L'Espagne doit-elle avoir peur de Fuentes ?
"Si je dis tout ce que je sais, adieu la Coupe du monde et l'Euro." Selon le journal El Mundo, le Dr Fuentes aurait prononcé ces mots en forme de menace. Déjà mis en cause dans des scandales de dopage dans les milieux du cyclisme et de l'athlétisme, peut-il faire trembler le football ibérique?
Le cyclisme, l'athlétisme, et bientôt le football? Il y a quatre ans et demi, le grand public espagnol découvrait le Docteur Eufemiano Fuentes. Personnage au coeur de l'affaire Puerto, qui a fait tomber bon nombre de coureurs cyclistes pour dopage, dont Jan Ullrich et Ivan Basso, Fuentes, surnommé Docteur Doping de l'autre côté des Pyrénées, est revenu au coeur de l'actualité la semaine dernière, lorsqu'il a été interpellé avec 12 autres personnes dans l'opération Galgo, destinée à démanteler un réseau de trafic de produits dopants, dans le milieu de l'athlétisme, cette fois.
Alors, pourquoi le football? Parce que Fuentes aurait lâché une petite phrase dans laquelle il menacerait de faire des révélations concernant le football espagnol. Le quotidien
El Mundo a publié hier des propos attribués au médecin, que celui-ci aurait tenus à un codétenu, ce week-end, dans la prison madrilène où il est incarcéré. "
Si je dis tout ce que je sais, nous pouvons dire adieu à la Coupe du monde et à l'Euro", aurait dit Fuentes. Une petite bombe, même si personne, en Espagne, ne semble pour l'instant accorder un réel crédit aux dires du médecin.
Xavi: "Il n'y a aucun type de dopage dans notre sport"
Ce n'est pas la première fois que le Dr Fuentes laisse entendre que des footballeurs comptaient parmi ses clients. En décembre 2006, dans un entretien accordé au journal
Le Monde, il avait expliqué que ses états de service ne concernaient pas uniquement des cyclistes. "
Evidemment, j'ai eu d'autres sportifs comme clients: athlètes, joueurs de tennis, footballeurs, joueurs de handball, boxeurs...". Mais, avait-il ajouté, devant les "
menaces de mort", dont il faisait l'objet, il avait renoncé à donner des noms. Le Monde était allé plus loin, en publiant des documents portant le soupçon sur le FC Barcelone et le Real Madrid. Les deux clubs avaient attaqué le quotidien français pour diffamation et, en première instance, ils ont obtenu gain de cause devant les tribunaux.
A l'époque, le ministre des Sports espagnol, Jaime Lissavetsky, avait balayé ces propos d'un revers de main, affirmant que l'affaire Puerto se limitait au seul cyclisme et que rien ne permettait d'établir que le Dr Fuentes travaillait avec d’autres sportifs. On se souvient également que Jesus Manzano, coureur pris par la patrouille en 2004, avait dès cette époque dévoilé les pratiques de Fuentes, tout en expliquant qu'il n'avait pas croisé dans son cabinet que des cyclistes, mais aussi "
des joueurs de football de première division". Mais là encore, aucun nom n'avait été donné par Manzano, et personne n'a vraiment accordé d'intérêt à ses déclarations.
Aujourd'hui, quel impact peut avoir la petite phrase de Fuentes? Il reste d'abord à vérifier l'authenticité de ses paroles. Mais la famille du football espagnol n'a pas attendu plus longtemps pour réagir et apporter un démenti clair et net à ces allégations. "
Depuis 43 ans que je suis dans le football, a confié le sélectionneur des champions du monde, Vicente Del Bosque,
je n'ai jamais rien vu de suspect, ni vu personne tricher de cette façon." Dans le quotidien
Sport, Xavi, le milieu de terrain du Barça et de la sélection espagnole, s'est voulu serein. "
C'est triste toutes ces histoires qui touchent le sport espagnol. Mais nous pouvons affirmer qu'il n'y a aucun type de dopage dans notre sport, que nous avons remporté le mondial avec la certitude qu'il n'y a eu aucun joueur dopé, a-t-il assuré.
Nous sommes tranquilles, il n'y a aucun problème. Je rappelle que les joueurs sont contrôlés constamment." Le démenti est ferme, mais le dernier argument n'est pas forcément le plus convaincant.
Laurent VERGNE / Eurosport
Crache Fuentes, crache !