Qui pour contrer Kawasaki ?
Nouvelles saison qui démarre ce week-end sur le circuit de Phillip Island et la principale question qu’on se pose est de savoir si un pilote ou une moto est capable de battre les Kawasaki dominateurs depuis trois ans avec Jonathan Rea et dans une moindre mesure Tom Sykes. Ducati est depuis deux ans la seule équipe capable de se battre et viser des victoires à quelques reprises, mais il manque toujours quelques dixièmes au tour pour être devant Rea.
On devrait encore assister à une domination de Kawasaki cette saison suite à ce qu’on a pu voir lors des essais de pré-saison. Jonathan Rea est toujours aussi costaud, et on ne voit pas personne sur la durée d’une saison capable de le battre et surtout de concurrencer la bête verte.
Comme chaque année, nous avons des modifications de règlements. Alors cette année, ce sera moins visible que 2017 où nous avons vu la superbe idée (humour) de déplacer la course 1 au samedi midi ce qui a eu pour conséquence de voir des courses devant un public encore plus clairsemé qu’à l’accoutumé.
Le Superbike se meurt depuis quelques années et DORNA qui a récupéré la gestion du Championnat il y a quelques saisons va essayer de renouveler les courses comme ils l’ont fait avec les MotoGP en 2012 avec l’introduction des CRT. Cette année, afin de limiter la différence entre les équipes, un système de points de concession moteur est mis en place. A certains moments de la saison (tout n’est pas très clair pour le moment), les équipes ayant cumulé le moins de points (donc les équipes avec les moins bons résultats) auront le droit d’introduire des mises à jour dans leur moteur. Les équipes privées auront aussi accès à des pièces moteur dont le coût sera plafonné dans le but de les aider à atteindre le même niveau de performance des teams soutenus par les usines.
Pour les suspensions, voici ce que dit le site officiel du championnat :
« Un plafonnement des prix et un processus de validation ont été appliqués à plusieurs pièces clés du châssis, du moteur et des suspensions. Elles sont appelées pièces approuvées.
Procédant de la même façon que le règlement existant (et très bien accueilli) concernant les suspensions et les freins, cela permet d’assurer l’accès et la disponibilité à toutes les pièces pour toutes les équipes avec un encadrement des coûts. »
Au niveau des changements de pilotes, plusieurs nouveautés pour cette nouvelle année, ce qui va nous intéresser pour ce début de saison.
Tout d’abord, alors que nous n’avions plus de représentant français l’an passé dans la catégorie, 2018 voit le retour de Loris Baz après trois saisons en MotoGP. Après avoir débuté dans la catégorie sur une Kawasaki, il découvrira cette année l’équipe BMW Althea. On ne va pas se le cacher, même s’il dit viser les podiums, cela sera tout de même difficile. Sa moto n’est pas la meilleure du plateau, et même si l’équipe a remporté le titre en 2012 avec Carlos Checa (à l’époque sur Ducati), ce n’est tout de même pas comme une équipe officielle. De plus, même si cela peut être un avantage, Loris sera le seul pilote de la marque et de l’équipe.
Les italiens de MV Agusta accueillent l’ancien pilote BMW Jordi Torres. L’espagnol assez décevant l’an passé voudra se relancer. La F4 est une moto qui peut sur certaines manches de la saison jouer le top 5, mais malheureusement trop souvent Leon Camier avait des problèmes techniques. Que ce soit en Superbike ou en Supersport, les dernières années de MV Agusta se suivent et se ressemblent. On peut se demander l’intérêt de Torres de quitter une équipe qui jouait le top 10 à chaque course pour une équipe inférieure, sauf si on sait que Torres devient pilote d’usine.
Leon Camier a donc quitté MV pour se retrouver dans l’équipe Red Bull Honda. Là aussi, on ne sait pas quoi attendre de la part de l’équipe japonaise. Plus les années passent, plus les résultats sont catastrophiques pour Honda. Alors qu’il y a 4 ou 5 ans, Jonathan Rea arrivait à s’imposer à quelques reprises dans la saison, que Sylvain Guintoli avait réussi quelques tops 5 lors de son année sur la CBR, que Michael Van Den Mark était un pilote en progression, les deux dernières années ont été difficiles. En plus des difficultés sportives, 2017 aura aussi vu l’accident mortel de Nicky Hayden. L’allemand Stefan Bradl a quitté l’équipe, lui qui n’aura jamais réussi à s’adapter à la moto et au championnat. Camier tentera de repartir de l’avant et sera accompagné de l’américain Jake Gagne qui a lors de quelques remplacements la saison dernière dans cette équipe découvert le championnat SBK sans trop de réussite.
Du côté des changements de moto, l’argentin Leandro Mercado quitte Aprilia pour découvrir une Kawasaki dans la nouvelle équipe Oreclac Racing VerdNatura. Mercado a souvent été un pilote sous-estimé mais qui réussissait de bons résultats malgré une moto souvent inférieure à celles de ses adversaires. On a vu l’an passé que les Kawasaki privées pouvaient faire de bonnes performances, notamment avec Sylvain Guintoli sur la fin de saison, ou même avec Roman Ramos tout au long de l’année.
Trois rookies seront présents cette année en World Superbike. Des noms que l’on connait déjà et que l’on attend de voir aux alentours de la 10ème place. Tout d’abord le turc Toprak Razgatlioglu qui sera sur une Kawasaki du Team Puccetti. L’ancien pilote Superstock pourrait bien être la bonne surprise de l’année, lui qui brille depuis plusieurs années dans l’ombre de son compatriote Kenan Sofuoglu.
PJ Jacobsen quitte le Supersport et l’équipe MV Agusta (après une saison assez difficile l’an passé notamment à cause de problèmes mécaniques) pour découvrir une Honda CBR 1000RR dans l’équipe Triple M. On ne sait pas quels seront les résultats de Jacobsen, mais il ne faudra pas attendre d’exploit avec une Honda.
Yonny Hernandez quitte le monde des GP pour découvrir le Superbike. Le pilote colombien qui a un temps convoité la Yamaha Tech3 laissée vacante par Jonas Folger sera aligné par l’équipe Pedercini sur une Kawasaki. Hernandez a eu une année 2017 assez catastrophique, lui qui a été remercié par son équipe AGR en Moto2 après une moitié d’année en dehors des points. Il devra s’adapter à cette moto, bien différentes de ce qu’il a connu en Moto2 (600cc) ou en MotoGP (moto prototype vs moto de série améliorée). Les pneus, les freins, beaucoup de changements pour Hernandez.
Sinon, pas d’autres changements. Johnny Rea et Tom Sykes seront toujours chez Kawasaki. Marco Melandri après une saison correcte pour un retour à haut niveau sera encore accompagné de Chaz Davies dans le team officiel Ducati. Les deux pilotes de Borgo Panigale seront les adversaires principaux des Kawasaki, les seuls qui semblent avoir la moto pour concurrencer la ZX-10RR officielle.
Chez Yamaha, Alex Lowes et Mickey Van Den Mark continueront l’aventure de la marque aux trois diapasons. Après une saison 2017 mitigée, les deux pilotes voudront s’immiscer plus souvent sur les podiums.
Eugene Laverty et Lorenzo Savadori sont toujours coéquipiers chez Aprilia alors que Xavi Fores continue avec l’équipe Barni sur une Ducati. Des pilotes qui viseront le top 10 à chaque GP en espérant mieux lorsque les circonstances seront favorables.