Récompense
Le génial Messi plus fort que l’Espagne
L’Argentin remporte contre toute attente son deuxième Ballon d’or au détriment de ses camarades d’équipe Xavi Hernandez et Iniesta. Une récompense individuelle qui couronne la suprématie du FC Barcelone
Mathieu Aeschmann - le 10 janvier 2011, 23h35
LeMatin.ch
0 commentaires
Rien ne résiste à Lionel Messi. Ses feintes de corps enchantent, sa conduite de balle émeut. Du coup, la planète football lui pardonne tout. Même une Coupe du monde ratée, faillite historiquement rédhibitoire lorsqu’il s’agit de recevoir la plus belle des distinctions. Hier soir à Zurich, l’Afrique du Sud a semblé bien loin. Au point de voir les champions du monde espagnols Xavi et Iniesta céder la vedette à leur génial coéquipier du Barça. Ce lutin espiègle qui aime réinventer le football et remporte, à seulement 23 ans, son deuxième Ballon d’or.
Mais en couronnant Lionel Messi devant ses deux inséparables compères Xavi et Iniesta, la planète football a consacré hier un peu plus qu’un joueur d’exception. Elle s’est également inclinée avec une rare déférence devant un club, une école de pensée, une philosophie. Des vieilles pierres de la Masia au billard de son Camp Nou, le FC Barcelone déclame un amour infini du ballon. Il a su construire son palmarès sans jamais négliger ce bien précieux, cet ami intime qu’il ne faut surtout pas perdre. De cette esthétique du jeu ont surgi des dogmes, passe, mouvement, intelligence, portés par des techniciens idéalistes et méticuleux. Architecte en chef, Pep Guardiola n’est que l’héritier surdoué des maîtres Charly Rexach et Johan Cruyff. Quant à Lionel Messi, cet incroyable lutin virtuose, il réinvente sans cesse les prouesses des José Mari Bakero, de Michael Laudrup et de Romario. «Dans le football, certains passent par le plus facile: pas de combinaison, ballon aérien et on verra. Non, non, non, s’emportait récemment Xavi dans les colonnes de L’Equipe Nous, nous cherchons la supériorité depuis derrière, avec du sens, des combinaisons. Tout le temps. Pour moi, en plus du fait que le Barça soit une religion, c’est une forme de vie.»
La déclaration d’amour sonne comme l’expression d’une reconnaissance éternelle. Car Xavi le chef d’orchestre et Iniesta le perce-muraille savent trop ce qu’ils doivent à la maison blaugrana. Une famille, un esprit, un projet. Tout ce qui permit à Lionel Messi – débarqué en Catalogne à l’âge de 13 ans – de magnifier des qualités intrinsèques ahurissantes. «Les vidéos de Messi à 10 ans me font penser que n’importe quelle formation aurait pu l’accompagner vers les sommets», remarquait hier un Arsène Wenger admiratif et caustique. Peut-être. Mais du haut de ses 169 centimètres, le nouveau maître du monde a trouvé à la Masia une terre de résistance et de romantisme où l’impact physique ne jouira jamais du même crédit qu’une technique raffinée. «Messi, Xavi ou Iniesta n’ont rien d’impressionnant sur le plan physique, détaillait samedi Johan Cruyff dans le Temps, mais c’est à l’instant où ils vont recevoir le ballon qu’ils font la différence. En une touche, ils sont capables d’échapper à l’affrontement. C’est la preuve que le football fait appel à d’autres qualités que la puissance et la force.» La vivacité, le toucher de balle, l’intelligence. Autant de qualités que Lionel Messi a magnifiées jusqu’au sublime. Ce matin, il entame sa deuxième année de règne. Ce pourrait bien n’être qu’un début.
Commentaire de Mathieu Aeschmann
Xavi Hernandez sacrifié sur l’autel du talent pur
La surprise est immense. Comme le talent de Lionel Messi qui pour ses qualités de soliste improbable mériterait le trophée «à vie».
Elle laisse toutefois un goût amer. Car le conclave d’experts – sélectionneurs, joueurs, journalistes – chargé de départager ces trois inséparables virtuoses a manqué hier une occasion en or de célébrer l’essence du football. Xavi Hernandez méritait ce trophée. Car le chef d’orchestre du Barça et de la Roja incarne l’origine du jeu. Il se situe au commencement de tous les possibles. Xavi est générosité, altruisme, humilité.
Il est la passe dans le bon tempo, le démarquage subtil entre les lignes. Preuve que «la maquina» ne sort pas seulement d’une saison exceptionnelle, mais vit, à presque 31 ans, l’automne d’une carrière qui l’a sans cesse rapproché d’un football total. Hier à Zurich, le goût de la simplicité s’est pourtant incliné face au pouvoir de séduction du talent pur. Rien de scandaleux. Juste l’expression d’un vote subjectif qui avait déjà oublié Wesley Sneijder au moment de nommer son podium.
Palmarès
Soirée FIFA
Ballon d’Or
Ballon d’or: Lionel Messi (Arg/Barcelone)
Meilleur entraîneur de l’année: José Mourinho (Por/Real Madrid-Inter Milan)
Equipe type de l’année: Casillas (Esp/Real Madrid); Maicon (Br/Inter Milan), Lucio (Br/Inter Milan), Piqué (Esp/Barcelone), Puyol (Esp/Barcelone); Xavi (Esp/Barcelone), Sneijder (PB/Inter Milan), Iniesta (Esp/Barcelone); Messi (Arg/Barcelone), Villa (Esp/Barcelone), Ronaldo (Por/Real Madrid).
Prix Ferenc Puskas (plus beau but): Hamit Altintop (Tur)
Meilleure joueuse de l’année: Marta (Br)
Meilleure entraîneur féminin de l’année: Silvia Neid (All), sélectionneur de l’Allemagne
Prix du président de la FIFA: Desmond Tutu
Prix du fair-play: équipe de Haïti dames des moins de 17 ans
Récompense
Le génial Messi plus fort que l’Espagne
Image © Keystone
Lionel Messi, le talent à l’état pur, au service du FC Barcelone
L’Argentin remporte contre toute attente son deuxième Ballon d’or au détriment de ses camarades d’équipe Xavi Hernandez et Iniesta. Une récompense individuelle qui couronne la suprématie du FC Barcelone
Mathieu Aeschmann - le 10 janvier 2011, 23h35
LeMatin.ch
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Rien ne résiste à Lionel Messi. Ses feintes de corps enchantent, sa conduite de balle émeut. Du coup, la planète football lui pardonne tout. Même une Coupe du monde ratée, faillite historiquement rédhibitoire lorsqu’il s’agit de recevoir la plus belle des distinctions. Hier soir à Zurich, l’Afrique du Sud a semblé bien loin. Au point de voir les champions du monde espagnols Xavi et Iniesta céder la vedette à leur génial coéquipier du Barça. Ce lutin espiègle qui aime réinventer le football et remporte, à seulement 23 ans, son deuxième Ballon d’or.
Mais en couronnant Lionel Messi devant ses deux inséparables compères Xavi et Iniesta, la planète football a consacré hier un peu plus qu’un joueur d’exception. Elle s’est également inclinée avec une rare déférence devant un club, une école de pensée, une philosophie. Des vieilles pierres de la Masia au billard de son Camp Nou, le FC Barcelone déclame un amour infini du ballon. Il a su construire son palmarès sans jamais négliger ce bien précieux, cet ami intime qu’il ne faut surtout pas perdre. De cette esthétique du jeu ont surgi des dogmes, passe, mouvement, intelligence, portés par des techniciens idéalistes et méticuleux. Architecte en chef, Pep Guardiola n’est que l’héritier surdoué des maîtres Charly Rexach et Johan Cruyff. Quant à Lionel Messi, cet incroyable lutin virtuose, il réinvente sans cesse les prouesses des José Mari Bakero, de Michael Laudrup et de Romario. «Dans le football, certains passent par le plus facile: pas de combinaison, ballon aérien et on verra. Non, non, non, s’emportait récemment Xavi dans les colonnes de L’Equipe Nous, nous cherchons la supériorité depuis derrière, avec du sens, des combinaisons. Tout le temps. Pour moi, en plus du fait que le Barça soit une religion, c’est une forme de vie.»
La déclaration d’amour sonne comme l’expression d’une reconnaissance éternelle. Car Xavi le chef d’orchestre et Iniesta le perce-muraille savent trop ce qu’ils doivent à la maison blaugrana. Une famille, un esprit, un projet. Tout ce qui permit à Lionel Messi – débarqué en Catalogne à l’âge de 13 ans – de magnifier des qualités intrinsèques ahurissantes. «Les vidéos de Messi à 10 ans me font penser que n’importe quelle formation aurait pu l’accompagner vers les sommets», remarquait hier un Arsène Wenger admiratif et caustique. Peut-être. Mais du haut de ses 169 centimètres, le nouveau maître du monde a trouvé à la Masia une terre de résistance et de romantisme où l’impact physique ne jouira jamais du même crédit qu’une technique raffinée. «Messi, Xavi ou Iniesta n’ont rien d’impressionnant sur le plan physique, détaillait samedi Johan Cruyff dans le Temps, mais c’est à l’instant où ils vont recevoir le ballon qu’ils font la différence. En une touche, ils sont capables d’échapper à l’affrontement. C’est la preuve que le football fait appel à d’autres qualités que la puissance et la force.» La vivacité, le toucher de balle, l’intelligence. Autant de qualités que Lionel Messi a magnifiées jusqu’au sublime. Ce matin, il entame sa deuxième année de règne. Ce pourrait bien n’être qu’un début.
Commentaire de Mathieu Aeschmann
Xavi Hernandez sacrifié sur l’autel du talent pur
La surprise est immense. Comme le talent de Lionel Messi qui pour ses qualités de soliste improbable mériterait le trophée «à vie».
Elle laisse toutefois un goût amer. Car le conclave d’experts – sélectionneurs, joueurs, journalistes – chargé de départager ces trois inséparables virtuoses a manqué hier une occasion en or de célébrer l’essence du football. Xavi Hernandez méritait ce trophée. Car le chef d’orchestre du Barça et de la Roja incarne l’origine du jeu. Il se situe au commencement de tous les possibles. Xavi est générosité, altruisme, humilité.
Il est la passe dans le bon tempo, le démarquage subtil entre les lignes. Preuve que «la maquina» ne sort pas seulement d’une saison exceptionnelle, mais vit, à presque 31 ans, l’automne d’une carrière qui l’a sans cesse rapproché d’un football total. Hier à Zurich, le goût de la simplicité s’est pourtant incliné face au pouvoir de séduction du talent pur. Rien de scandaleux. Juste l’expression d’un vote subjectif qui avait déjà oublié Wesley Sneijder au moment de nommer son podium.
Palmarès
Soirée FIFA
Ballon d’Or
Ballon d’or: Lionel Messi (Arg/Barcelone)
Meilleur entraîneur de l’année: José Mourinho (Por/Real Madrid-Inter Milan)
Equipe type de l’année: Casillas (Esp/Real Madrid); Maicon (Br/Inter Milan), Lucio (Br/Inter Milan), Piqué (Esp/Barcelone), Puyol (Esp/Barcelone); Xavi (Esp/Barcelone), Sneijder (PB/Inter Milan), Iniesta (Esp/Barcelone); Messi (Arg/Barcelone), Villa (Esp/Barcelone), Ronaldo (Por/Real Madrid).
Prix Ferenc Puskas (plus beau but): Hamit Altintop (Tur)
Meilleure joueuse de l’année: Marta (Br)
Meilleure entraîneur féminin de l’année: Silvia Neid (All), sélectionneur de l’Allemagne
Prix du président de la FIFA: Desmond Tutu
Prix du fair-play: équipe de Haïti dames des moins de 17 ans