Hippisme
Raisons d’un flop
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Plus que la malchance, c’est l’addition de beaucoup de détails qui explique la contre-performance des Suisses en saut d’obstacles.
Alban Poudret - le 06 octobre 2010, 22h18
Le Matin
Avec la Hollande, tenante du titre mondial, encore victorieuse de la finale des Nations cet été et 15e ici, avec l’Irlande, gagnante à Aix-la-Chapelle et 12e ici, la Suisse, 13e, est une des grandes battues en saut d’obstacles. La saison 2010 des Helvètes a certes été en dents de scie, avec une relégation de la Super-Ligue dans le second groupe, mais quand on est champion d’Europe, il y a forcément des attentes. Et un potentiel.
Il suffisait d’ailleurs de voir la mine déconfite de Rolf Grass, qui boucle ses huit années à la tête de l’équipe dans la morosité, celle aussi de ses poulains, pour comprendre que l’échec était cuisant. «On y a cru jusqu’au parcours de Pius (Schwizer) et on échoue de peu dans la course à la finale du Top 10, mais il ne faut pas se voiler la face, pour ce qui est du podium et de la qualification olympique (Top 5), on était loin du compte».
Le CIO a réduit le nombre de nations de façon assez drastique avant les JO de 2008, pour limiter les coûts d’hébergement (les infrastructures hippiques, ça coûte!) alors que, dans le même temps, de nouvelles équipes et de nouveaux continents émergent. Le niveau s’est incroyablement élevé et l’universalisation est en marche, plusieurs nations ayant investi des dizaines de millions en chevaux, en entraîneurs, etc.
Les JO passent par Madrid
Aux Mondiaux 2002 de Jerez, la 12e place de la Suisse s’apparentait à une débâcle, aujourd’hui, une 13e place est une simple défaite, car les 15 équipes derrière elle n’ont plus grand-chose d’exotique. La Suisse a perdu, pour mille raisons, son maigre réservoir enchevaux, la méforme de «Trésor», les pépins de «Peu à Peu» (nerf coincé) et de «Cantus» (début d’abcès au pied) juste avant la compétition. La malchance aussi: «J’ai eu trois mini-hésitations depuis lundi et ça a fait trois fautes, là où d’autres ont eu dix fois du bol», estime Pius Schwizer, encore en lice individuellement. C’est le sport!
Il s’agit donc de repartir sur le bon pied et vite, car la qualification pour les JO de Londres ne passe plus que par une seule porte: de bons championnats d’Europe en septembre prochain à Madrid. Il y aura trois places à prendre, c’est peu! Cela rappelle les Européens 2003 de Donaueschingen, les débuts de Rolf Grass, et de Steve Guerdat aussi. C’était hier et il y a une éternité à la fois.
Il s’agira sans doute aussi de s’adjoindre les services d’un entraîneur aux côtés du nouveau chef d’équipe, Urs Grünig. Ce n’est pas parce que l’essai tenté ici avec Thomas Fuchs – le Zurichois n’est pas candidat au poste – n’a pas donné de résultat, qu’il faut se passer d’un technicien. L’Allemagne, la France et les Etats-Unis en ont et nos jeunes en auront aussi besoin pour remonter en Super-Ligue.
«On aurait dû garder Markus Fuchs chez nous après sa retraite sportive. Les cavaliers sont prêts à mettre de l’argent de leur poche, si nécessaire», dit Pius Schwizer. «Il a un contrat jusqu’aux JO avec l’Italie, mais après la 18e place de la Squadra ici, il sera peut-être libre avant!» lance en riant Rolf Grass. Philippe Guerdat, 8e avec les Belges, qui remontent en Super-Ligue, a plus de réussite, il n’est donc pas sur le marché. Et son fils est dans l’équipe.