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Les meilleures skieuses et amies du monde
Image © Keystone
Adversaires sur les pistes, amies proches dans la vie, Lindsey Vonn et Maria Riesch se confient.
Gaëlle Cajeux - le 20 décembre 2010, 21h32
Le Matin
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Comment peut-on se livrer un duel aussi acharné (elles sont leaders de la Coupe du monde, à 3 points d’écart) et rester amies?
Maria. – C’est justement parce que nous avons toutes les deux du succès que notre amitié fonctionne si bien.
Lindsey. – Car chaque jour, nous faisons les mêmes choses, nous avons les mêmes obligations, beaucoup de rendez-vous avec les médias, de shootings photo, etc.
Maria. – La même vie.
Lindsey. – Donc on se comprend.
Il n’y a pas de rivalité?
Maria. – Sur la piste bien sûr. C’est juste normal, tout le monde veut gagner, c’est notre passion.
Lindsey. – C’est une mentalité. Quand on est dans le portillon de départ, on veut gagner. Mais dans l’aire d’arrivée, si Maria gagne, je suis heureuse.
Vraiment?
Lindsey. – Oui, sincèrement. On veut que l’autre fasse bien. Et si quelqu’un doit me battre, je préfère que ce soit ma meilleure amie.
A quand remonte votre amitié?
Maria. – On s’est rencontrées sur les courses juniors, voilà dix ans. Nous avons toute les deux commencé très jeunes et, depuis, on a tout fait ensemble.
Lindsey. – Nous avons grandi ensemble, fait les mêmes expériences, connu les mêmes problèmes. Nous avons tout partagé. Maria était la No 1 allemande et moi la No 1 américaine. On se comparait, se parlait beaucoup. Mais le moment déterminant pour nous fut lorsque Maria a été invitée à Miami, avant les championnats du monde de Garmisch en 2001. Elle est venue me rendre visite, on a passé dix jours ensemble et je lui ai fait visiter le Minnesota, Chicago. Je l’ai emmenée chez mes grands-parents
Maria. – Avant, c’était seulement lié au ski. Mais dès lors, nous nous sommes vraiment rapprochées.
Quelle qualité de l’autre aimeriez-vous avoir?
Maria. – De manière générale, on a quasi le même caractère. On est ouvertes et directes.
Lindsey. – C’est pour cela que notre amitié est si forte. On peut se dire tout ce que l’on pense. Et on a le même humour, très sarcastique. Mais j’admire le professionnalisme de Maria. Elle est capable de gérer n’importe quelle situation.
Maria. – Concernant Lindsey, bien sûr elle est la plus grande skieuse de tous les temps. Mais c’est surtout une fille souriante, sympathique et très serviable.
Et sur le plan sportif?
Maria. – Au niveau du ski, j’aimerais avoir la capacité de Lindsey à repousser les limites, de prendre tous les risques.
Lindsey. – Moi, je rêverais d’avoir l’habileté de Maria en slalom.
Maria. – Euh, pas toujours…
Lindsey. – Elle est toujours en total contrôle. Moi, je peux faire cinq bons virages, mais jamais toute la course. Pour Maria, le slalom semble si facile. Et c’est tellement dur pour moi.
Echangez-vous des conseils?
Lindsey. – Avant, on faisait souvent la reconnaissance des pistes, des choses comme ça, ensemble. Mais nous avons skié sur ces pistes si souvent que, maintenant, on les connaît presque par cœur.
Maria. – Lors des premières saisons, on en discutait beaucoup ensemble, parce que chacune peut aider un peu l’autre. Mais désormais, il y a une certaine routine.
Lindsey. – Nous sommes des vétérans.
C’est ce que vous ressentez?
Lindsey. – Oui. Maria et moi sommes sur la Coupe du monde depuis l’âge de 16 ans. On a couru sur toutes les pistes au moins deux ou trois fois. Voire dix pour Lake Louise. Donc on connaît les pistes.
Maria. – Il nous suffit de regarder en bas et d’y aller ( elle rit ).
Comment envisagez-vous l’après-ski?
Maria. – Lindsey est mariée depuis trois ans et je vais, moi aussi, me marier au printemps. Donc je pense que nos plans d’après-carrière sont de fonder une famille. Et quoi d’autre? En tant qu’athlète, tu as un objectif, tu sais pourquoi tu travailles. Alors on en cherchera un autre.
Lindsey. – Je suis sûre qu’on trouvera quelque chose à faire ( elles rient ).
Maria. – Je peux imaginer travailler pour la télé.
Lindsey. – Oui, quelque chose comme ça. Ou collaborer avec une marque de vêtements de sport. Plein de voies différentes s’ouvriront sans doute devant nous. Mais nous avons encore le temps d’y réfléchir.
Maria. – On pourra plus s’investir dans les œuvres caritatives que l’on soutient.
Lindsey. – Oui, c’est important. En tant qu’athlète, nous avons l’opportunité d’aider les gens.
Maria. – Nous sommes conscientes d’être privilégiées...
Lindsey. – ... que beaucoup de gens n’ont pas la chance que nous avons.
Pensez-vous que votre amitié perdurera après le ski?
Maria. – J’espère.
Lindsey. – Je continuerai à passer beaucoup de temps en Europe et on restera amies. Même si on ne sera plus aussi souvent ensemble, je ne nous vois pas vieillir séparément, car notre amitié est sincère. Sinon elle ne durerait pas depuis si longtemps.
Votre relation n’a-t-elle jamais connu de bas?
Maria. – La seule fois où ça a été difficile, c’était durant les JO. Parce que les médias ont tellement fait monter la sauce autour du duel Vonn - Riesch. Ce n’était pas facile, car les journalistes ne nous parlaient que de ça. Nous avons dû prendre un peu de distance, mais il n’y a jamais eu de dispute entre nous.
Lindsey. – La pression était tellement forte, on a juste eu besoin de s’isoler pour se concentrer. Nous ressentons la pression chaque minute. Elle vient des médias, de nos fédérations, de tous les côtés. Alors c’est bon d’avoir quelqu’un avec qui partager cela.
Et vous serez ensemble pour Noël?
Lindsey. – Oui!
Maria. – Lindsey vient passer les Fêtes dans ma famille à Garmisch depuis six ans. On se réjouit d’avoir quelques jours de calme.
Vos cadeaux sont prêts?
Lindsey. – Je n’ai pas encore acheté le tien...
Maria. – T’inquiète pas, moi non plus.
Lindsey. – On n’a pas beaucoup de temps, alors habituellement on fait nos achats juste un jour avant Noël.
Maria. – Lindsey vient à Garmisch et on part chacune dans un coin de la ville pour trouver nos cadeaux.é