automobilisme
Michael est de retour
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A 11h30, hier matin, Norbert Haug, directeur sportif de Mercedes, a officialisé ce que l'on pressentait: à 41 ans, Michael Schumacher, septuple champion du monde de F1, sort de sa retraite
Jean-Claude Schertenleib - le 23 décembre 2009,
Le Matin
C'était «le» feuilleton de ce début d'hiver, un jeu de piste dans lequel les différents protagonistes lançaient, à tour de rôle, quelques indices, plus ou moins voilés.
Puis, ces dernières quarante-huit heures, les choses se sont précipitées: la signature d'un contrat record (210 millions de francs) entre le géant malaisien du pétrole (Petronas) et Mercedes, avant le feu vert du médecin de Michael Schumacher, Johannes Peil. Qui confie: «Il fait des progrès immenses», à propos des soucis rencontrés en plein été par Schumi, alors qu'on parlait déjà d'un retour. Enfin, l'officialisation, hier matin, qu'un contrat d'une année (pour une dizaine de millions de francs) avait été signé entre Michael Schumacher et la nouvelle écurie Mercedes-Petronas, où il sera l'équipier de son jeune compatriote, Nico Rosberg.
Qu'est-ce qui peut pousser un homme dans la force de l'âge, qui a tout gagné - sept titres de champion du monde des conducteurs, 91 victoires en GP -, qui est à la tête d'une fortune colossale, qui est marié et père de deux enfants, qu'est-ce qui peut le pousser à revenir, avec tous les risques que cela comporte? C'est la question que tout le monde se pose depuis le début du feuilleton.
Réponses, au pluriel
On ne passe pas si facilement du rôle d'acteurà celui d'observateur
Comme d'autres avant lui, Michael Schumacher avait devant lui une voie royale: conseiller de la Scuderia Ferrari, marié à vie à l'écurie vedette du championnat du monde. Il avait envie d'assister à un GP? Une place de choix lui était réservée. L'envie de jouer de nouveau avec son adrénaline? Pas de souci: direction le circuit du Mugello ou de Fiorano, une F1 était à sa disposition. Mais l'observateur qu'il était devenu a vite compris qu'il n'était pas fait pour un tel rôle.
On se lasse vite d'une vie devenue trop normale
Quand il s'était retiré, fin 2006, Michael Schumacher n'avait pas oublié de lancer les phrases que l'on dit toujours en ces circonstances: j'ai une magnifique famille, je suis en bonne santé, je n'ai pas de soucis financiers, j'ai vécu ma passion à fond, avec succès. Etc. Mais il n'y a rien de plus lassant qu'une vie normale; d'autant plus lorsqu'on a été habitué à vivre à plus de 200 km/h. Les enfants grandissant, celui qu'on ne nommera plus le «Baron rouge», mais qu'il faudra bien appeler le «Chevalier argenté», rapport aux couleurs historiques des Mercedes de compétition, a tout simplement ressenti le besoin de se lancer de nouveaux défis.
On ne devient pas si facilement pilote... de moto
Alors, ce Schumi à la recherche de sensations fortes s'est intéressé au sport motocycliste. Et quand, un dimanche de février 2008, «Le Matin» a été le premier média du monde à parler de sa nouvelle passion, certains ont cru au mauvais gag. A un simple effet d'annonce. Erreur. Michael Schumacher, comme il l'a toujours fait durant sa carrière de pilote automobile, a appréhendé le problème avec un sérieux absolu. Très vite, ceux sur lesquels il s'appuyait dans sa nouvelle vie ont été bluffés; par le talent, bien sûr, mais plus encore par l'humilité de cette star mondiale, devenue un élève parmi d'autres. Las, l'homme n'a pas eu de chance; ou alors beaucoup, lorsque, en février dernier, il a été victime d'une lourde chute dans le sud de l'Espagne. Dont il s'est relevé avec un choc thoracique, mais aussi une fracture de la septième vertèbre cervicale, une lésion de l'os occipital, la compression et une lésion de l'artère vertébrale. Fin de ses ambitions sur deux-roues...
En août, il n'était pas prêt
La suite, on la connaît: Michael Schumacher est pressenti pour remplacer Felipe Massa (blessé en Hongrie) dans «son» écurie Ferrari, mais, les larmes aux yeux, il doit renoncer le 11 août dernier. Ce n'est que partie remise, jusqu'à hier matin. Et la confirmation de ce que tout le monde attendait depuis quelques jours et à quoi Michael Schumacher, lui-même, a voulu apporter un peu de piquant: «Je n'ai aucun doute sur mes capacités. Nous avons planifié un plan pour les trois prochaines saisons. C'est cela: trois ans de courses, encore!»
4 dates-clés du retour de Schumi
23 novembre
Mercedes, qui a racheté BrawnGP, engage l’Allemand Nico Rosberg, mais ne donne aucune précision sur l’identité de son deuxième pilote. Quand on évoque le nom de Michael Schumacher, celui-ci rigole: «Ce ne sont que des rumeurs. Actuellement, les médias laissent un peu aller leur imagination.»
25 novembre
Willi Weber, manager personnel de Michael Schumacher, annonce que le contrat (statut de consultant) qui lie son client à la Scuderia Ferrari n’a pas été prolongé pour une durée de trois ans, comme prévu initialement.
18 décembre
Président de Ferrari, Luca di Montezemolo parle avec ironie d’un coup de fil qu’il vient d’avoir: «Ce devait être le jumeau de Michael, qui m’a fait comprendre qu’il allait reprendre le volant l’an prochain.» Le même jour, Sabine Kehm, attachée de presse de Schumi, quitte ses fonctions de responsable de la communication auprès de Ferrari Allemagne.
22 décembre
La veille, Mercedes et Petronas ont signé un partenariat à hauteur de 210 millions de francs. Johannes Peil, le docteur personnel de Michael Schumacher, donne son feu vert. Le pilote allemand signe un contrat d’une année le même soir. L’officialisation de l’accord est survenu hier matin à 11 h 30, au cours d’une conférence téléphonique.