Federer: «J’étais déçu, choqué et triste. Je m’en relèverai»
MELBOURNE | Après sa cruelle défaite en finale face à Rafael Nadal, Roger Federer n’a pas pu retenir son émotion, lors de la remise des prix. Des larmes de désarroi et d’impuissance face à l’indestructible Espagnol, qui l’a battu en cinq sets. Mais le Bâlois n’abdique pas.
© EPA / OLIVER WIKEN | Roger Federer, en larmes après la défaite concédée sur un coup droit trop long, a manqué son rendez-vous avec l’histoire en ne remportant pas un 14e titre du Grand Chelem. Face à Nadal, le Suisse a subi sa 13e défaite, la cinquième consécutive.
Olivier Breisacher, Melbourne | 02.02.2009 | 00:01
C’était il y a trois ans. Même court, même ambiance, même soutien du public, mêmes hommages appuyés, même invité de marque dans l’arène qui porte son nom, Rod Laver en personne. Face au dernier vainqueur du Grand Chelem (1969), Roger Federer s’effondrait en larmes, après avoir remporté l’Open d’Australie face à Marcos Baghdatis.
Février 2009, trois ans plus tard. La gorge longtemps nouée par l’émotion, bouleversé par une défaite mortifiante, Roger Federer est à nouveau noyé par les sanglots. Le décor a pourtant changé, le chaudron s’est transformé en enfer et Rod Laver se tient fièrement debout aux côtés de Rafael Nadal, l’indestructible gladiateur qui vient de s’accaparer le trophée. Après une bataille homérique en cinq sets: 7-5 3-6 7-6 (7-3) 3-6 6-2 entre les deux meilleurs joueurs du monde. Avant que Federer, trahi par son service tout au long de la soirée, ne rende les armes.
C’était déjà lundi matin à Melbourne. Et c’était une fois encore Rafael Nadal qui venait de donner la leçon à Roger Federer, contraint de repousser à des jours meilleurs son rendez-vous avec l’histoire. Pour la 5e fois consécutive, mais surtout pour une 3e finale de rang en Grand Chelem, l’emprise du fier Ibère sur l’esthète suisse avait frappé dans le mille. Après l’humiliation infligée à Roland-Garros, après le match du siècle à Wimbledon, le choc de Melbourne fait son entrée dans les classiques. «Je suis désolé, Roger», s’excuse en public Rafa de Majorque, en le prenant dans ses bras.
Auparavant, le Bâlois a dû battre en retraite sur l’estrade, incapable dans un premier temps de s’exprimer. «J’étais sous le choc, avouera-t-il plus tard. Le moment était brutal. En dehors de ma famille, le tennis, c’est toute ma vie, toute ma passion. J’ai ressenti cette chaleur humaine des spectateurs, j’étais mal à l’aise.» Entre la balle de match et la cérémonie officielle, bien plus que ce 14e titre du Grand Chelem pour lequel il devra encore patienter, Roger Federer a eu tout loisir de se repasser le film de la finale.
Et tout s’écroule…
Prenant un meilleur départ dans le match, il abandonnait certes le premier set, mais se ressaisissait au deuxième et survolait le troisième. Où il galvaudait à 4-4 puis 5-5 un total de six balles de break. Avant de craquer au tie-break. La course-poursuite était amorcée, mais n’allait pas jusqu’au bout. Etrangement fébrile, à bout de forces mentales ou physiques, Roger Federer s’effondrait au cinquième set.
Question émotion, rebondissements et intensité, ce choc n’a pas égalé la dramaturgie de celui de Wimbledon 2008, dont l’issue avait été qualifiée de «désastre» par Roger Federer. Mais le coup de massue asséné hier soir semble plus douloureux encore. Attendues depuis six mois, les retrouvailles entre les deux monstres sacrés du tennis ont confirmé la vulnérabilité du Suisse devant le taureau de Manacor.
Privé de dessert à Roland-Garros, chassé de sa maison à Wimbledon, le voilà désormais traqué à Melbourne, ce tournoi qui lui tient à cœur et qui avait épousé sa carrière comme aucun autre. Federer n’est plus maître des lieux nulle part, sauf à Flushing Meadows.
L’Open d’Australie devait poser les jalons de la saison nouvelle. C’est fait. Rafael Nadal s’est transformé en tour de béton, imprenable pour Roger Federer. Tant au niveau du classement mondial qu’à celui du jeu, toutes surfaces confondues. Melbourne a consacré la fin de la métamorphose du numéro 1 mondial devenu encore meilleur, plus complet, avec un revers et un service encore plus redoutables. Le talent du magicien helvétique ne suffit plus. Du moins pour l’instant.
Mais quel match. Bravo Nadal