Tennis - AUS (H)
«Le retour du Grand Federer»
En décrochant son seizième titre majeur dimanche à Melbourne face à Andy Murray (6-3, 6-4, 7-6 [11]), Roger Federer a mis un point final à un tournoi maîtrisé de bout en bout. On ne s'est pas lassé de le regarder jouer. Il a tout. Mais c'est son calme qui a été frappant.
Roger Federer a époustouflé par sa maîtrise à Melbourne où il a joué une huitième finale consécutive en Grand Chelem.(REUT)
«Federer... C'est Federer ! Il n'est pas comme nous, on vient de le voir. C'est un extra-terrestre. Il a remporté son seizième titre en Grand Chelem. Il a confirmé la démonstration qu'il a faite en demi-finales. Jo-Wilfried Tsonga n'a pas encaissé trois petit sets (6-2, 6-3, 6-2) par hasard. Ce score était déjà dû au niveau de jeu du Suisse et pas à la prestation du Français. Ensuite, il gagne en trois sets en finale face à Andy Murray (6-3, 6-4, 7-6 [11]) dans un match où sa lucidité et son calme ont été frappants dans les moments chauds. Cela s'est surtout vu dans le tie-break où la tension était palpable. C'est là où il montre sa capacité à prendre du recul face à un Andy Murray très tendu, nerveux.
Une finale maîtrisée
On l'avait vu très bien jouer tactiquement. Davantage qu'à l'accoutumée, il a fait déjouer son adversaire avec son revers coupé. Alors qu'on se dit qu'il aurait pu attendre. De son côté, l'Ecossais a péché avec son coup droit. Je l'ai senti plus nerveux que Federer qui a su garder son calme, encore une fois, en toute circonstance : sans s'affoler, il est remonté tranquillement au score alors qu'il était mené 5-2 dans le troisième set. Ce qui a été frappant dans ce match c'est le niveau physique des deux adversaires. Federer et Murray étaient très affûtés et on a eu droit à de longs rallyes dans cette finale qui n'ont pas émoussé l'intensité dans les échanges.
Un revers au point, un mental à toute épreuve
Mais le numéro 1, aujourd'hui, c'est incontestablement Federer. Seuls les très grands peuvent faire ce qu'il a fait dans ce tournoi. Son revers a été très précieux en finale : quand il croisait sa balle, on sentait qu'il pouvait envoyer ce type de balles pendant des heures sans en rater aucune. A 2-0, au début du match, il a commis quelques fautes en coup droit mais il a vite rectifié le tir et ça n'a vraiment pas été significatif sur l'ensemble du match. Attention, il n'y a pas eu intrinsèquement un écart monstrueux entre les deux hommes mais au niveau mental, c'est une autre histoire. C'est déjà l'un des points forts de Federer mais en plus il a l'expérience de ces grandes finales. C'est la seizième qu'il gagne ! Alors être mené deux sets à rien face à lui, c'est extrêmement dur à reprendre : on l'a vu avec ces cinq balles de troisième set sauvées par le n°1 mondial.
A Melbourne, le retour du Grand Federer
On ne s'est pas lassé de le regarder jouer. Il a tout. Il n'a pas fait un coup de raccroc dans ce tournoi. On n'a pas l'impression qu'il se déplace ou qu'il fait de grandes chevauchées alors qu'il va très, très vite ! Son replacement est impeccable. Je suis plus qu'admiratif. Admiratif de ce qu'il fait sur le court, en dehors et de la manière dont il se prépare. C'était sa huitième finale consécutive depuis sa défaite contre Novak Djokovic il y a deux ans. Il a été présent dans le dernier carré vingt-trois fois d'affilée ! C'est imbattable ce record-là. Et ce gars-là ne se blesse jamais. On a retrouvé le Federer des plus belles années. Moi le premier j'avais annoncé que ce tournoi allait être très ouvert. Or, il a survolé le tableau, excepté une petite alerte contre Nikolay Davydenko en quarts de finale (2-6 6-3 6-0 7-5). Et là, c'était surtout dû à la qualité de jeu du Russe. Federer a livré ici l'un de ses tournois les plus aboutis depuis longtemps au niveau de la suprématie et de la régularité. A Wimbledon, il avait failli passer à la casserole contre Andy Roddick. Là, on manque de superlatifs.
Un Grand Chelem 2010 ?
Oui. Pourquoi pas, il en est capable. Si quelqu'un peut le faire, c'est lui. Il a gagné les quatre tournois. Seuls deux joueurs l'ont fait depuis le début de l'ère Open. Après il faudra voir si Rafael Nadal n'est pas diminué pour Roland-Garros. S'il n'y arrive pas, c'est pas grave. Il reste, pour moi, le plus grand joueur de tous les temps. Actuellement, son principal adversaire, c'est lui-même. Demain, il peut subitement avoir moins envie. Ensuite, il y a un Nadal à son top : c'est le seul adversaire qui peut l'inquiéter. Objectivement.»
Signé par un chroniqueur.. français, M. Rodolphe Gilbert pour ne citer que son nom....