MOTOCYCLISME
Le camion était farci à la cocaïne
Image © Keystone
C’est dans semi-remorque que les douaniers britanniques ont retrouvé 8 kilos de cocaïne, 71 kilos de tablettes d’amphétamines, plus de 100 kilos de cannabis, un pistolet et 35 boîtes de munition.
L’Office britannique des douanes a découvert d’énormes quantités de drogue dans deux véhicules du team officiel Kawasaki en mondial superbike. Désormais, les contrôles seront beaucoup plus sévères.
Jean-Claude Schertenleib - le 02 mai 2011, 22h00
Le Matin
Drogue Douvres (GB)
Quand les anciens se retrouvent autour d’une table d’un bon restaurant – il y a très longtemps que les feux de camp sont interdits dans les paddocks de course –, ils en viennent immanquablement à se raconter des histoires du passé. Il y a celle de cette moto d’avant-guerre qui a miraculeusement reparu, il y a des années, du bon côté de ce qui était encore le rideau de fer. Et les pièces de cette moto d’usine, déclarées volées en Amérique du Sud, qui ont ensuite permis à un pilote privé de réussir des résultats au-delà de ses attentes. Les anciens, autour de leur table, disent bien sûr que c’était de bonne guerre, qu’il fallait bien, alors, se débrouiller comme on le pouvait.
Chargement stupéfiant
Mais ce qui est survenu la semaine dernière à la douane de Douvres ne fait plus rire du tout: lors d’un contrôle, les Britanniques ont découvert dans des véhicules du Paul Bird Motorsport, l’équipe qui gère les activités de Kawasaki en championnat du monde superbike, 8 kilos de cocaïne, 71 kilos de tablettes d’amphétamines, plus de 100 kilos de cannabis, un pistolet et 35 boîtes de munition. Quatre membres de l’équipe ont été immédiatement interrogés (trois Britanniques et un Italien), suspectés d’infractions à la loi sur les armes et d’importation de produits interdits.
«A l’insu de leur plein gré»?
Hier, en début de soirée, Paul Bird Motorsport a fait parvenir une déclaration officielle, dans laquelle l’équipe britannique confirme «qu’une quantité importante de produits interdits a été déposée dans un des transporteurs du team, pendant que ledit véhicule se trouvait à Assen, où s’est déroulée la dernière course en date comptant pour le championnat du monde superbike. La découverte a été un choc pour toute l’équipe et nous sommes persuadés qu’aucun membre de notre team n’est directement concerné par les produits découverts. L’enquête préliminaire terminée, les personnes entendues ont immédiatement été relâchées (…). Suite à cette affaire, nous allons augmenter de manière drastique les mesures de sécurité autour de nos véhicules lors de nos prochains voyages à travers l’Europe.»
Conséquences à attendre
Cette prise spectaculaire ne manquera pas d’avoir des conséquences: «Nos détectives vont désormais regarder avec beaucoup plus d’attention les véhicules qui déplacent du matériel pour les sports mécaniques, que ce soit des teams superbike ou de MotoGP, ou même des équipes de formule 1», a immédiatement confié au Telegraph une source de l’agence britannique des douanes. «Jusqu’à présent, nous nous contentions souvent d’un contrôle de routine, cela va changer.» La drogue a été saisie dans le secteur est des docks du port de Douvres, lors d’un contrôle de routine, mais le message semble clair: ces prochaines semaines, les différentes équipes – et elles foisonnent, en Grande-Bretagne, berceau historique des sports mécaniques – devront adapter leur plan de route et anticiper leur départ de quelques heures si elles désirent arriver à temps au circuit suivant.
En Suisse, les contrôles existent
Patron du team Mach, qui aligne cette année Bastien Chesaux en championnat du monde supersport – le jeune Vaudois a été victime d’une chute alors qu’il s’entraînait en motocross, samedi à Bullet (VD). Il souffre d’une fracture ouverte de l’humérus droit et d’un enfoncement partiel de la cage thoracique –, Robert Chesaux est un habitué des frontières: «Quand nous sortons du pays, et quand nous y revenons, nous devons présenter un carnet ATA, sur lequel figure en grandes lignes tout le matériel que nous transportons. Nous ne détaillons pas jusqu’au type de clé à mollette qui se trouve dans telle ou telle boîte à outils, mais il nous est déjà arrivé de nous faire contrôler à Vallorbe, au retour d’une course.»
S’il est bien sûr choqué par l’importance de la prise des douaniers britanniques, Robert Chesaux rappelle aussi que les camions des équipes, transformés encore souvent pour moitié en atelier, et pour l’autre en zone d’habitation pour les mécaniciens, regorgent de petites cachettes.
J.-C. S.
Après on viendra me dire que le sport moto est propre nickel