MOTOCYCLISME
2012, un grand saut dans l’inconnu en MotoGP
08. novembre 2011, 22h23
Jean-Claude Schertenleib | Le Matin
Malgré le soleil enfin revenu sur la région de Valence (Esp), les zones d’ombre sont encore nombreuses sur le plateau MotoGP de l’an prochain. Une première certitude: le passage de 800 à 1000 cm3 ne devrait pas remettre en question la domination de Honda.
Une première version de la Suter-BMW a fait ses premiers tours de roues publics avec à son guidon l’Espagnol Carmelo Morales. © DR
Un champion du monde (l’Allemand Stefan Bradl) qui ne sait plus qui croire, une des révélations de la saison (l’Espagnol Alvaro Bautistá) qui a l’impression d’être pris en otage, un pilote (Randy De Puniet) qui se faisait déjà à l’idée de changer complètement de vie et qui se retrouve en piste sous de nouvelles couleurs quelques minutes plus tard: les dernières 48 heures ont été plutôt mouvementées dans le paddock MotoGP, qui entrait hier matin dans une nouvelle ère. Oubliées les 800 cm3, place à un plateau hétéroclite, fait de prototypes officiels 1 000 cm3 (12 motos), d’une 800 de cette année (si Suzuki officialise dans les heures qui viennent son engagement) et de motos artisanales au tout début de leur développement.
Du provisoire
Illustration du flou actuel, les premiers tours de roues publics de la Suter-BMW: «La moto que nous utilisons ici ne ressemble en pas grand-chose à celle qui débutera la saison prochaine», explique Eskil Suter, le patron de Suter Engeneering, à Turbenthal (ZH). Testée à Valence par un second couteau – l’Espagnol Carmelo Morales –, la moto suisse devrait passer un premier cap en fin de mois, lorsqu’un de ses pilotes titulaires, l’Américain Colin Edwards, la découvrira: «L’idéal serait de pouvoir aligner trois motos l’an prochain», reprend Eskil Suter. Pour le moment, deux teams sont confirmés, des contacts existent avec d’autres.» Selon nos informations, la «vraie» Suter MotoGP devrait reprendre le bras oscillant inversé, qui a d’abord été utilisé cette saison en Moto2 par Marc Marquez, puis par Thomas Lüthi et Andrea Iannone. Pour le reste, on a découvert à Valence d’autres projets artisanaux, comme l’Inmotec propulsée
par un V4 français, la Gapam italienne dont le cœur est allemand (BMW) et une FTR-Kawasaki; débours actuels de ces motos par rapport aux machines officielles: près de 7 secondes au tour. Le championnat 2012 sera une compétition à deux vitesses.
Quid de Bradl?
Ce d’autant plus que des questions restent en suspens dans les teams traditionnels. Champion du monde Moto2, l’Allemand Stefan Bradl a passé la journée au guidon de la Honda 800 du team de Lucio Cecchinello, que pilotait cette année Toni Elias; le HRC, le service compétition de Honda aimerait que Bradl fasse le saut, mais celui-ci craint que son employeur actuel, avec lequel il avait un contrat oral pour poursuivre l’aventure en Moto2, le traîne en justice.
Du flou, encore? Au milieu de la journée, le Français Randy De Puniet s’est retrouvé au guidon de la Suzuki 800; deux heures plus tard, il roulait déjà aussi rapidement que son titulaire cette année. Prometteur? Bien sûr, mais le troisième constructeur nippon n’a toujours pas confirmé qu’il poursuivait son engagement en MotoGP et s’il le fait, De Puniet commencera la saison avec une 800, avant d’éventuellement bénéficier de la nouvelle 1000, qui existe au Japon, mais qui est encore loin du compte au plan des performances. Enfin, qui récupérera la Honda officielle prévue pour le malheureux Marco Simoncelli? Logiquement, elle est promise à Alvaro Bautistá, que le système a pris en otage ces derniers jours pour convaincre... Suzuki de poursuivre son chemin. Flou, tout cela? Pire, on est en plein brouillard. Sauf pour les deux officiels Honda, Dani Pedrosa et Casey Stoner, nets dominateurs dès ces premiers essais.