Riou sera-t-il puni pour avoir sauvé Le Cam?
VENDÉE GLOBE | Le skipper a sérieusement endommagé son voilier en venant au secours du marin en perdition. Logiquement, il a demandé au jury de la course une compensation.
© AP | Vincent Riou (à g.) a bénéficié de l’aide Jean Le Cam pour redresser son mât qui menaçait de tomber après le sauvetage.
AFP | 08.01.2009 | 00:01
Vincent Riou (PRB), qui a endommagé sérieusement son gréement en sauvant mardi son camarade Jean Le Cam (VM Matériaux), s’interrogeait hier sur la compensation que lui accorderait le jury international.
Lors de sa dernière et réussie tentative de sauvetage, un «outrigger» (pièce maintenant le mât en tension) a été brisé lors d’un choc contre la quille de l’épave retournée. Le mât du bateau de Vincent Le Riou s’est alors incliné à 30 degrés, menaçant de tomber. Jean Le Cam a immédiatement aidé Riou à manoeuvrer pour redresser et sécuriser le mât.
L’avarie est sérieuse et nécessite une réparation difficile, que Vincent Riou n’est pas certain de pouvoir réussir seul.
Aide illicite?
Le règlement de la course est clair: toute escale est interdite, ainsi que toute assistance extérieure, notamment pour réparer. Mais les circonstances du sauvetage de Le Cam demandent une interprétation des textes, que seul peut fournir le jury international, qui statue souverainement et sans appel.
Première question: l’aide de Le Cam pour redresser le mât est-elle une assistance illicite?
«C’est au jury international d’apprécier la situation et de statuer», a indiqué Denis Horeau, directeur de la course. «Il faut que le jury ait été saisi soit par la direction de course, soit par un concurrent». Pour l’heure, selon Horeau, rien ne dit que l’aide de Le Cam soit considérée comme une assistance à un marin en course.
Grands principes
Deuxième question: le jury peut-il consentir des facilités à Riou pour réparer?
Sans répondre directement, son président, Bernard Bonneau, a rappelé les grands principes, «égalité, réparation et collégialité», qui dictent le fonctionnement des jurys.
«Quand un concurrent se déroute par obligation comme le règlement l’y oblige, il a des droits et des devoirs», a-t-il dit. «Il a droit notamment à une réparation qui soit équitable vis-à-vis de lui, vis-à-vis de la course, vis-à-vis des autres concurrents. Cela peut être une compensation en temps, un ajustement de place, une exonération de faute ou même rien du tout. Le jury peut accorder réparation à quelqu’un qui a subi un dommage, pour cela il faut établir les faits».
«Concernant Vincent Riou, a dit M. Bonneau, il a pris contact avec nous mais personnellement je ne lui ai pas encore parlé, j’ignore ses intentions et en dernier ressort c’est le marin qui décide» de quand et comment réparer. «Lorsque nous aurons tous les éléments, nous prendrons notre temps. Notre décision sera prise sans précipitation. Ce sera une décision collégiale et sans appel», a-t-il ajouté.
Desjoyeaux fonce
Hier, alors que Riou (4e) devait en principe transborder Jean Le Cam sur le voilier d’Isabelle Autissier qui croisait dans les parages, Michel Desjoyeaux était toujours en tête de la course, devant Roland Jourdain et Armel Le Cléach. La course continue: l’ensemble de la flotte a toutefois envoyé des messages pour se réjouir du sauvetage de Jean Le Cam.