prochain! Quand on voit ce que coûte le leasing d’une Ducati pour espérer terminer quinzième de la course, je suis persuadé qu’on peut offrir aussi bien pour moitié prix.»
Projet secret
Mais il y a mieux: en 2012, une PME zurichoise qui emploie actuellement 30 personnes aura plus d’importance en GP que le géant Honda. Car, et Eskil Suter n’a pu hier soir que confirmer nos informations, la nouvelle classe Moto3, qui remplacera la catégorie 125, se fera avec Suter Racing Technology: «Pour environ 60 000 francs, nous proposerons une moto originale, avec un moteur maison. Nous sommes en plein dans le développement de ce projet, que nous présenterons plus tard dans la saison», avoue Suter. Qui sait qu’un marché important va s’ouvrir puisque, peu à peu, cette nouvelle catégorie remplacera aussi la classe 125 à l’échelon des championnats nationaux. Pour Eskil Suter, il y a pourtant un prix à payer à la gestion parallèle de ces différents projets: «Le manque d’heures de sommeil, mais ce n’est pas si grave.» Car les récompenses sont là: hier, son nouveau pilote, Thomas Lüthi, a signé le meilleur temps d’une journée qui s’est terminée avant son terme, en raison d’un violent orage. Commentaire du patron: «On a déjà vu que Lüthi avait fait un saut de qualité entre 2009 et 2010; eh bien, il en a fait un nouveau cet hiver.»
Un saut de qualité qui coïncide avec le passage du meilleur pilote suisse à une moto née tout près de chez lui.