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Neuville: objectif,le Mondial
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La nouvelle Citroën DS3 R3 recevra son baptême suisse dès cet après-midi, sur les routes du Rallye du Valais.
Le jeune Belge semble promis à un grand avenir. Rencontre.
Michel Busset - le 27 octobre 2010,
Le Matin
Rallye du valais
Martigny
Quand, autour d’une table, des passionnés de rallye en viennent à se demander qui pourrait être le successeur de Sébastien Loeb, il est un nom, parmi quelques-uns, qui revient souvent sur le tapis. Celui du jeune Belge Thierry Neuville, 22 ans, qui ne cache pas son ambition d’intégrer une équipe officielle dans un délai de trois ou quatre ans.
Un pilote Belge germanophone
«En attendant, confie-t-il, j’aimerais pouvoir disputer un certain nombre de rallyes du Mondial dès l’an prochain, car c’est le seul moyen de se familiariser avec des parcours que les champions en place connaissent souvent par cœur. Ce travail de défrichage, j’ai d’ailleurs pu le commencer cette année en participant à cinq manches du Championnat du monde juniors. Comme j’ai abandonné à trois reprises, dont une fois sur sortie de route, le résultat final n’a pas comblé mes espérances. Mais j’ai malgré tout remporté une victoire, en Bulgarie, et, chapitre vitesse pure, je crois que le compte était bon.»
Cette vitesse, que l’on a en soi ou que l’on n’a pas, fut repérée précocement. Dès 2007, à l’occasion d’une vaste opération de détection de talents menée par le Royal Automobile-Club et Belgique et par Ford. «Trois aspects étaient pris en considération: le pilotage, les aptitudes physiques et la capacité à dialoguer avec les médias. En 2007, j’étais déjà rapide, mais je n’ai pas été retenu, car je ne parlais qu’une seule langue, l’allemand. Je suis en effet né dans une partie de la Belgique, aux confins de l’Allemagne et du Luxembourg, où l’on parle la langue de Goethe. J’ai donc mis les bouchées doubles pour apprendre le français et, en 2008, lors des mêmes épreuves de sélection, qui réunissaient 120 candidats, j’ai cette fois été choisi.»
Fraise ou rallye, il fallait choisir
Pour Thierry Neuville, tout va alors s’enchaîner très vite, à tel point qu’il y a douze mois son employeur lui demanda de choisir entre son métier de fraiseur et le rallye. Il n’a pas hésité longtemps… En Valais, dès cet après-midi, il va faire faire ses premiers pas helvétiques à la nouvelle Citroën DS3 R3. «La concurrence est plus relevée que l’an dernier et les conditions météo pourraient avantager les tractions intégrales. Il sera donc difficile de faire aussi bien qu’en 2009 (ndlr: 7e malgré des crevaisons). Mais, avec la DS3, il y a un beau potentiel à exploiter, surtout sur des routes qui me vont bien. Il y a peu de grip, on est en légère glisse en permanence et, ça, j’adore!»
Philippe Roux: «Ce rallye fait partie de ma vie»
Trente-trois, trente-quatre? Philippe Roux ne sait plus avec exactitude combien de fois il a pris le départ du Rallye du Valais dont il est devenu, au fil des décennies, une véritable légende. «La seule chose dont je suis certain, sourit-il, c’est que j’étais spectateur l’an dernier, par la faute d’un tendon d’Achille en mauvais état…
Il n’était donc pas question de rater le rendez-vous une deuxième fois. Ce rallye, il fait partie de ma vie. Totalement. De plus, je vais le faire avec mon fils Christophe, qui a mis un point final à sa carrière de skieur, mais qui reste un passionné de compétition.»
DEUX PASSIONS
Le ski, impossible évidemment de ne pas en parler avec celui qui se classa 4e de la descente des Jeux de 1976, à Innsbruck. Si le loisir lui était offert de réécrire l’histoire, serait-ce avec des lattes aux pieds ou avec un volant entre les mains? «J’adore la course automobile, mais je n’aurais malgré tout pas la moindre hésitation. Le ski, c’était mon métier. Le rallye, un passe-temps. Je n’y ai pas retrouvé exactement les mêmes sensations qu’en dévalant le Lauberhorn ou
la Streif. Même la descente du col de Turini, une nuit de verglas, ne distille pas l’adrénaline avec la même violence! La cage de sécurité dont sont équipées les voitures de rallye, quasi indestructible, n’est sans doute pas totalement étrangère à ce sentiment.»
Sur quatre roues, Philippe Roux ne s’en est pas moins bâti un palmarès enviable. Témoin sa collection valaisanne de trois victoires et de onze podiums –
un de plus qu’Olivier Burri en personne! A l’heure de convoquer ses souvenirs, il confie avoir un petit faible pour sa 2e place de 2002, derrière le Polonais Kulig. «Les conditions étaient très délicates et c’est toujours dans un tel contexte que le gentleman driver que je suis parvient le mieux à sortir son épingle du jeu. Quand les routes sont nettes et que ça va très vite, je suis beaucoup moins à l’aise, je le confesse honnêtement. La course de cette année pourrait donc me convenir, car il y avait hier encore une dizaine de kilomètres de glace dans l’épreuve dite des Cols, qu’on abordera vendredi matin. Je serais ravi que l’idée de fondre ne lui vienne pas…»