Rossi: «Je veux retrouver le plaisir»
Motocyclisme
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Pour la première fois depuis l’annonce de son retour chez Yamaha, Valentino Rossi parle. Il évoque les sacrifices financiers qu’il a dû consentir.
Interview: Jean-Claude Schertenleib/Indianapolis. Mis à jour à 09h10
Image: Keystone
Parta
Valentino, ce retour chez Yamaha, c’est un peu le baroud d’honneur avant la retraite?
Non. A ce moment de ma carrière, je veux retrouver le plaisir. Etre de nouveau heureux quand j’arrive sur un circuit.
Parce que vous ne l’étiez plus?
J’étais triste. Triste pour moi, pour Ducati, pour tous ceux qui ont travaillé à ce projet commun: un pilote italien qui gagne avec une moto italienne. Mais nous avons échoué.
L’échec analysé, puis accepté, vous vous lancez pourtant dans un sacré défi. Car, chez Yamaha, vous allez retrouver un Jorge Lorenzo au meilleur de sa forme?
Je le sais. Mais je sais aussi que pour ces deux prochaines années, c’était le choix le meilleur pour moi.
Vous ne craignez pas un nouvel échec?
Beaucoup de gens disent que l’être humain devient plus fort quand il traverse des moments difficiles. J’espère que ce sera le cas pour moi. Car j’en aurai besoin.
Il y a donc un doute?
Attendez: lors de notre précédente cohabitation, avec Lorenzo, nous étions déjà très proches en performances. Et Jorge a beaucoup progressé ces deux dernières saisons. Quand je vois ce qu’il fait avec la M1, quand je vois qu’il ne commet quasi jamais une erreur, je sais bien que ce ne sera pas facile.
Valentino, en disant cela, vous vous enlevez déjà de la pression, on se trompe?
Oui, vous vous trompez. C’est vraiment ce que je pense: après mes deux saisons avec Ducati, je ne suis plus considéré comme un top pilote. Parce que, dans ce métier, ce sont les résultats qui comptent. Et les résultats n’ont pas été là.
Vous parlez du plaisir, d’être de nouveau heureux. Et l’argent?
Ce n’est plus la priorité à ce stade de ma vie.
Vous allez donc gagner moins. Beaucoup moins?
Vous voulez le chiffre exact?
Bien sûr…
Désolé, c’est un calcul qui durerait trop longtemps.
Il y a deux ans, la cohabitation avec Lorenzo n’était pas facile. Comment allez-vous faire cette fois?
Je vous le répète, les choses ont changé. Quand Jorge est arrivé chez Yamaha, les choses étaient claires en ma faveur. Désormais, elles le sont aussi: le numéro 1, c’est lui. On se respecte, je suis persuadé que l’on peut former un grand team.
Donc, plus de séparation entre vous dans le stand?
Non, il n’y aura pas de mur. Si Jorge accepte, nous serons même très proches.
Vous dites que Yamaha, c’est le meilleur choix pour ces deux prochaines années. Vos deux dernières saisons de course?
Je n’espère pas. Mais une fois encore, ce sont les résultats qui décideront.
Donc, les dix titres mondiaux – Rossi en est à neuf – c’est encore quelque chose qui vous titille?
C’est un rêve, bien sûr. Plus qu’un rêve, un but